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Le populisme c’est comme le cholestérol, il y a le bon et le mauvais. C Delarue

dimanche 28 décembre 2014, par Amitié entre les peuples

Le populisme c’est comme le cholestérol, il y a le bon et le mauvais.

Christian DELARUE
mars 2012 modifié oct 2013

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/200312/le-populisme-c-est-comme-le-cholesterol-il-y-le-bon-et-le-mauvais

Partons de l’idée simple que le populisme, c’est le souci récurrent du peuple par les élites, un souci qui cherche à préserver les intérêts multiformes du dit peuple. On pourra deviner, même sans trop connaitre les développements de la science politique sur le sujet, qu’il a existé et qu’il existe encore plusieurs types d’élites (wikipédia en donne 4) et plusieurs catégories de peuples (ethnique, nation, démocratique, social, etc...) et que donc, le populisme puisse donner lieu à plusieurs discours, plusieurs idéologies. Chacune s’adresse en effet à « son » peuple avec ses préférences (identitaires, sécuritaires, participatives, sociales, écologiques, etc...).

D’autant qu’il est rare, au temps de l’affichage démocratique généralisé, de dire et d’entendre que l’élite se préoccupe d’elle-même avant tout et des autres qu’éventuellement et pour des fins utilitaires (recherche de couches d’appui). Pourtant le néolibéralisme qui sévit renforce fortement ce comportement de corporatiste de la classe dominante. On parle alors d’oligarchie ou de ploutocratie (plus péjoratif).

En simplifiant, on soulignera que le mauvais populisme instrumentalise le peuple nation ou peuple national-ethnique à des fins nationalistes qui font le miel d’une bourgeoisie nationale mais qui ne sont d’aucun secours aux couches sociales victimes de la crise multiforme actuelle (depuis 2007) alors que le bon populisme s’adresse au peuple social au peuple-classe pour conforter ses droits.

Il faut rappeler la position d’une fraction des critiques du ou des populismes se fait au nom de la démocratie mais surtout d’un « peuple démocratique » (avec ses citoyens) nécessairement très séparés des élus et gouvernants et sans remettre en questions ces élites dirigeantes. Bien au contraire, la critique du populisme visera à les protéger . En général cette critique visera le populisme de droite comme de gauche au profit d’un débat centriste et modéré qui s’inscrit dans l’alternance (intra)sytèmique. C’est une critique qui vise alors l’alternative (extra)systèmique . On critiquera aussi bien Oliver Besancenot de la LCR que plus tard Jean-Luc Mélenchon.

C’est toujours au nom de cette démocratie que certaines élites vont se mettre à mépriser le peuple démocratique ou le peuple social de gauche. Cette critique renvoie dos à dos les différents populismes. Ils ne sont qu’une dimension inquiétante de la seule bonne démocratie délégataire dite représentative.

Malheureusement le peuple démocratique qui comprend tous les citoyens riches et pauvres ne peut être le seul évoqué. On comprend que la droite fasse appel à lui en pensant surtout à y intégrer les entrepreneurs vecteurs de croissance et les petites-bourgeoisies comme couches d’appui mais peine à y intégrer les couches populaires victimes de la crise, sauf les gros travailleurs contre les fainéants. A côté de la droite classique deux autres versions du peuple seront mobilisées : le peuple nation ou national-ethnique et le peuple-classe, un peuple social excluant la bourgeoisie. Ce dernier est défendu par la gauche.

1 - Mélenchon, comme Besancenot (avant), défendent un bon populisme.

Marine Le Pen représente elle le mauvais populisme . Elle ne sait
qu’instrumentaliser les peurs sécuritaires des vieux contre les jeunes
des banlieues, la peur des nationaux contre les migrants, mais elle ne
défend pas plus les ouvriers et employés pourtant durement sous
politique d’austérité que les homosexuels ou les femmes (sauf comme
mère).

F Hollande a pu défendre en creux, pour se faire élire, le peuple-classe. Il l’a fait en pointant les méfaits de la finance privée, devenu pouvoir au-dessus du peuple-classe.

Si la monnaie doit être un bien public (JM Harribey) et le financement un outil public pour le développement économique de la société il faut bien dire que la finance privée d’aujourd’hui n’est qu’un pouvoir, un pouvoir prédateur qui aspire des surprofits pour les grands actionnaires. A euthanasier rapidement !

Avec sa proposition d’imposition forte de la tranche supérieure, Hollande s’est montré aussi, dans un premier temps, le défenseur du peuple-classe et de la justice sociale. Encore faut-il noter avec Fabius que cette politique contre les très très riches ne durera pas longtemps. Le PS tôt ou tard fera alliance avec les forces du capital pour diriger le pays, et la distinction capital financier et capital industriel ne sera ici d’aucune aide.

Eva Joly (EELV) est dans le camp du bon populisme bien que cela
n’apparaisse pas franchement, sauf lorsqu’il s’agit des générations
futures.

JL Mélenchon défend plus sérieusement le peuple-classe
qu’Hollande et Joly bien qu’il ne distingue pas peuple démocratique, peuple-classe et peuple-nation. Le philosophe du Parti de gauche (1) ne le fait pas non plus. Il faut lire ici Laurent Bouvet (2) pour un usage de ces distinctions au sein du peuple, un usage qui permet de sortir du flou entretenu par les politiques sur ce mot. En l’état actuel de la campagne c’est JL Mélenchon qui parvient à obtenir le plus d’audience sur un bon populisme.

Quand aux représentants de l’extrême-gauche, à ce jour très marginalisés au plan électoral par la règle des 500 signatures et donc par les médias, ils sont eux aussi globalement dans le camp du bon populisme. Avec des variantes cependant. LO organisation plus ouvrièriste et centrée sur l’entreprise se distingue du NPA qui se veut anti-classiste, anti-raciste et anti-sexiste, et protecteur des générations futures. Cette distinction permet de reprendre le débat sur le « bon populisme ».

2 - Retour sur le débat sur le bon populisme.

Il ne s’agit pas de choisir la cause des migrants et/ou des femmes
contre les classes populaires comme le voudrait Terra Nova. Il ne s’agit
pas non plus de faire seulement strictement l’inverse, ainsi que Laurent Bouvet (2 ) semble l’indiquer. Il importe de faire l’un et l’autre et c’est possible. Il faut défendre plus que jamais le peuple-classe (qui rassemble les couches populaires et la petite-bourgeoisie plus aisée mais pas la classe dominante) mais aussi les droits qui s’opposent au racisme et au sexisme. Il ne faut pas oublier non plus les générations futures et donc l’alter-développement, plus orienté sur la production de valeur d’usage que de valeur d’échange.

C’est que la période contemporaine dite néolibérale constitue une
attaque sévère du capital contre les droits sociaux du peuple-classe
notamment des prolétaires mais aussi contre les migrants et les femmes. Et « l’économie verte » est une duperie car insuffisante du point de vue des exigences environnementales et trop destinée aux couches sociales aisées.

Christian Delarue

1) Note sur « Populisme Le fantasme des élites » de Benoît Schneckenburger

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article2218

2) Penser le populisme au travers des catégories de « peuple ». L Bouvet.

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article2215