Accueil > Altermondialisme > Monde meilleur - Altercapitalisme - Néo-solidarisme > Economie sociale et solidaire (ESS) > Altercapitalisme DD : Critique du schéma des trois sphères. C Delarue
Altercapitalisme DD : Critique du schéma des trois sphères. C Delarue
jeudi 30 décembre 2010, par
Altercapitalisme « DD » : Critique du schéma des trois sphères.
On évoque de plus en plus un altercapitalisme à la fois plus social, plus vert que l’on nomme Développement durable (DD). Les promoteurs des « entreprises citoyennes » usent pour ce faire du schéma en trois sphères. Les trois sphères ordinairement évoquées pour faciliter la compréhension du monde meilleur (mais pas autre) sont l’Economique, le Social et l’Environnemental.

Le projet « DD » est en résumé plus d’économie pour plus de social et d’environnemental. Le noyau dur capitaliste est inchangé mais le marché est incité à mieux produire pour préserver la qualité de vie des générations futures.
Première critique : Une subdivision essentielle n’apparait pas.
La sphère de l’économique se subdivise en sphère marchande et non marchande, laquelle fait place aux services publics. Ce qui n’est pas sans effet sur les deux autres sphères. Cette subdivision avec la partie « économie non marchande » permet d’élargir la zone qui recouvre le Social mais aussi l’Environnemental. L’économie marchande privilégie la solvabilité et pour les sociétés capitalistes le profit avant tout donc la valeur d’échange sur la valeur d’usage. Cette économie ne recouvre pas le Social ni l’Environnemental.
Cette subdivision est aussi essentielle pour introduire la question démocratique. La démocratisation est possible dans les deux sous-continents - marchand et non marchand - mais avec des effets différents.
Seconde critique : Ce schéma ignore le rôle de l’Etat.
Ces trois champs - l’Economique, le Social et l’Environnemental - (qui se recouvrent partiellement) concernent principalement la société civile mais il importe de ne pas oublier les interférences de l’Etat et des politiques publiques dans un sens ou un autre. L’Etat néolibéral n’a pas moins de poids sur les acteurs de la société civile que l’Etat interventionniste de la période post seconde guerre mondiale, celle qui a créé l’Etat social .
Le quatrième cercle - le démocratique - n’est généralement pas dessiné car il se rapporte à L’Etat et aux collectivités publiques. Il concerne aussi certaines organisations de la société civile : les associations, les coopératives, les mutuelles.
Vue de façon dynamique et non statique on constate que le champ démocratique tend à se restreindre avec le néolibéralisme au profit d’une conception oligarchique alors que l’exigence citoyenne demanderait au contraire son élargissement tant au plan étatique qu’au plan de la société civile et dans les domaines social et environnemental.
Préférer le « triangle tragique de la soutenabilité »
Aux trois sphères on pourra préférer le « triangle tragique de la soutenabilité » de Jean-Marie Harribey (conclusion de sa thèse). Ce triangle est inspiré de celui de Mundell avec les trois vecteurs : efficacité, stabilité, équité. Il dispose trois pôles : le social, l’économique et l’écologique. C’est là le seul rapprochement à faire avec le schéma des trois sphères. Ce triangle est tragique et non magique car il est peu probable de réunir à la fois la rationalité économique, la justice sociale, l’équilibre écologique.
La transition vers la soutenabilité ne saurait être imposée. Elle ne peut qu’être le résultat d’un processus démocratique. Encore faut-il que les élites produisent à l’attention des citoyens diverses perspectives qui chacune à sa façon combinent satisfaction des besoins sociaux et équilibre écologique
Christian Delarue