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Un certain islam pose problème, ce qui n’autorise pas l’islamophobie ! C Delarue

lundi 2 septembre 2013, par Amitié entre les peuples

C’est peu de dire qu’un certain islam pose problème ! Il ne faut pas se voiler la face devant le problème.

C’est peu de dire qu’un certain islam pose problème ! Il ne faut pas se voiler la face devant le problème.

J’ai dit un certain islam ! Car il existe un et même des islams réactionnaires, machistes, sexoséparatistes, antidémocratiques, antilaiques mais il existe aussi des islams progressistes, tolérants, admettant le relativisme culturel en matière de nourriture comme de vêtements sexy ou non (nudisme) pour les femmes. Certains veulent, à tout prix, que l’islam soit bon et pacifique, comme d’autres le voient, au contraire, foncièrement mauvais, intolérant, sexiste, et autoritaire . Deux positions fausses. Il y a pluralité des interprétations.

cf : Il y a des islams et les combinaisons sont complexes

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/280513/22-juin-2013-il-y-des-islams-et-les-combinaisons-sont-complexes

L’écume du racisme en France. C Delarue (sur Témoignage chrétien)

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1564

On ne saurait donc confondre en toute rigueur les formes tolérantes et ouvertes de la religion (celle-là ou d’autres) et la religion intégriste, crispée et autoritaire voire cryptofasciste et partant on ne saurait confondre l’islamophobie de l’islamistophobie (si l’on veut bien admettre ce terme).

L’islamophobie existe comme forme de racisme mais son périmètre a été discuté car les intégristes tiennent mordicus a faire protéger leur normes réactionnaires comme hors de toute critique. Ce qui est largement refusé.

XX

Reprise modifiée de : « Islamophobie : une reconnaissance difficile mais aboutie ».

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article2547

La revue Cités dans son numéro 49 livre un dossier sur le populisme intitulé « Le populisme contre les peuples »(1). Dans ce dossier, Christian GODIN ouvre une première contribution répondant à la question « Qu’est-ce que le populisme ? ». C’est dans une petite note de bas de page en critique d’un texte d’Enzo Traverso faisant le lien entre islamophobie et l’antisémitisme des années 20/30 que Monsieur Godin répète le préjugé commun : l’islamophobie est un concept crée par les Etats musulmans et - surtout - déclare que « l’islamophobie’ est une »notion faisandée". Il en profite pour discréditer Enzo Traverso !

Lire cela dans un texte « sérieux » qui tente longuement d’expliquer une notion aussi instable que celle de populisme est étonnant... et peu sérieux. Le terme islamophobie est très ancien et bien antérieur à l’usage fait ces dernières années par les Etats musulmans. Ensuite la notion d’islamophobie telle que circonscrite par le droit français ne recoupe pas la définition très englobante produite par ces Etats islamiques qui entendent, sous ce nom, interdire le blasphème et la critique de certaines pratiques issues de l’islam.

I - Histoire rapide d’un mot.

Schématiquement on distingue cinq temps : 1) le début du XX ème siècle, 2) le silence 3) la période de retour de la notion, avec des subdivisions.

1) Apparition en filigrane au début du XX ème siècle :

En France, écrit Elif Kayi (2) la première utilisation attestée du mot dans sa version adjectivale « islamophobe » date de 1921, année où deux essayistes, Etienne Dienet et Slimar Ben Ibrahim, évoquent dans un ouvrage le « délire islamophobe » du père jésuite Lammens, auteur d’une biographie sur Mahomet. On trouve aussi une autre référence à la même période, en 1910, par des ethnologues coloniaux français, avec une sens de discrimination fondée sur la religion.

2) L’oubli.

Cet usage était élitiste, non employé massivement. De ce fait le terme est resté largement inemployé pendant plusieurs décennies.

3) Le retour de plus en plus massif mais contesté.

a) A bas bruit : 1995 -1998 : Marcle Gauchet le cite en 1995. Soheib Bencheikh cite aussi ce terme dans son ouvrage « Marianne et le Prophète », publié en 1998. Il explique qu’il est possible de critiquer l’islam sans que cela soit pour autant qualifié d’islamophobie. C’est l’intellectuel musulman Tariq Ramadan, souvent qualifié d’islamiste « camouflé », qui a véritablement introduit le terme en France, avec un article publié en 1998 dans le Monde Diplomatique, « L’islam d’Europe sort de l’isolement », où il fait référence à une étude commandée en Grande-Bretagne par le Runnymede Trust en 1997, « Islamophobia : Fact Not Fiction ». (Elif Kayi toujours)

b) Automne 2003 à début 2005 : début de l’élargissement.

En 2003 sort le livre de Vincent Geisser : « La nouvelle islamophobie ». Pour V. Geisser, dit Mouloud Haddad, il existe bien une islamophobie « à la française » qui serait avant tout « une religiophobie » venue se greffer à un « contentieux historique » mêlant histoire coloniale, guerre d’Algérie mal « digérée », et anti-cléricalisme républicain.

En l’espace de quelques mois de septembre 2003 à décembre 2003 la notion d’islamophobie émerge massivement et fait d’emblée polémique, tant dans le MRAP que dans la société française, y compris à gauche. Le MRAP a joué un rôle important pour valoriser la notion, non sans discussions intenses !

Automne 2003 . D’abord le 20 septembre 2003, le MRAP organise un colloque à l’Assemblée nationale intitulé « Du racisme anti-arabe à l’islamophobie ». C’est un point de départ important pour la démocratisation de la notion. Septembre 2003 - février 2004 : le MRAP dénonce la dérive islamophobe d’un enseignant Louis Chagnon. Beaucoup de polémiques ! Idem à propos de la déclaration de Claude Imbert qui s’était déclaré « un peu islamophobe ». Au-delà du cas « Imbert » il y a eu la question : « qu’est-ce que vise le »un peu« par rapport à »totalement« . Autrement dit, un certain islam n’est-il pas condamnable et ce sans être islamophobe au sens de racisme contre les musulmans ? La critique d’un certain islam dissimule-t-elle nécessairement la haine des populations arabo-musulmanes » (cf Le Nouvel Observateur 27 octobre 2003) et donc l’islamophobie.

2004 à 2005 : Peu après que le congrès du MRAP de Bobigny de dec 2004, qui adoptait la notion après débats (CN suspensif de l’expression en mai 2004 - voire extrait in fine) , le Secrétaire général des Nations-Unies, Kofi Annan, présidait une conférence ayant pour titre « Agir contre l’islamophobie », et en mai 2005 il condamnait l’islamophobie lors d’un sommet du Conseil de l’Europe. La conférence de l’OCDE à Bucarest est un autre exemple de l’assise de ce terme.

Des interventions ( Redeker et un clip nettement islamophobe) permettent d’avaliser le terme puisque sous couvert d’une critique de l’islam ce sont les musulmans qui sont visés, et tous sans exception. Il faudra néanmoins attendre plusieurs années avant d’obtenir une relative stabilisation quand à son contenu et son périmètre notamment par rapport aux blasphèmes désacralisant des textes « sacrés » , par rapport à la critique de la religion, ou à la critique des intégrismes (d’une façon qui épargne les croyants ordinaires).

II - Retour sur les débats : contestation et adoption.

C’est Alain Gresh qui a réfuté, sérieusement que je sache, l’idée fausse d’une origine récente (post 11 septembre 2001) du mot islamophobie. Le terme ne vient donc pas - du moins pas seulement - des islamistes à la tête des Etats islamiques. Que ces derniers se soient employés et s’emploient toujours à son instrumentalisation au plan international et à l’ONU est chose certaine mais cela n’invalide en rien son sens antiraciste reçu par les institutions françaises et européennes.

Sur le choix du mot - qui a été critiqué, souvent à raison, à propos du mot « phobie » - mal choisi - la vie réelle a aussi tranché. Le terme est désormais adopté et la polémique de 2004 et 2005 (trop longuement développée par wikipédia) est désormais close. On ne peut se dire « un peu islamophobe » comme Claude Imbert mais on peut par contre distinguer les intégristes des musulmans pratiquant un islam de paix comme le souhaitait d’ailleurs le même Claude Imbert dont on a retenu juste la première formule citée.

Le débat (à distance) entre Caroline Fourest et le MRAP a été tranché in fine de façon équilibré c’est à dire sans nuire ni à l’une ni à l’autre. Je veux dire par là que si le terme islamophobie a bien été validé tant dans le discours que par les juristes comme une forme de racisme, il faut voir aussi que sur le fond les craintes de Caroline Fourest ont été prise en compte et qu’en quelque sorte elle ne s’est pas battue pour rien. Cela signifie que la critique de l’islam est possible - notamment son volet sexiste et sexoséparatiste issu des plus intransigeants - comme celle de toute religion. Le blasphème est aussi possible (Affaire du Coran brulé en Alsace) sans que les foudres religieuses s’abattent avec succès.

Concernant les pratiques sociales issues de la religion il faut ici distinguer celles qui relèvent des intégristes des autres et donc ne pas mettre au chef de tous les musulmans les pratiques condamnables.

Christian DELARUE

Ex membre du bureau exécutif du MRAP

1) Revue Cités 2012/1, Le populisme, contre les peuples ? - Cairn.info

http://www.cairn.info/revue-cites-2012-1.htm

2) Quelques réflexions sur le concept d’islamophobie Par Elif Kayi

http://blogs.mediapart.fr/blog/elif-kayi/261208/quelques-reflexions-sur-le-concept-d-islamophobie

Addendum :

Extrait de la lettre de l’adhérent de mai 2004

Extrait de la résolution du 8 mai 2004 prise lors du CN extraordinaire du 8 mai 2004 portant préparation du congrès des 5 et 6 décembre 2004 (à Bobigny).

Le MRAP est une association laïque. Nous nous préoccupons des droits de la personne, et pas de religion en tant que telle.

Il est de notre rôle de dénoncer les textes et idéologies religieux, quand ils sont porteurs de haine et d’oppression de l’autre, du fait de sa religion, de son origine, de ses moeurs, ou de son sexe.

La critique de l’Islam n’est ni un racisme anti-arabe, ni un racisme anti-musulman.

.../...

Le MRAP décide de ne pas utiliser publiquement jusqu’au congrès l’expression « islamophobie ».

NB Le congrès s’est tenu à Bobigny début décembre 2004 mais ses instances n’ont été élues que le 15 janvier 2005.