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Les directoires qui assurent l’hégémonie des grandes puissances

dimanche 22 mars 2009, par Amitié entre les peuples

Les directoires qui assurent l’hégémonie des grandes puissances

article publié sur ATTAC France le 29/01/2007

Groupe de travail ONU d’ATTAC

http://www.france.attac.org/spip.php?article6865

L’Organisation des Nations unies fut créée en 1945, afin « d’assurer le maintien de la paix et de la sécurité internationales ». Comme en 1919, avec la SDN, c’est au terme d’une guerre mondiale que les conditions furent remplies pour que les Puissances s’entendent sur un projet d’organisation mondiale. Les conférences fondatrices de Paris et de San Francisco répondaient à une forte aspiration des peuples de : « plus jamais ça ». Une volonté que reflète le Préambule de la Charte : « Nous peuples des Nations unies, résolus » à préserver les générations futures de la guerre, à croire dans les droits humains, à créer les conditions de la justice et à favoriser le progrès social « avons décidé d’associer nos efforts pour réaliser ces desseins ». C’est ce projet d’organisation universelle que le mouvement altermondialiste défend, en ce qu’il répond à une aspiration de la communauté mondiale.

Cela réaffirmé, des rapports profondément inégaux régissent les relations entre les États et le système des Nations Unies est instrumentalisé par les Grandes Puissances. La meilleure illustration de cette mainmise est le statut de membres permanents dotés d’un droit de veto accordé aux cinq Grands.

Depuis 1945, a été mis en place un étroit réseau d’agences, institutions, programmes et fonds des Nations Unies, d’organisations continentales et régionales, (voir tableau) qui décident de la guerre et de la paix, des politiques économiques et financières, des droits humains ou syndicaux, de l’émancipation de la femme, des choix énergétiques, de pallier la faim ou d’assister des réfugiés, de la survie de la planète. À la phase mondialisée du capitalisme, la fonction de ce réseau est d’assurer la « gouvernance » supranationale de l’économie néolibérale, logique libérale que l’altermondialisme entend modifier en dénonçant la hiérarchie des pouvoirs qui régissent les relations internationales.

Dans la nébuleuse des organisations internationales, les lieux où cette hiérarchie s’affirme et où les grandes puissances imposent leur stratégie hégémonique dans les domaines politiques, économiques, financiers et militaires sont le Conseil de sécurité, la Banque Mondiale et le FMI, le G.8 et l’OTAN.

Le Conseil de sécurité

La Charte fondatrice de l’Organisation des Nations Unies (ONU) a été finalisée à San Francisco aux États -Unis d’Amérique en juin 1945. En sanctionnant la fin de la Seconde Guerre Mondiale, elle a mis en place un dispositif adapté aux nouveaux rapports de forces, en remplacement de la Société des Nations (SDN) qui régissait les rapports internationaux depuis la fin de la Première Guerre mondiale. Le texte fondateur qui insistait sur les principales missions de l’ONU que sont la paix et la sécurité internationale, le respect du principe d’égalité des droits des peuples et de leurs droits à disposer d’eux-mêmes et la consolidation de la coopération internationale, a fait depuis l’objet d’amendements intervenus en 1963, 1965 et 1971. Ces amendements ont porté sur l’élargissement et les modalités de fonctionnement du Conseil de sécurité et du Conseil économique et social, deux des cinq principaux organes de l’ONU avec l’Assemblée générale, le Conseil de tutelle et la Cour internationale de Justice.

Au fil du temps la communauté internationale s’est trouvée confrontée à de nouveaux défis et pour y faire face a consolidé les mandats et moyens des organes subsidiaires hérités de la SDN ou mis en place de nouveaux pour contribuer à la réalisation des objectifs initiaux ou survenus depuis.

Aujourd’hui, le Conseil de Sécurité supervise le fonctionnement d’une dizaine d’organes subsidiaires essentiellement des Comités, Commissions, Missions et Tribunaux spécialisés en matière de maintien de la paix et de régulation de l’usage de l’énergie atomique, des essais nucléaires et des armes chimiques. L’Assemblée générale et le Conseil économique et social supervisent les programmes et fonds (une quinzaine), les instituts de recherche et de formation (5), les Commissions techniques (7), les Commissions régionales (5), les institutions spécialisées (17) dont le Fonds monétaire international (FMI), le Groupe de la Banque Mmondiale et l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le Secrétariat supervise les Départements et Bureaux ainsi que les 3 Offices de Genève, Vienne et Nairobi.

Ces organes subsidiaires ont pour la plupart amendé leurs mandats, rognant sur les attributions des autres ou occupant l’espace non explicitement couvert. C’est le cas du PNUD qui au départ devait mobiliser des ressources pour les allouer aux agences spécialisées et qui privilégie aujourd’hui la mission de réalisation des programmes et projets, directement par le biais d’une structure dépendante (OPS) ou par la modalité insuffisamment préparée d’exécution nationale. Le même PNUD a facilité la promotion d’activité longtemps sous sa responsabilité en fonds autonomes (PAM, FNUAP), avec des représentations coûteuses sur le terrain. Certains organes, spécialement les institutions spécialisées, sont dotés d’instances de direction élues par les États membres de l’ONU et disposent de ce fait de la même légitimité que les directions de l’Assemblée générale, du Conseil économique et social ou du Secrétariat.

Les enjeux mondiaux se déplaçant de plus en plus sur des thématiques nouvelles de la gouvernance, de l’environnement, du genre, de la pauvreté, etc. cela se traduit fatalement pas des dysfonctionnements, des conflits de compétence, des chevauchements, des déperditions de ressources et de moyens. Cela est particulièrement flagrant sur le terrain, dans les pays où la coordination peine à fonctionner correctement.

La réforme en profondeur de l’ensemble du Système des Nations Unies est à l’ordre du jour, avec de plus en plus de pression. Toutes les évaluations menées en la matière ont conclu quant à l’urgence de repenser son armature et son fonctionnement dans ses différentes composantes et non pas au coup par coup comme le recommandent ceux qui proposent la mise en place d’organes supplémentaires pour traiter de l’environnement ou du genre, alors que ces activités sont couvertes même insuffisamment pas des institutions existantes et leur création ne fera que compliquer la réforme globale attendue.

Le G8

Créé en 1975, Valéry Giscard d’Estaing, le G8 réunit d’abord la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie, les États-Unis et le Japon. Il accueille l’année suivante le Canada et en 1998 la Russie. L’ouverture du groupe à d’autres pays de façon permanente n’est pas, selon ses propres dires, à l’ordre du jour.
Le G8 n’est ni une institution ni une organisation internationale. Il n’a ni personnalité juridique, ni règlement intérieur arrêté, ni aucune structure administrative, pas même un secrétariat permanent, ce, bien qu’il fonctionne de manière continue. Enfin il ne prend aucune mesure à caractère obligatoire. Il s’agit donc officiellement d’un groupe de discussion informel, d’une procédure de consultation, ou encore d’un « club de grands pays industrialisés » selon ses propres mots. Partie visible de l’iceberg de la diplomatie mi-informelle mi-secrète où se croisent dirigeants politiques, patrons de multinationales, experts en tous genres et responsables d’ONG internationales, le G8 n’est certes ni le premier ni le dernier des groupes de pays illégitimes, non-démocratiques et non-transparents qui disputent le rôle de « gendarme du monde » aux instances légitimes – quoi que pas toutes démocratiques – que sont l’ONU, l’OMC et les Institutions de Bretton Woods (citons par exemple le Club de Londres, la Commission Trilatérale, le Groupe de Bilderberg, le Council of Foreign Relations, le TransAtlantic Business Dialogue, le Club de Rome ou encore le Forum économique mondial). Mais il n’est pas, comme le prétend le site officiel du sommet d’Evian en 2003, « qu’un club de discussion et de concertation parmi beaucoup d’autres ». S’il n’a en apparence aucun pouvoir décisionnel, il est de son aveu même un lieu privilégié de construction d’un consensus sur les décisions qui seront ensuite prises au sein des institutions de Bretton Woods (Banque mondiale et Fonds monétaire international, où les membres du G8 possèdent respectivement plus de 40% et plus de 50% des droits de vote), du GATT (puis de l’OMC, ses membres représentant les deux tiers du PIB mondial) et de l’ONU (où quatre membres du G8 sont membres permanents du Conseil de sécurité). Selon le site officiel du G8 d’Évian 2003, l’existence du G8 est ainsi justifiée « parce qu’il a une forte capacité de concertation et d’impulsion, particulièrement en matière économique, et qu’une bonne entente entre les membres du G8 est indispensable au bon fonctionnement des grandes organisations internationales ». Il semblerait cependant que cette « bonne entente » et cette « capacité de concertation » servent d’abord les intérêts de ses pays membres, et notamment leurs intérêts économiques.

L’OTAN

L’objectif de toute grande puissance est d’assurer sa domination politique, économique et militaire. L’Organisation de l’Atlantique Nord (OTAN) est la structure politico-militaire qui répond à une telle ambition. Son commandement militaire est assuré par le SHAPE (Quartier général), sa direction politique par le Conseil de l’Atlantique Nord qui, en application des directives des États membres et du SHAPE, est responsable des plans de défense et des plans nucléaires. L’OTAN, plus que tout autre centre de pouvoir, fonctionne hors de tout contrôle parlementaire et ses décisions sont couvertes par le Secret Défense.

Créée en 1949, pour faire face à l’URSS, avec l’objectif d’étendre le parapluie nucléaire états-unien à l’Europe occidentale, de contrôler une frontière allant du Cap Nord au Caucase et de renforcer le potentiel militaire des pays européens, il fallut, après la chute du Mur, lui donner une nouvelle légitimation. Le « nouveau concept stratégique de l’OTAN », adopté en 1999, précise au paragraphe 56 : « la sécurité de l’Alliance doit s’envisager dans un contexte global ». D’un système de défense militaire régional, l’OTAN devient alors le bras armé de la mondialisation économique, dessein qu’exprime clairement le sénateur Chuck Hagel : « Il n’y a jamais eu, historiquement, de partenariat ou d’alliance mieux placée ou plus capable politiquement de mener le changement qui aboutira à l’avènement d’un monde meilleur et plus sûr que cette institution que nous appelons l’OTAN. »

Cette stratégie exige l’extension de sa zone d’intervention à l’Eurasie, qui, selon la théorie de Brzezinski, « est depuis toujours l’échiquier sur lequel se déroule la lutte pour la suprématie mondiale ». Pour l’appliquer, le SHAPE est devenu, depuis 2003, le Quartier général unique de l’Organisation, et c’est de Mons (en Belgique) que sont dirigées les opérations de l’OTAN en Afghanistan, où sont déployés des soldats de 37 pays, dont certains ne sont pas membres mais sous commandement de l’OTAN ; en Irak, en coordination avec la force multinationale dirigée par les États-Unis ; au Darfour, où l’OTAN se contente d’assurer les transports aériens des soldats de l’Union Africaine et en Méditerranée avec l’opération Active Endeavour de contrôle et escorte maritime contre le terrorisme (opération à laquelle la Russie s’est proposée de participer).

Seul organisme militaire globalisé, l’OTAN, avec pour objectif majeur d’endiguer la Russie et la Chine, constitue l’expression la plus radicale de la confrontation entre grandes puissances.

Groupe de travail ONU du Conseil scientifique