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Refus de la leçon de racialisation de l’humanité. C Delarue

dimanche 1er juillet 2012, par Amitié entre les peuples

REFUS DE LA LECON DE RACIALISATION DE L’ HUMANITE

Ne pas se tromper de combat : Quand Pierre TEVANIAN donne des leçons au MRAP sur le concept de racisme anti-blanc.

Il le fait dans son article publié sur Les mots sont importants le 18 juin dernier : « Les nouveaux souchiens de garde ». Le concept de racisme anti-blanc serait raciste car ce serait systèmatiquement une arme de la « race » des oppresseurs. C’est sans doute souvent le cas mais ce n’est pas systématique. De plus les oppresseurs ne sont pas une « race ». Si l’on doit les chercher dans un groupe macro-social alors ils appartiennent à une classe sociale ou à un genre. Au plan interpersonnel un dominé peut être oppresseur à son tour.

Le MRAP refuse toutes les formes de racisme. Il refuse donc la racialisation et le fait de partager le monde en deux camps les blancs et les non-blancs, ces derniers étant vu comme la « race » des victimes et des opprimés. Il n’est pas la seule organisation antiraciste à faire de même. C’est aussi le cas de SOS Racisme.

Ce n’est pas le cas de l’AGRIF (Alliance Générale contre le Racisme et pour le respect de l’Identité Française et chrétienne) qui ne s’inspire pas d’un antiracisme universaliste mais d’une position postcoloniale de défense de la soit disant « race » blanche. Il défend aussi le peuple ethnique français et une religion quitte à critiquer les autres religions. C’est une position raciste qui se situe sur le même plan que le PIR mais en position inverse.

En effet, ces deux organisations agissent dans le même cadre de référence - la « race » - l’un du côté de la « race dominante », l’autre du côté de la « race dominée ». Tout cela est inacceptable pour l’antiracisme universaliste : on oscille entre racialisation et racisme avéré. Aucune organisation véritablement antiraciste ne peut l’accepter. Une pensée émancipée doit sortir de ce cadre racialisant qui mène au racisme. Le PIR mène un combat dangereux. Le MRAP appelle les personnes discriminées à combattre le racisme sous toutes ses formes.

Le MRAP n’ignore pas les phènomènes de domination et d’oppression. Il lutte contre les discriminations et il participe comme membre fondateur d’ ATTAC à la libération des dominations socio-économiques et sociétales. Les grandes dominations existantes sont le classisme soit la domination de la classe sociale dominante et le sexisme soit la domination masculine sur les femmes. En conséquence, il ne faut pas se tromper de colère. Il y a aussi l’impérialisme qui est une variété de lutte de classe au plan international.

Pierre TEVANIAN écrit « Depuis des années, nous rappelons que le racisme anti-blanc est un concept fallacieux et tendancieux, pour la bonne raison que le racisme n’est pas un simple sentiment de haine mais un rapport social de domination, qui peut parfaitement se passer de la haine – et dont les formes les plus hégémoniques se traduisent même par de l’indifférence ou de la sympathie davantage que par de l’antipathie ». Pour ma part, et sans doute avec de nombreux camarades du MRAP, je pense qu’effectivement le racisme n’est pas que de la haine. Il peut être structurel. Pour autant dire cela ne rend pas le racisme anti-blanc fallacieux et tendancieux par nature.

Si je dois prendre provisoirement le langage de Pierre Tévanian je dirais que les non-blancs peuvent se trouver aussi en position majoritaire et dominante dans certains secteurs géographiques que ce sois ici en France ou en Europe ou plus nettement ailleurs au Sud. Faut-il qu’il imprime une domination non-blanche ou qu’il fasse preuve d’un antiracisme authentique. Dans le même fil de pensée il faut ajouter que faute d’une logique réellement émancipatrice, l’opprimé peut devenir oppresseur. Il suffit qu’il veuille dans une pure logique de guerre ou de concurrence collective prendre la place de l’autre pour dominer à son tour au lieu de revendiquer une position d’égalité, de réciprocité et de respect mutuel.

Il n’est certes pas mauvais de rappeler que toutes les haines ne se valent pas. Encore faut-il préciser . Il y a la haine des dominations, des oppressions qui porte sur des processus abstraits, ceux qui surplombent les humains disait Jean-Marie Vincent. Ces haines sont légitimes. Ces processus sont certes mis en oeuvre par des acteurs sociaux qui en bénéficient mais ce qui est vivement condamné ce sont les dispositifs de domination mis en place et non les personnes elles-mêmes. Il est normal par contre de bien montrer le bénéfice retiré par la captation et la prédation. Mais, il ne faut hair ni le Noir ni le Blanc, pas plus d’ailleurs qu’il ne faut aimer le Noir ou le Blanc. Naiveté ? Il faut hair la racialisation et le racisme et aimer les humains, les femmes et les hommes, les homosexuels et les hétérosexuels, les proches et les lointains, les nationaux et non nationaux.

Si combat il y a, il est ailleurs. Contre les prédateurs au plan social, environnemental et démocratique. C’est ce que font ATTAC, la Fondation Copernic, le CADTM et d’autres acteurs de l’altermondialisme. Ne pas se tromper de colère. La dimenssion antisexiste est partie prenante du combat social, démocratique et laique.

Christian DELARUE

Je suis membre du MRAP mais cette défense n’engage que moi. Elle n’épuise pas la question abordée. Ce n’est qu’une contribution.