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Ne pas faire entrer la « race » par la porte de service. C Delarue

dimanche 30 octobre 2011, par Amitié entre les peuples

Ne pas faire entrer la « race » par la porte de service

Dans un article de Zaheer Baber (Alternative Sud - CETRI) qui vise la critique de la position du sociologue indien André Béteille Baber défend - comme le PIR - la « race sociale » et le « théorème de Thomas » : « Si les hommes définissent une situation comme réelle, alors elle est réelle dans ses conséquences ». Mais ce qui est réel c’est le racisme pas les « races ». Les thèses de Zaheer Baber incitent donc à la racialisation et au « racisme inversé » qui lui même débouche sur le racisme tout court, interdit en France depuis 1972.

Contexte : A Béteille défend difficilement en 2001 dans le cadre de Durban le fait de ne pas assimiler le castéisme à une forme de racisme. Pour autant il a raison d’écrire « Nous ne pouvons pas rejeter le concept de race par la grande porte et le faire entrer par la porte de service, en l’utilisant pour la défense des opprimés. La métaphore de la race est une arme dangereuse, qu’elle serve à revendiquer la suprématie blanche ou des droits pour les groupes sociaux défavorisés. »

Les races n’existent pas plus biologiquement que socialement. Par contre le racisme est lui réel. Il vise à désigner un groupe racisé pour le dévaloriser et cela peut venir aussi bien de groupes perçus comme dominants - les Blancs - que de groupes perçus comme dominés - les Noirs. Socialement les Blancs occupent comme les Noirs toute la hiérarchie sociale à l’exception des sociétés fortement marquées par le racisme. Ce doit être encore le cas de l’Afrique du Sud mais aussi de bien d’autres pays. Même en Afrique du Sud la discrimination de rétablissement en faveur des personnes de couleur a permis de constituer une petite-bourgeoisie noire.

La racialisation (F Fanon) et même l’ethnicisation des groupes sociaux tendent à relativiser les conflits de classe et l’importance de la lutte contre les inégalités sociales ainsi que l’importance de l’établissement d’une communauté citoyenne conçu tout à la fois comme peuple démocratique mais aussi comme vecteur interculturel entre personnes issues de cultures différentes. Cela ne signifie pas qu’il ne faille pas lutter contre les discriminations racistes.

La lutte contre la discrimination raciste (sous toutes ses formes) ets bien à lier avec les luttes sociales du peuple-classe et avec les luttes pour une plus grande démocratisation. Le lien entre le MRAP et ATTAC doit être renforcés et non pas diminué.

Christian DELARUE