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Combattre la lupinisation du monde - Christian Delarue

mardi 5 juillet 2022, par Amitié entre les peuples

Combattre la lupinisation du monde

Lupus, le loup.

Il ne s’agit pas ici d’empêcher le développement physique des loups. Notre propos est ailleurs. Espace symbolique.

D’abord, une citation pour introduire un terme rare : « Pendant la période du haut Moyen-Age, le bandit était considéré comme un loup-garou ou un homme loup et cette identité le situait dans un espace symbolique indéfini. Vivant et mort à la fois, l’individu n’appartient à aucun règne. Ni homme ni bête, il occupe un espace d’indétermination entre la lupinisation de l’homme et l’hominisation du loup. »

http://theses.univ-lyon2.fr/documents/getpart.php?id=lyon2.2001.bertrand_v&part=39235

Retenons que le loup est vu à travers les temps comme une bête féroce, un prédateur dirait-on de nos jours.

Ensuite citons la fameuse formule de Hobbes « L’homme est un loup pour l’homme » (homo homini lupus) qui confirme le mythe et met l’accent - unilatéral - sur une nature fondamentalement prédatrice et mortifère de l’humain contre autrui, autrui humain et non humain (les animaux non humains).

Mais ce n’est là qu’un aspect de l’humain et des sociétés.

L’humanisation a deux faces contradictoires

Il y a Eros et Thanatos . Erich Fromm maniait lui plus la contradiction interne de tout humain et aussi de toute société avec une part régressive, agressive et destructrice nuisible et une part de construction et d’émancipation positive. Aspect barbare à combattre par des forces de civilisation !

Il n’empêche que parler de « lupinisation de l’homme » (lupus loup) a l’avantage de montrer un processus historique au lieu d’une simple photo, d’un état ou d’une « nature ». Il y a alors augmentation de Thanatos, de la destructivité humaine dirait Fromm. Je n’ai jamais employé ce terme alors que je suis plutôt pour parler en termes de dynamiques, de processus, de tendances.

Mais souvenons-nous quand même, avec Fromm, qu’il existe aussi des contre-tendances humaines positives qui construisent valablement la société sur des bases aimantes et d’égalité. Un Eros adelphique et égalitaire sorti du capitalisme de prédation est alors possible.

Se mettre collectivement à l’ouvrage pour les émancipations

La féroce guerre économique menée dans le cadre contemporain du capitalisme financier - phase néolibérale et thatchérienne - est en ce sens la suite de la guerre militaire et globalement la critique de l’impérialisme des classes dominantes du Nord en serait sa théorie à poursuivre pour une nécessaire pratique altermondialiste.

Plus largement, le capitalisme, le patriarcat, les systèmes d’apartheid ethno-racistes sont à regarder lucidement, sans se cacher derrière son petit doigt, comme des systèmes d’exploitation (de la force de travail), de domination, d’oppression raciste, sexiste, etc.

Un autre monde est possible si les forces de l’altermondialisme grandissent partout avec conscience du travail à fournir inlassablement contre la lupinisation du monde, notamment celle du « loup libéral » d’Annie Coll (1).

Christian Delarue

1) Annie Coll, philosophe, a publié en 2016 « Pour en finir avec le loup libéral » (L’Harmattan 2016 - Préface d’Yvon Quiniou) . Dans ce livre elle déconstruit les préjugés constitutifs du socle métaphysique de l’idéologie libérale. Sur l’idéologie libérale il y a renvoi à un opuscule déjà rédige par elle pour l’Education nationale.

Ces préjugés nuisibles sont les quatre crocs du loup libéral : 1 ) la croyance dans notre autonomie (niant notre construction humaine sur le fondement d’un être de relation), 2) le mythe de notre liberté absolue 3) la croyance en une morale relative, 4) et en une nature humaine foncièrement mauvaise.