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Autres fétiches ? Doit-on cracher sur l’argent et la croissance ? C Delarue

mardi 6 décembre 2011, par Amitié entre les peuples

Autres fétiches ? Doit-on « cracher » sur l’argent et la croissance ?

Déconsidérer - par le blasphème - les fétiches religieux et les fétiches « civils » (le drapeau national, l’hymne national) ne suffit évidemment pas à la critique sociale de réhabilitation de l’humain écrasé par de nombreux dispositifs abstraits. Cela reste même superficiel. Bien d’autres dispositifs sociétaux surplombent les humains qui méritent rabaissement aux fins d’élever la place des humains. On peut citer les dispositifs d’apparence abstraite qui participent à l’imposition de l’austérité, au concurrentialisme néolibéral, au travaillisme (qui n’est pas le refus du travail), et d’autres encore. Évidemment ces dispositifs ne tombent pas du ciel. Des humains bien situés dans les rapports sociaux en sont à l’origine. D’autres les activent et le maintiennent.

On trouve dans le mouvement altermondialiste une branche dite antiproductiviste (elle-même subdivisée) qui porte une double critique de l’argent et de la croissance en lien avec celle plus générale de la « marchandisation du monde ». Outre le fétichisme de la marchandise de Marx il faudrait ajouter le fétichisme de l’argent et celui de la croissance.

1) Quid de l’argent ?

A suivre Georg Simmel in « La philosophie de l’argent » (1), l’argent est tout à la fois source de libération et d’aliénation pour l’individu qui s’autonomise. Il a donc deux facettes qui empêchent une vision caricaturale soit laudative soit dépréciative.

 Surtout son usage n’est pas le même pour tous. Il est différent pour le banquier, pour l’actionnaire du consommateur ordinaire. Par ailleurs si les couches sociales modestes sont astreintes à la sousconsommation les couches aisées, elles, tendent à la surconsommation (2). Pour mémoire, en 2007 F Hollande considérait que la première couche sociale riche débutait à 4000 euros net en France. Au-dessus les très riches affichent face aux pauvres une opulence indécente mais aussi prédatrice : ce qui est accaparé par la bourgeoisie est enlevé aux prolétaires et aux sous-prolétaires. Le néolibéralisme active l’injustice de classe contre la justice sociale et la justice fiscale.

 Ceci dit, il est quand même plus important de savoir ce que font les banques et autres institutions financières de l’argent. Va-t-il vers la spéculation et les actionnaires ou va-t-il vers la production marchande et non marchande (services publics). Les peuples-classes souhaite qu’il aille vers les petites et moyennes entreprises ainsi que vers les services publics. Ces derniers peuvent participer, moyennant certaines conditions, à corriger le développement inégal et combiné du capitalisme (DICC) qui est out à la fous social et territorial.

2 ) Quid du productivisme ?

La surproduction actuelle est géographiquement localisée. Elle y est particulièrement néfaste au plan écologique et au plan social du fait des inégalités d’accès des biens nécessaires et du fait de la tendance à produire des biens de luxe. Mais ici c’est plutôt les types de production et de distribution qui sont à critiquer.

A ce titre, il importe surtout de distinguer les productions non marchandes de valeurs d’usage qui participent à un alterdéveloppement contraire à celui du capitalisme (DICC précité), celui des grosses productions marchandes orientées vers le profit. Toutes ne sont pas à éliminer mais un regard critique est ici à émettre à des fins de transformation sociale. Dans ce cadre, le mode de production doit changer mais aussi la durée et l’intensification du travail. A l’avenir, c’est surtout le secteur de la production-consommation énergétique qui devra se transformer.

Derrière la critique du productivisme, ne faut-il pas voir plutôt une autre critique, celle du « concurrentialisme », celle de la compétition généralisée entre entreprises, entre individus réduits à n’être que des entrepreneurs marchands hyper performants ? Là c’est bien le néolibéralisme avec son fond spencérien (3 ) qu’il faut accuser. Il tend à éliminer chez les humains tout forme de sens collectif, de solidarité humaine, celle que Darwin nommait « instincts sociaux », au profit des seules logiques individuelles et égoïstes. Tout individu a sa part d’égoisme de narcissisme mais aussi sa face claire faite de souci de solidarité . Le néolibéralisme renforce la face sombre et réduit la face lumineuse à la simple charité, à la charité business qui vient remplacer l’Etat social. Et bien souvent, cette charité n’est nullement cosmopolite mais étroitement nationaliste. Les termes « justice sociale » ou « justice fiscale » ou « société » n’ont alors plus de sens. Il ne reste que l’individu isolé et combattant pour lui, pour la lutte des places.

Christian DELARUE

1) Philosophie de l’argent Georg Simmel

http://www.alternatives-economiques.fr/philosophie-de-l-argent-georg-simmel_fr_art_222_25307.html

2) VIE CHERE : Sous-consommation, surconsommation et classes sociales.C Delarue

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1858

3) Spencérisme : La survalorisation de l’entrepreneur marchand. C Delarue -

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1934