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La transition au socialisme et le passage par le « capitalisme d’Etat »

jeudi 16 septembre 2010, par Amitié entre les peuples

La transition au socialisme et le passage par le « capitalisme d’Etat »

Du fait de l’expérience du socialisme bureaucratique bénéficiaire à un parti et même une caste bureaucratique et du fait de l’analyse de l’Etat néolibéral contemporain (cf Dardot & Laval) la tendance est à privilégier un communisme des « communs », un « socialisme de société civile » voire l’autogestion . Il est alors bon en ce cas d’appuyer le propos par une référence à Castoriadis (pourtant défenseur de la formule « Socialisme ou barbarie ») pour faire pièce au socialisme par en-haut avec son analyse de l’URSS « comme capitalisme d’Etat ». La formule « capitalisme d’ Etat » évacue toute l’importance de la révolution de 1917 sans pour autant mettre l’accent sur la contrerévolution stalinienne qui a suivi.

Quid de l’Etat alors ? Il disparait ! Les néolibéraux font disparaitre l’Etat social au profit d’un Etat policier et sécuritariste. Que faire de l’Etat ? Quid des services publics et de la société non marchande ? Une fois le mouvement d’activation de la société civile bien avancé ne peut-on se servir de l’Etat comme levier pour une transition vers le socialisme. Yves Salesse et d’autres ont élaboré ce parcours. Est-il la voie vers le « capitalisme d’ Etat » ?

 Par en-haut et par en-bas.

Le passage de capitalisme privé à « capitalisme d’Etat » (expression souvent abusive) est réel et nécessaire mais il doit être bref et permettre le passage de l’appropriation publique à l’appropriation sociale . Tel est le trajet pour un projet « gauche de gauche ». Il n’y a pas là qu’un mouvement par en-haut. Pas que du léninisme en somme ! Ce processus participe aussi d’un mouvement large qui agit dans la société civile dans le sens de l’autogestion des petites entreprises ou de leur passage en statut coopératif. Ce qui importe c’est que le mouvement d’émancipation dans la société civile (entreprises, quartiers et villes) puisse aller conforter un mouvement de transformation sociale (et même socialiste) de l’Etat.

 Que reste-il alors du « capitalisme d’Etat » ?

Cet Etat toujours là doit pouvoir devenir un instrument de production de valeur d’usage via les services publics. Ce qui suppose plus de propriété publique (nationalisations) et moins de propriété privée ( 1) mais aussi un appareil démocratisé par la démocratie socialiste. En ce sens on peut alors parler d’un passage de l’appropriation publique à l’appropriation sociale et à un usage socialiste si le noyau dur du capital est circonscrit et n’imprime pas sa logique inégalitaire.

Evoquer le capitalisme d’ Etat se conçoit, bien qu’il y ait matière à débat, quand il y changement qu’au sommet (collectivisation bureaucratique) et pas dans la société civile. La société civile peut être soumise au contrôle totalitaire d’un parti mais c’est autre chose.

Si avec Gramsci le combat se mène dans la société civile sur deux fronts dans l’entreprise et hors de l’entreprise au niveau des quartiers et des villes il y a des chances de pouvoir parler de socialisme et non de capitalisme d’ Etat. Le capitalisme d’Etat est une collectivisation des grandes entreprises au profit d’une couche dominante, une autre oligarchie. Ce n’est pas le socialisme. Mais méfions nous des concepts qui masquent les tendances.

 L’importance des dynamiques en cours.

Il est en effet plus important de repérer le sens des dynamiques que de se battre sur un concept même si il y a des contenus différents. Vers quoi tend une société donnée ? Est-elle en train de diminuer les inégalités et de favoriser la démocratisation ou est-elle en train de former une couche social parasitaire de plus en plus importante ? Il a nécessairement une bureaucratie si l’Etat est là et sert de machine au service du peuple-classe qui par de nombreux conseils de délégués contrôlent l’activité bureaucratique.

Il est important que les traitements des fonctionnaires soient suffisant pour vivre (comme les autres) mais de sortent pas d’une grille « républicaine ». Le mérite de l’institution d’une carrière de 1 à 4 permet d’éviter la formation d’une Noblesse d’ Etat en proximité avec la bourgeoisie déclinante.

Christian DELARUE

16 SEPTEMBRE 2010

Moins de propriété privée, plus de propriété publique et commune. C Delarue

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article928