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Stratégie de Lisbonne : Une société de la performance destructrice de la civilisation ! C Delarue
vendredi 5 novembre 2010, par
Stratégie de Lisbonne : Une société de la performance destructrice de la civilisation !
Note sur la Stratégie de Lisbonne
2010 : Sortir de la stratégie de Lisbonne et refuser « Europe 2020 »
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1343
La stratégie de Lisbonne promeut une société de la performance .
La « société de la performance » est celle qui généralise à l’ensemble de la société les mécanismes économiques de la compétition, de la compétitivité, de la concurrence généralisée. Avec Jean-Marie Brohm on peut dire qu’elle applique à toute la société la formule de Coubertin « Citius, altius, fortius » (1). Ce faisant elle procède constamment à des déclassements, des sélections, des exclusions. C’est une société spencérienne d’élimination des plus faibles. Herbert Spencer (1820-1903) avec sa thèse « survie du plus apte » avait abusivement généralisé aux humains les thèses du premier Darwin, celles portant sur les animaux mais pas sur les humains. Dans « La filiation de l’homme » Darwin défend pour les humains la thèse de la sélection naturelle des instincts sociaux qui s’oppose à la sélection naturelle éliminatrice. Effet réversif (P Tort). Le Darwin authentique tel que réhabilité par la science et notoirement par Patrick Tort ne milite donc pas pour un monde hobbésien ou « l’homme est un loup pour l’homme » (homo homini lupus) !
La signification profonde de la « société de performance » se traduit aisément dans un langage imagé plus parlant mais proche de la vérité sur la stratégie de Lisbonne : Ceux qui préfèrent la ballade sont contraints avec cette stratégie non seulement de courir à petite cadence mais aussi de courir de façon rationnelle pour être performants et non pas pour un simple jogging du dimanche.
La société de la performance - qu’il faudrait relier à la montée en force du néolibéralisme - généralise le travaillisme et les excès de l’éclatement des statuts sociaux ; certains travaillant trop, d’autres pas du tout ; certains étant manifestement et incontestablement trop payés et d’autres laissés dans l’indignité matérielle. De part sa logique insatiable de profit à dominante financière, cette stratégie incite au productivisme. Son niveau de protection sociale au lieu d’être global se ramène à du caritatif . Le social se réduit à devenir « la pièce de monnaie du riche au pauvre à la sortie de la messe » ! Ce « social » se limite au passage d’une sorte de « voiture-balais » des éclopés de la « guerre économique ».
La civilisation contre le capitalisme.
Le niveau de civilisation y est donc affaibli. Pas de quoi être fier de cette Europe-là ! Cette Europe des grands marchands a cassé les modèles sociaux issus de l’après-guerre au lieu de les améliorer. Si l’on passe du social à la démocratie on repère la même dégénérescence. Quand au volet environnemental est pour l’heure calé sur le capitalisme vert.
La civilisation, ce serait ici un modèle social protecteur du monde du travail privé et public et un modèle environnemental protecteur de la nature. La civilisation s’appuie sur le « carré républicain » : liberté, égalité, fraternité, laïcité. La civilisation dans cette acception inspiré de Patrick Tort, suppose l’extension de l’Etat social, la généralisation d’impôts justes, de services publics, de l’économie non marchande telle que théorisée par Jean-Marie Harribey ou Stéphanie Treillet. Elle suppose un gros secteur d’appropriation publique et sociale (cf Yves Salesse et Fondation Copernic) pour ne pas être simplement une économie résiduelle de la « défaillance du marché ». Elle laisse vivre selon ses propres valeurs l’économie sociale et solidaire (ESS) pervertie comme les services publics et le secteur public par les logiques marchandes venue de la sphère capitaliste.
Christian DELARUE
1) Plus vite, plus haut, plus fort.
2) J-M HARRIBEY : CONSTRUIRE UNE ECONOMIE POLITIQUE DE LA DEMARCHANDISATION
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article152
3) Contre la marchandisation du monde : un objectif à éclaircir . S Treillet
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1222