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CLASSISME : Ennemi principal et ennemis occasionnels. C Delarue

samedi 22 décembre 2012, par Amitié entre les peuples

CLASSISME :

ENNEMI PRINCIPAL et ENNEMIS OCCASIONNELS

Ou placer le plafond supérieur du peuple-classe ?

Discussion : E principal : 1 à 2% / E occasionnel : dans dernier décile ?

Sur blog médiapart et blog politis de Christian DELARUE

NB : Ce texte contient des indications chiffrées valables pour la France. Mais, il peut être lu par d’autres lecteurs ou lectrices (de pays sensiblement équivalent en terme de développement) en relativisant ces chiffres. Je ne suis pas en capacité de le faire pour d’autres pays.

XX

L’altermondialisme, et notamment ATTAC, comme la plupart des « Indignés » visent comme cible de la prédation néolibérale actuelle contre le social et la nature les 1 à 2 % d’en-haut et ce aussi bien dans les pays occidentaux qu’ailleurs : surtout dans les pays de la « triade », mais pas seulement. Il est très rare que chaque Etat de la planète n’ait pas sa classe dominante ou son oligarchie politico-financière. La classe dominante d’un pays soumis à l’impérialisme peut être divisée selon des modalités variables entre sa fraction « nationale » et sa fraction « compradores ». Même les pays qui se réclament du « socialisme de marché » ont une caste dominante, une oligarchie bureaucratico-financière.

Souligner ce fait général (néanmoins susceptible d’atténuation ou d’exception), c’est montrer qu’une domination de type « classiste », certes variable selon les pays, et en fonction des types de gouvernements ou de régime politique (la Chine n’est pas la France) s’exerce bien contre l’ensemble du peuple-classe, surtout, certes contre les couches pauvres, modestes et moyennes ; beaucoup moins contre les « petits riches ». On pointe là un enjeux.

Cette analyse et ce combat ne signifie pas qu’au sein du peuple-classe, soit les 98 ou 99 % d’en-bas, les membres soient tous unis et fraternels ! Pas d’illusion en ce sens ni de méprise sur le concept de « peuple-classe ».

On rappellera ici que c’est le spectre particulièrement large qui rattache cet « en-bas » social à la catégorie de « peuple », le terme « classe » venant justement préciser qu’il exclu les dominants (1). Et un peuple-classe ne couvrant que 90% des couches populaires relèverait moins, à notre sens, de l’ordre des peuples que de l’ordre des classes sociales. Ce texte est une défense du format large du peuple-classe à 98 ou 99 % et donc par là même une défense plus sûre du concept de peuple-classe, déjà explicité ailleurs (1).

Au plan social et de la domination de classe, il importe de cibler, à l’occasion, lorsque l’actualité le veut, le dernier décile - la tranche des 10% d’en-haut - qui contient le gros (pas tous) des soutiens du néolibéralisme. Ils sont la couche d’appui du capital. Il sont au-dessus des couches moyennes (terme préférable à « classes moyennes »).

Même au sein des 90% d’en-bas on trouve évidemment des soutiens aux dominants en terme de classe sociale. Il existe des individualistes qui pensent toujours accéder au sommet en se moquant et des méthodes cavalières employées et du résultat en termes d’injustices sociales. Il faut compter aussi hors du classisme avec le racisme et le sexisme. Mais c’est surtout au sein du dernier décile, les 10% d’en-haut, au-dessus des 90% d’en-bas, que l’on trouve les plus fervents soutiens des prédateurs financiers. Un soutien hétéroclite cependant.

Ils ne s’agit pas ici des grands riches situés dans le 1% d’en haut mais « petits riches », à savoir ceux au-dessus de 4000 euros net par mois, ceux pointés, par erreur, par Copé il y a peu comme étant le sommet des « classes moyennes ». Déjà en 2007 F Hollande les avait lui, mais à raison, placé dans la couche sociale des riches, des « petits riches » (2), pas les richissimes classés et répertoriés. Certains statisticiens y ajoutent une couche aisée qui dispose de revenus mensuels moindres, supérieurs à 2800 euros net par mois, mais avec un contenu patrimonial conséquent. On peut débattre si ces 2800 à 3800 euros sont ou non dans le top-niveau des couches moyennes. C’est d’un intérêt mineur (3).

Il convient de remarquer que ces membres du dernier décile vivent, de façon générale (il y a des exceptions), dans l’aisance matérielle et dans le confort. Ils disposent d’une résidence principale et d’une secondaire en plus d’un patrimoine de rapport variable et pour beaucoup d’entre eux ils refusent de participer à la redistribution des richesses. C’est surtout ceux-là et moins les autres que l’on pointe du doigt comme des complices de l’injustice sociale néolibérale. Certains cadres combattent le néolibéralisme. L’exception qui confirme la règle ?

Qui sont ces membres du dernier décile, parfois nommé « petite-bourgeoisie » (4) ? Ce sont très majoritairement des entrepreneurs, des médecins, des notaires, des avocats, des commerçants, des professions, libérales, des artisans, des cadres. Tous, dans ces catégories sociales citées, ne sont pas « pétés de thunes » mais c’est là que les « petits riches » prospèrent et luttent pour s’enrichir plus encore. L’intolérance vient quand ces « goinfres » du travail et ces « cupides du pognon » gueulent la bouche pleine d’oseille et les poches pleines de fric, dés que la fiscalité vient les ponctionner.

Ils se trouvent que ces individus participent souvent à des instances de « gouvernance » soit comme patron, soit comme cadre, soit comme lobby d’un ordre professionnel, etc. On sait que la gouvernance locale ou à un niveau territorial large laisse place à une oligarchie . Ces deux organes à statut différent sont les grands vecteurs du processus d’inversion démocratique mais aussi de moins disant social et écologique. La casse de l’Etat social et le refus de la transition écologique viennent s’appuyer sur la dépossession démocratique.

Mais il ne faut pas confondre dans le combat à mener contre la finance et le néolibéralisme, les ennemis occasionnels des « gros riches » qui sont surtout les grands prédateurs de la finance.

Christian DELARUE

1) Sur Mouvements, lire : Classe dominante et oligarchie contre peuple souverain et peuple-classe.
Christian DELARUE.

2) M F Hollande, distinguons les « petits riches » des gros !
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1510

3) On dira qu’avec 2800 euros net ils disposent d’un revenu mensuel qui leur permet de disposer chaque mois d’une épargne relative. Cela est plus incertain pour les revenus inférieurs. C’est aussi fonction de la composition familiale et du lieu d’habitation.

4) Lire Les trois « petites bourgeoisies » avec une mise en débat sur bellaciao.

MRAP : La transversalité des luttes contre le classisme, le sexisme et le racisme. - C Delarue

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1020