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Partis politiques de gauche et écologistes : Exiger d’eux la démocratisation des institutions ! C Delarue

mardi 21 décembre 2010, par Amitié entre les peuples

Partis politiques de gauche et écologistes : Ne pas cesser d’exiger d’eux la démocratisation des institutions !

Les démocrates atterrés par la monstrueuse dérive oligarchique exigent la démocratisation des institutions ! (Dazibaoueb)

La démocratisation est une réponse à la situation présente qui éloigne les institutions politiques (nationales et européennes) et leurs acteurs - les dirigeants - d’une très large fraction du peuple, du peuple-classe assujetti. Les dirigeants politiques fonctionnent entre eux et avec les grands dirigeants économique (MEDEF et autres) dans une univers oligarchique. La démocratie et le peuple y compris en activité de contestation n’ont que peu de prise sur eux. Les manifestations de rue et les grèves même prolongées n’empêche pas cette « noblesse d’Etat » de travailler pour la finance et les banques. Cet éloignement des « élites » des conditions de vie ordinaire du peuple-classe dans sa diversité pousse à l’autoritarisme, au caporalisme et à l’enrichissement des couches sociales d’en-haut . La classe dirigeante (politique) semble comme jamais en collusion avec la classe dominante (économique).

C’est pourquoi nous exigeons d’abord la démocratisation des institutions de la part de la gauche et des écologistes candidats au pouvoir afin de réaliser la sortie de crise. Pas de sortie de crise sans nous ! D’autant que pour une fraction de la gauche la sortie de crise signifie sortie du capitalisme. Mais avant de batailler entre régulationnistes et révolutionnaires il importe de commencer par la démocratisation. Ce premier chantier concerne la France mais aussi quoique différemment l’Europe.

1 - Qui veut sortir l’Europe de cette lamentable « économie casino » ?

L’économie casino en Europe est celle des marchés financiers et de leurs acteurs, les grandes, banques, le secteur des assurances, les fonds de pension mais aussi les autres firmes multinationales. Le capital financier n’est pas séparé strictement du capital productif, celui de l’industrie notamment et pas plus du capital de la distribution marchande. C’est que pour l’extorsion des taux de rentabilité à deux chiffres pour la finance il faut exploiter fortement la force de travail dans les grandes entreprises comme dans les petites, ce qui se traduit par intensification du travail, des salaires contenus, des heures supplémentaires de travail non payées, de la précarité. Et la dynamique ne s’arrête pas à ce secteur-là . Les fonctions publiques (Etat, territoriale, hôpitaux) subissent aussi la pression du travaillisme et des bas salaires. Les recteurs touchent des primes énormes pour « dégraisser » l’Education nationale ! Les licenciements sont l’avenir des fonctionnaires. La précarité sera le lot commun du monde du travail au plus grand bonheur des exploiteurs.

Avec ce résumé, qui mériterait bien des développements, on comprend aisément que ce n’est ni la droite au plan politique ni les syndicats patronaux au plan économico-social qui vont nous sortir de cette « économie casino ». Elle porte atteinte au monde du travail dans ses différents secteurs tant privé que public. Plus la crise s’approfondie et plus la droite néolibérale continuent de favoriser les banques et les marchés contre les peuples-classe d’ Europe. Finalement on arrive à un stade ou jamais les classes dominantes de chaque pays européen n’auront été aussi confortées dans leur pouvoir social et leur richesse matérielle au détriment du reste de la population.

2 - La gauche, les écologistes et les syndicats de travailleurs.

On devine bien que la solution est du côté de la gauche, des écologistes (pas tous) et des syndicats mais là encore il importe de faire des distinctions. Qui ne voit que tous les syndicats ne sont pas à l’offensive , que la gauche modérée n’a nullement l’intention d’enclencher des réformes structurelles à « rupture franche » et « effet cliquet » qui sont nécessaires. Cela concerne une large majorité du PS ainsi que les pro-capitalistes verts. Il y a bien des débats au sein du PS et de l’arc en ciel écologiste mais la tendance dominante est à l’accompagnement social et écologique du capitalisme. On n’entend guère de mesures osées.

Est-ce là une vison trop pessimiste ? Il y a toujours un socialiste à venir dire que cette fois-ci c’est bon on va aller à gauche vraiment même si on ne parle pas du socialisme. Ceux qui avait 20ans en 1983, au moment du premier tournant socialiste vers l’austérité savent que cela fait 27 ans que la gauche gouvernementale ne cesse de dériver vers l’approfondissement des injustices sociales. Ce n’est même plus de l’accompagnement social c’est de la casse complète ! Elle a montré à la droite le mauvais chemin : celui de la marchandisation généralisée et de la barbarie capitaliste. Les services publics sont rabougris et soumis à la rationalité marchande. L’usager est comme un client : il doit être solvable. Le code du travail est dépecé d’année en année. La sécurité sociale et la santé subissent chaque année des coups qui diminuent les protections attendues. A cette évolution il faut ajouter les dégâts écologiques auxquels on oppose la moralisation individuelle mais aucune mesure d’envergure concernant les gros secteurs nuisibles. Il reste que l’on a pas tout perdu au plan institutionnel. L’Etat social est encore là C’est peut-être cela qui fait que cette gauche modérée ne bouge pas plus. Elle pense pouvoir se permettre encore une certaine inertie en reprenant les commandes du pouvoir. Certains trouvent bon que Hamon attire les « gens de gauche ». Pour un nouveau vote de dépossession ? Mauvais esprit ou lucidité ? Nous ne sommes pas anarchistes mais nous voulons que les institutions et les organes du gouvernement soient démocratisées pour être au service des différentes couches populaires. L’Etat social va avec l’Etat démocratique. Il ne faut pas faire avancer le « social » en oubliant le « démocratique ». Surtout pas ! Il y a certes plusieurs façons de faire avancer la démocratisation. Mais poser l’exigence à nouveau c’est relancer la réflexion théorique et les engagements politiques concrets. Nous ne voulons plus de demi-dieux au-dessus de nous, surtout lorsqu’ils se retrouvent avec des jugements qui les discréditent.

3 - Du NPA à l’altermondialisme

A l’opposé de cette gauche de compris qui favorise toujours ceux d’en-haut on trouve un secteur activiste qui ne cesse de croire en la seule mobilisation permanente des travailleurs et avec de bonnes raisons. Mais ne faut-il pas relier la rue et les urnes ? Faut-il abandonner le projet démocratique au césarisme démocratique ? Sur cette base activiste on trouve des partis politiques tels le NPA ou d’autres d’extrême-gauche qui n’ont, semble-t-il, aucune envie d’aller prendre le pouvoir pour former un gouvernement au service du peuple-classe. Normal dira-t-on, ce sont des partis révolutionnaires qui sont là pour aider le mouvement d’émancipation mais pas pour le remplacer. Mais depuis quand l’émancipation doit abandonner le gouvernement à une minorité. La encore il convient d’indiquer des jalons de démocratisation des institutions . C’est d’autant plus important que « l’émancipation globale » n’est pas pour demain. Le meilleur moyen de redonner confiance au peuple tient autant dans le renforcement de la capacité d’auto-organisation pour les secteurs les plus près de ce type d’action que de redonner le sens de la citoyenneté par des changements réels à proposer et non par un éternel discours moralisateur des abstentionnistes. Bref nous formons l’espoir que l’extrême-gauche n’est pas vouée éternellement à l’impuissance. Car l’impuissance mène au dogmatisme et au sectarisme. Les jalons pour le socialisme sont à poser pour demain !

Sur cette vision qui laisse l’Etat comme une machine folle en lien avec la folie de la finance et au-dessus de la société civile se greffe une pensée altermondialiste de la société qui méprise les besoins de transformations politiques et sociales à entreprendre au plan étatique . C’est un peu comme si ce n’était pas possible de lier émancipation humaine et transformation sociale au plan politique institutionnel. Il y a là comme une coupure épistémologique, un impensé. Du coup, le pessimisme se gonfle. On dira alors « pessimisme de l’intelligence, optimisme de la volonté » ou « entreprendre pour espérer, persévérer pour réussir » ! C’est pourquoi l’altermondialisme est si actif ! Il ne dort quasiment pas mais n’agit que dans la société civile.

4 - Constituer un pôle hégémonique à gauche avec une composante verte.

Entre ces deux pôles de la gauche, il reste un nouveau venu porteur d’espoir pour le peuple-classe. Le Front de gauche devrait pouvoir se renforcer et s’élargir pour constituer une alternative crédible à gauche. Cela suppose ouverture vers les écologistes et ouvertures vers la gauche du PS et vers des membres du NPA. Ni gauche d’abandon, ni gauche d’impuissance campé hors du pouvoir d’Etat, cette gauche animée par le trio Mélanchon, Laurent, Picquet représente une réelle perspective d’avenir pour le peuple-classe. Mais répétons-le, elle a besoin de s’élargir et de se renforcer et de mieux articuler le social et l’écologique. Elle a l’avantage d’annoncer sa candidature pour le pouvoir en se démarquant d’un suivisme pro-PS. L’inconvénient tient dans la personnalisation et la médiatisation du leader du PG en vue des élections présidentielles. Ce type d’élection est nuisible à l’exercice de la démocratie authentique. Voilà qui au passage donne une piste pour débat et réforme vers plus de démocratie. Rien d’exceptionnel. Les experts y mettront toujours leur science mais les citoyens ordinaires sauront bien voir qui pousse vers le césarisme façon Sarkozy ou autre forme.

Au-delà de cette position, il y a posé en filigrane la perspective hautement politique de constitution d’un pôle hégémonique d’alternative rouge et verte. Dans ce cadre c’est la vraie gauche avec des écologistes anti-capitalistes qui pourront offrir des strapontins au PS. Dans ce cadre c’est la stratégie mitterrandienne du « baiser qui tue » (à G Marchais et au PCF) qui est renversée. Mais nous n’en sommes pas là. Il faudrait qu’il y ait de nouvelles décantations au sein du NPA et chez les écologistes. Critiquer le PG et Mélanchon n’est pas un souci. Le problème est vouloir rester en-dehors (pour le NPA), dans une attitude ou le parti politique est surtout une sorte de « super syndicat » travaillant pour les mobilisations mais sans volonté de s’unir à d’autres partis politiques pour aller construire un gouvernement du peuple (presque) pour le peuple et par le peuple.

5 - La question du mandat et des institutions politiques.

C’est là que l’on aborde la dernière chose qui fâche, la question de la séparation de l’élu et des citoyens, celle de la démocratie représentative. Ce qui fait que les promesses ne sont pas tenues c’est que l’élu s’éloigne du peuple. Eh bien exigeons des futurs élus qu’ils changent cet aspect des institutions. Mettons cette question de la démocratie au cœur du débat politique.

Un appel avait été lancé pour l’unité des collectifs dans une perspective similaire en octobre 2010. Poursuivons la démarche. Les institutions doivent cesser d’être des organes qui surplombent et dominent le peuple dans une démocratie . Les partis politiques de gauche et les écologistes doivent se déterminer sur ce type de réforme au lieu de gloser sur d’autres thèmes. Ainsi lors des prochaines élections, on saura tous que certains partis politiques viendront au pouvoir pour en transformer profondément son statut et son exercice et non pour recommencer comme avant.

Casser la V ème République en France et casser l’Union européenne pour construire autre chose , c’est possible avec une gauche d’alternative large. Pas de distraction, ne lâchons pas notre exigence !

Christian DELARUE

Appel à l’unité des collectifs, organismes et médias pour la défense des droits démocratiques.

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1264