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Atelier pour l’autogestion 9 : Gestion ou contrôle. E T Clasco
dimanche 10 août 2008, par
FSE 2003 - Atelier pour l’autogestion
GESTION OU CONTROLE ?
EMILIO TADDEÎ CLACSO
http://www.atelierspourlautogestion.org/
Je fais partie d’un réseau qui travaille sur l’autogestion sociale en Amérique Latine, en particulier en Argentine. Le contexte actuel se caractérise par :
– un nouveau cycle de luttes sociales (cf. Bolivie)
– un processus d’occupation d’usines
En Amérique Latine les dégâts de la réforme néo-libérale ont provoqué la formation d’espaces de souveraineté populaire non mercantiles : il y a ainsi eu l’articulation de mouvements sociaux qui expérimentent des formes de démercantilisation de la vie (avec l’apparition du concept de « territorialisation sociale » : une appropriation sociale du territoire liée aux nouveaux rapports sociaux). Exemples : les pratiques du MST, les expériences productives brésiliennes, les projets des chômeurs en Argentine. Le mouvement d’occupation des usines, conjugue trois objectifs : occuper / résister / produire. Ce mouvement existe depuis deux ou trois ans en Argentine, il est apparu au moment de la crise économique de destruction des forces productives. Ce mouvement qui se développe prend la forme d’une gestion directe par les travailleurs du fait de la faillite des entreprises endettées ; souvent il y a eu des volontés d’expulsion de la police, mais en même temps une résistance très forte des travailleurs soutenus par d’autres secteurs sociaux. Ce phénomène n’est pas nouveau en Argentine, il a déjà eu lieu au cours des années 1960-1970 à propos d’usines textiles, de fabriques pétrolières, ... le mouvement d’occupation d’usines concerne 120 entreprises et 10000 travailleurs. Ce processus entraîne un débat sur le contrôle par les ouvriers, il explique le modèle coopératif adopté par certaines usines, même si cela présente des difficultés juridiques pour le contrôle ouvrier. On a ainsi un débat coopérativisme / contrôle ouvrier dans un contexte d’abandon des entreprises par l’Etat et les capitalistes. En général l’occupation d’usines touche des petites entreprises qui ne sont pas au cœur de l’accumulation du capital, et qui subissent les conséquences de la crise financière. Cette gestion ouvrière directe provoque en même temps un effervescence de débats politiques, qui en retour renforce cette expérience : nous sommes dans une période où se créent des forces sociales, et aussi des mécanismes de solidarité qui dépassent l’entreprise, une période de convergence avec d’autres mouvements sociaux (chômeurs, assemblées populaires...). C’est une expérience encore très limitée, mais elle propose un défi pratique du point de vue du contrôle des entreprises et d’une alternative concrète de souveraineté populaire. Sa caractéristique principale c’est le processus d’assemblées, une dynamique d’assemblées qui pose la question du besoin d’autogestion et de pluralité politique (c’est-à-dire un espace d’hétérogénéité politique) comme centre de construction des résistances au néo-libéralisme.
notes de Q.D.