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Contre le travaillisme pour le bien vivre. C Delarue

mercredi 2 mai 2012, par Amitié entre les peuples

Contre le travaillisme pour le bien vivre.

13 Juillet 2010

Après une critique du travaillisme versus productivisme (1) voici une critique du travaillisme comme vecteur de mal-vie individuelle. D’un côté ou de l’autre la boucle se referme sur la mal-vie.

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« Si on accepte de ne parler que d’emploi, on est d’emblée situé dans une problématique, dans une grille de lecture qui sont celles de l’économie politique » écrit Bernard VASSEUR (2) qui ajoute « Si vous dites »emploi« , vous acceptez, que vous le vouliez ou non, qu’il y a des »employeurs« (des gens gens qui peuvent se dire »créateurs d’emplois« ...), qu’il y a des »employés"... Pour parler de la qualité du travail il faut sortir de la question de l’emploi. Car bien vivre au travail c’est bien vivre tout court.

Ce qui est développé ici se résume par « Il faut pour bien vivre se situer dans un rare entre-deux au travail, ni au chômage ni dans le travaillisme. » Ajoutons avec une production utile, avec ouverture à la culture plus qu’au divertissement.


1 - La critique du travaillisme et sa portée.

La question du travail, de son sens, de son utilité, de sa valeur se pose d’abord en critiquant (pour le réduire et le neutraliser) le travaillisme (3) qui n’est pas seulement la critique des excès d’un certain management tant dans le privé que dans le public.- harcèlement, contrat d’objectifs, management par le stress, humiliations hiérarchiques répétées, etc... mais aussi critique de son inscription capitaliste et donc - pour aller à l’essentiel - de sa durée (plus de 35 heures hebdomadaires), de son intensification, de sa faible rémunération.

La critique du travaillisme ne se limite donc pas à la critique de certains travaux et de certaines catégories de salariés. Elle est relativement globale dans la mesure ou elle est critique du travail salarié mais pas du travail en soi. Elle ne débouche pas pour autant sur une apologie du travail indépendant instrumentalisé par l’idéologie entrepreneuriale .

En fait c’est le rapport social capital-travail qui doit être transformé fortement avant de disparaître pour accéder au travail libre, au travail émancipé . Cette transformation n’est réalisable que sous le socialisme. Le capitalisme se montre incapable de généraliser RTT, bons salaires, travail à cadence modérée.

La critique du travaillisme montre qu’il ne s’agit pas d’être fainéant, de « ne rien faire » à une époque ou N Sarkozy pose le modèle de la « France qui se lève tôt » mais qu’il s’agit positivement de travailler sobrement et sans excès. Vive les 30 heures pour tous et toutes.

Ce faisant, il s’agit de travailler de prendre sa part (mais pas plus) dans la production de l’existence sociale, celle à laquelle nul n’est exempt, sauf les jeunes et les retraités (du moins comme salarié). La critique du travail salarié invention du capitalisme n’est pas prétexte à ignorer la nécessité du travail producteur de valeur d’usage pour la société. Ce qui incite à une critique de ce qui est produit.


2 - La critique d’une certaine production.

La critique du travaillisme est essentielle pour travailler mieux mais elle ne suffit pas. La critique du travaillisme et des modalités de la production doit se compléter d’une critique de ce qui est produit. Savoir que l’on produire des biens ou des services utiles à la population est essentiel à la bonne vie au travail.

Produire des biens nuisibles ou des biens qui ne sont accessibles qu’aux riches participent de l’aliénation au travail même si l’exploitation est réduite (30 heures par semaine avec un bon salaire ie qui laisse de l’épargne en fin de mois). Ainsi, participer à une fiscalité juste peut rendre heureux au travail si le travail n’est pas trop parcellisé et sous tension. Servir une fiscalité pour les riches participe de l’aliénation au travail. La critique de ce qui est produit constitue aussi un élément de la critique anti-productiviste. Mais c’est un autre débat (voir note1).


3 - Travaillisme contre cerveau disponible pour la culture.

Le travaillisme, forme de despotisme au travail, crée la société de loisir c’est à dire la distraction facile et généralisée par la consommation immédiate soit chez soi via la télévision soit à l’extérieur dans les temples de la consommation. A l’opposé le travail serein facilite l’accès à la culture qui vous place dans le temps long du construit et du collectif et non dans l’obsolescence de l’immédiat et de l’individuel. L’activité citoyenne ou politique participe de cette activité inscrite dans le temps long et collectif . Le retour néolibéral du travaillisme est donc le despotisme de la vie complète tant dans le travail que hors travail.


4 - Le mal travail produit de la mal vie (hors travail), pas l’inverse !

On ne saurait travailler « en apnée » pour mieux respirer hors travail (2). La vérité c’est que le mal travail (ou le mal au travail) produit de la mal vie hors travail. Voilà le principe qui a évidemment ses exceptions. Mais la médecine du travail aux ordres tend à inverser les causalités : vous allez mal chez vous donc vous travaillez mal. La critique syndicale remet les choses à l’endroit. C’est un travail critique constant au temps du capitalisme néolibéral que de devoir sans cesse remettre les chose à l’endroit !

Christian Delarue

1)Travaillisme appui du productivisme voir « Encore sur l’écosocialisme contre le productivisme. »

2) in Note de la Fondation Gabriel Peri : « Le despotisme des modernes »

3) Contre la doxa travailliste en Europe vive la RTT et le partage du travail. C Delarue

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1076