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99% : Nous sommes les peuples contre la finance
mardi 7 janvier 2025, par
99% : Nous sommes les peuples contre la finance est sur blog mediapart Christian Delarue avec deux autres textes Le fétichisme de la dette et classisme de la classe dominante
https://blogs.mediapart.fr/christian-delarue/blog/070125/99-nous-sommes-les-peuples-contre-la-finance.
Pensée ce 7 janvier 2025 pour Bernard Maris et sa critique de la "thatchérisation du monde », cette casse du social et du démocratique par les classes financières dominantes des grandes nations.
Le pluriel à « peuples » indique une ouverture internationaliste qui diffère du peuple centré sur une nation. La conscience populaire du peuple part alors de son ancrage historique et politique pour s’ouvrir par un geste solidaire aux autres peuples frappés, comme lui par la finance, les oligarchies financières mondialisées. Mais la question démocratique se pose d’abord dans le cadre national (ou pluri-national parfois).
Eléments pour un débat en cours
– Le peuple dépossédé de ses attributs politiques
Le peuple-communauté politique se distingue du peuple-masse dit-on en s’appuyant sur une séparation entre le citoyen (vertueux) de l’individu (isolé et replié) alors que nous sommes peu ou prou l’un et l’autre. Par ailleurs quid du processus qui dégrade continûment le premier vers le second ?
Le peuple est spolié de sa souveraineté disent celles et ceux qui mettent l’accent sur ce qu’il devrait avoir depuis la fin de la royauté : la souveraineté . En France, peut-être plus qu’ailleurs, on a voulu définir le peuple avec ce qu’il n’a pas vraiment, ce qu’il a formellement sur le papier constitutionnel mais pas ou peu en réalité. Le peuple n’a qu’une souveraineté fort limitée, réduite tout comme l’est aussi, et de plus en plus, sa démocratie.
Rien ne serait au-dessus du peuple dit-on. La dignité du peuple ne souffrirait, tout comme la dignité humaine, d’aucun fétiche surplombant. Pourtant les dispositifs-fétiches ne manquent pas . Il y a le fétiche de l’économie ou plus précisément le fétiche de l’Economique (cf livre d’Alain Bihr de 1979). Aujourd’hui il y a le fétichisme de la dette et plus largement celui de la finance nationale et transnationale, soit le pouvoir des grande entreprises du CAC 40 avec le pouvoir des ultra-riches et des riches du 1%.
– Ambivalence polysémique du peuple.
Il importe de considérer que le peuple est à la fois d’une part communauté politique des citoyens y compris donc le 1% financiarisé et d’autre part la très large fraction de peuple - le fameux « we are the 99% » de 2011 - contre la finance , contre la classe financière et son classisme . Il y a donc deux sens, deux compréhensions du peuple .
Le peuple des 99% (moins une large fraction de la sous-bourgeoisie sous le 1% ) milite partout pour le bien-être économique social et culturel du peuple, contre l’austérité décidée par le 1%. L’économie du 1% par le 1% pour le 1% permet l’accumulation des dividendes sur la classe financière et les politiques d’austérité contre les 99%.
Poursuivons : La démocratie est un idéal constamment empêché, borné, limité, réduit. La « démocratie réellement existante » fait constamment semblant d’accomplir sa promesse. Certes, elle s’est étendue de part le monde mais ce faisant elle a perdu de son contenu. Elle est devenue rabougrie sous l’effet de sa captation par des césars, des bonapartes, des jupiters, des manipulateurs méprisant le peuple. On évoque alors les démocratures. Notre Jupiter la construit au service des riches avec austérité pour les autres.
Alors il nous faut bien revenir non seulement à Bernard Maris mais aussi au propos ancien de Patrick Tort dans Etre marxiste aujourd’hui (Aubier RES 1986 ) . Ce serait alors le terme de spolié qui le caractérise le plus. Le peuple est celui qui n’a pas ou rarement ce qu’il devrait avoir. On pourrait ajouter que quand il lui arrive de l’avoir comme en mai 2005, les élites dirigeantes et spoliatrices s’emploient immédiatement exercer leur pouvoir effectif et à ne pas exécuter ce qui est décidé et à faire le contraire.
Patrick Tort écrit : Le peuple est l’ensemble de ceux et celles qui ne décident pas ou dont la capacité de décision n’engage aucune transformation, sur une échelle plus ou moins vaste des processus organisationnels. Il ajoute : De ce peuple assujetti a des décisions sur lesquelles il n’a pas prise - sauf en des circonstances très exceptionnelles de réussites d’une action syndicale ou d’un référendum - on peut dire qu’il est exploité économiquement, dominé politiquement, et influencé idéologiquement. De plus, il est conditionné dans sa vie quotidienne.
Plus positivement il est représentation dans la tête des dirigeants . Il est l’objet pensé d’un projet d’assujettissement et nullement de libération, d’émancipation. Il n’a pas conscience de lui-même.
A la différence de la conscience de classe, la conscience populaire n’est porteuse de quasiment aucun projet d’émancipation formé et développé en son sein sauf deux :
D’une part celui altermondialiste de « les peuples contre la finance » et derrière contre les entreprises du CAC 40 et les différentes classes financières nationales des pays développés
D’autre part celui venu des extrême-droite nationalistes porteuse d’une idéologie xénophobe et raciste moulée dans une sorte de communautarisme national-souverainiste.
Le peuple n’est donc quasiment pas porteur d’un projet d’émancipation sur les trois plans économique, politique, idéologique. Or dans le monde réel, on a des dirigeants et des gouvernants qui travaillent à produire plus de richesses financières et patrimoniales pour les uns (le 1% d’en-haut : la classe financière) moins pour les autres les 99%, le peuple-classe, mais le dit peuple en tant que tel n’en dit rien.
– Quel populisme pour le développement démocratique
Le populisme de gauche, comme idéologie éloignée du leader au-dessus du peuple et plus en autogestion, pourrait alors être le contenu d’une doctrine d’émancipation du peuple à l’encontre du projet de la classe dominante, la bourgeoisie, et ce sans haine xénophobe à l’encontre des résidents étrangers sur son territoire. Le populisme de droite se charge lui de féconder le peuple de haine xénophobe sans jamais montrer le classisme, soit la domination de classe dans et hors travail-emploi contre le peuple 99%, le peuple-classe formé des différentes classes dominés.
Il s’agit là de construire un projet d’émancipation populaire contre la finance nationale et mondiale, contre le classisme comme domination de classe dans et hors travail-emploi, contre le racisme le sexisme, pour le social, l’environnemental et le démocratique
Christian Delarue
On a beaucoup glosé en France sur la distinction souveraineté populaire et souveraineté nationale pour finalement formaliser une synthèse inscrite dans la Constitution. Même là sa souveraineté est limitée : elle n’entre pas dans l’entreprise ou dans les appareils d’Etat . Qu’en est-il en vrai ? Le peuple démocratico-citoyen a droit de voter, de choisir ses élus et une fois ce choix fait il rentre chez lui . Son pouvoir tient dans l’élection. Une minorité use du droit d’être candidat à une élection.
page 92 de le marxisme aujourd’hui