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L’entourloupe du « capitalisme populaire » de Marine Le Pen C Delarue

dimanche 26 février 2012, par Amitié entre les peuples

Capitalisme populaire ! dixit Marine Le Pen

I - Ce qu’elle en dit

cf « Le Pen dévoile son « capitalisme populaire » » sur Europe1.fr - Politique mai 2011

 Une participation obligatoire dans le capital

Parmi les nouveautés, la présidente du Front national a annoncé « l’instauration d’une réserve légale de titres », un « moyen de reconnaître » aux salariés « une part de propriété dans l’entreprise ».

Cette réserve, pouvant atteindre 10% du capital, « appartiendrait aux salariés pris dans leur globalité » et leur donnerait accès aux « dividendes », mais pas au « vote ». Ce dispositif, que Marine Le Pen a défini comme un « mécanisme de capitalisme populaire », s’appliquerait aux entreprises de plus de 50 salariés... sur un modèle assez proche de celui proposé par l’UMP.

 Pas de mesures nouvelles sur les salaires.

Pour compléter cet encadrement des revenus dans les entreprises de plus de 50 salariés, le présidente frontiste a promis d’interdire « les stock-options, les retraites chapeau et les parachutes dorés ». Un plafonnement des salaires n’est pas à l’ordre du jour.

Marine Le Pen n’a, en revanche, pas évoqué les salaires qui concerne la majorité des Français. Interrogée sur une hausse du salaire minimum interprofessionnel de croissance, absente des mesures présentées, elle a renvoyé dans l’immédiat au programme du FN en 2007, qui prônait un mécanisme de hausse « jusqu’à 1,4 fois » du salaire minimum, soit « 200 euros nets » selon elle.

II - Un capitalisme de PME est-il possible ?

Rattacher le capitalisme au peuple-classe par-dessus la finance et les firmes multinationales voilà un joli coup politique faussement lancé vers les ouvriers et employés - souvent nommés « couches populaires » - mais en fait surtout adressé aux petits patrons, aux commerçants et aux cadres. Mais deux questions au moins se posent . D’une part, peut-on imaginer sérieusement un retour au « capitalisme de petits patrons » comme au début XIX ème siècle avant l’industrialisation ? D’autre part, peut-on alors le concevoir comme un progrès social ?

Ces deux questions semblent appeler une réponse négative . Pour éradiquer toutes les transformations du système monétaire et financier qui ont modifié le capitalisme depuis le début du XX ème siècle jusqu’à nos jours, et notamment le passage de la finance auxiliaire des entreprises à la finance comme pouvoir contre les entreprises et les travailleurs, il faut assurément autre chose que le programme du FN et probablement autre chose qu’une prise de pouvoir par les urnes même si cette dernière est utile et nécessaire.

Or le FN est d’une part très centré sur la sortie de l’euro mais se tait sur la constitution d’un pôle public bancaire et financier pour réorienter les flux vers la petite production marchande et non marchande. Il est d’autre part fâché avec la montée des luttes sociales qui viennent critiquer le pouvoir de la classe possédante et dominante. Le FN ne s’appuie que sur les travailleurs qui restent faire des heures supplémentaires auprès du patron sans jamais faire grève ni manifester. En fait il défend le petit patronat et le travaillisme (intensification du travail, refus de la RTT pour travailler tous).

III - Le possible modèle hongrois du FN.

Orban a décidé souligne V Szabo "de se réapproprier l’économie hongroise à grands coups de déclarations et de projets spectaculaires : comme ignorer le FMI, taxer les banques et les produits financiers, taxer les multinationales qui s’enrichissent depuis le changement de régime en Hongrie, nationaliser les fonds de pension privés mis en place par les socialistes et plus récemment remettre en question l’indépendance de la banque centrale de Hongrie.

Cependant, ces mesures hétérodoxes et choquantes pour les technocrates de Bruxelles et Washington, n’ont malheureusement pas pour but de protéger les plus démunis mais plutôt de servir davantage les classes les plus hautes hongroises ainsi que les intérêts privés d’une petite oligarchie"

IV - Le FN : l’économie et le social | Mediapart

En complément, voici ce qu’en dit Médiapart en fiche 5 Extrait :

 Rhétorique ultralibérale et priorité aux petits patrons

Paré de plumes sociales, franchement nationaliste, le programme du FN intègre enfin des grands classiques de la rhétorique ultralibérale qui imprègne la doctrine économique du FN depuis sa création au début des années 1970 : la défense des petites entreprises et des artisans étranglés par les charges et les procédures administratives (« Les PME/PMI d’abord ! », répète Marine Le Pen), l’apprentissage à 14 ans – une vieille marotte de la droite, que Dominique de Villepin avait en son temps tenté de relancer –, le durcissement des sanctions envers les chômeurs.

C’est aussi en fidélité à cette tradition que le FN souhaite rendre possible les dérogations aux 35 heures, tout en affirmant que ces renégociations ne peuvent déboucher que sur des hausses de salaires – une pierre dans le jardin de Nicolas Sarkozy et de ses « accords compétitivité emploi », qui ouvriraient la voie à des baisses de salaire.

 Haro contre les syndicats

Bien évidemment, les syndicats de salariés ne sont pas épargnés. Marine Le Pen les accuse régulièrement de « dealer avec le gouvernement » (exemple en vidéo ici). Le FN souhaite des organisations professionnelles qui font moins grève et manifestent moins. Par ailleurs, le « monopole de représentativité institué après la Libération sera supprimé ». En réalité, c’est déjà le cas depuis 2008, et la liste des syndicats représentatifs doit être remis à jour en 2013 sur la base des élections professionnelles des années passées.

 Suppression de l’ISF et instauration d’une TVA sociale déguisée

Enfin, sous couvert de simplifier, « d’optimiser et de rendre plus juste » le système fiscal, le FN souhaite aussi supprimer l’ISF et instaurer une « contribution sociale aux importations ». Il s’agit en réalité d’une TVA sociale comme le préconise Nicolas Sarkozy, avec une hausse de TVA de 3% sur les biens importés. Cette taxe s’accompagnerait d’une baisse des cotisations salariales qui permettra, promet le FN, « d’augmenter de 200 euros net les rémunérations des salaires jusqu’à 1,4 fois le SMIC ». Reste à savoir comment faire pour cibler les produits importés car bien des produits « made in France » contiennent en réalité des pièces ou des éléments importés.

Christian DELARUE