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Perspective socialiste. M Gros (NPA)

jeudi 29 mai 2008, par Amitié entre les peuples

jeudi 29 mai 2008 (10h05) :

L’initiative de la LCR pour la construction d’un Nouveau Parti Anticapitaliste est une volonté en quête de sa nomination.

PERSPECTIVES SOCIALISTES.

Pour une nomination.

Contribuer à la nomination d’une organisation révolutionnaire, avant toute construction de sa structure, c’est penser à la fois la réalité de l’idéologie dominante, les modalités de sa négation et une nouvelle vision du monde. Contribuer à la nomination d’une organisation révolutionnaire est une obligation de fond plus qu’une obligation de forme.

Ce qui, jusque-là, avait été donné à penser de la nécessité d’un changement radical à travers les analyses critiques et les luttes, semble aujourd’hui jeté aux oubliettes d’une Histoire qui se rêve définitive. Le capitalisme, pudiquement appelé « économie de marché » ou « libéralisme », s’annonce sans scrupule comme l’horizon indépassable d’un monde devenu clos.

Le Parti dit abusivement socialiste contribue à cette résignation dans l’espace politique de notre pays. Ceux qui douteraient de la pérennité de cette résignation, au nom d’une focalisation nostalgique sur le terme de « gauche » auquel ce parti est assimilé, ne pourraient prétendre pour eux-mêmes à une « vision du monde » claire et déterminée. Ce terme de « gauche » qu’il faudra bien extraire des consciences pour la fonction de somnifère qu’il introduit dans les impératifs de la critique en acte du système dominant. Après tout, il ne s’agit là que d’une place occupée dans l’hémicycle d’une démocratie représentative tronquée.

À n’en pas douter, les conceptions pudiques du capitalisme énoncées plus haut posent elles-mêmes un problème de stabilité aux fondements de la critique en acte. Elles introduisent des lignes de fractures visibles jusque dans les stratégies politiques et un émiettement des forces disponibles aux tâches de la négation. Pour preuve, des myriades d’appels viennent encombrer le mouvement de l’unification des consciences, comme un écho à la multiplicité inutile des organisations.

Il y a bien une distinction qualitative à faire entre le capitalisme et le libéralisme. Une distinction qui porte sur l’appréciation de la nature fondamentale de l’économie mondiale. Une distinction qui décline des perspectives politiques différentes.

Le coeur de cette distinction serait à localiser dans le procès de la cause et de l’effet où auraient à se situer respectivement « le réel capitaliste » et « l’imaginaire libéral ». Car à ne saisir que les effets d’une cause, il serait manifestement impossible d’opérer une révolution.

Une révolution dont le terme lui-même s’estompe dans des chaînes signifiantes qui manifestent de l’action une approximation douteuse. « Gauche de transformation sociale et écologique » est sans doute celle qui forge la plus importante dimension concurrentielle. Mais elle file sa trame conceptuelle (et donc son échec) en s’adossant à la dimension de l’effet où « l’idéal libéral des Lumières » tente de se substituer à la causalité capitaliste.

À vouloir à tout prix se débarrasser des conceptualités critiques surgies concomitamment aux conceptualités du système capitaliste naissant parce qu’elles ont été maladroitement mises à l’épreuve dans le siècle de toutes les épreuves, cette forclusion altère le minimum de conscience historique nécessaire à la construction d’une organisation révolutionnaire.

Et c’est bien à cette construction que nous convoquent les ravages toujours plus grands d’un capitalisme « décomplexé » et hégémonique. Nous ne pouvons plus nous suffire des perspectives partielles et inopérantes jusque-là mises en avant dans les tentatives d’un nouvel oecuménisme de gauche qui oublie de nommer le capitalisme pour ne pas avoir à se dire socialiste.

Comprendre le capitalisme, construire sa négation communiste, imaginer une organisation socialiste : triptyque indépassable par lequel s’ouvrira la perspective d’un monde meilleur.

Michel GROS

Cannes, le 29 mai 2008


Voir en ligne : http://bellaciao.org/fr/spip.php?ar...