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La corruption de Ben Ali à Sarkozy. C Delarue

mardi 8 février 2011, par Amitié entre les peuples

La corruption de Ben Ali à Sarkozy.

Les questions de corruption touche des domaines variés, celui de la vie citoyenne, de la République (le fameux « vivre ensemble »), de la démocratie, celui de la justice, de l’Etat de droit et du contrôle des élites, celui des rapports internationaux, celui de la diffusion des expertises financières, et d’autres champs encore. On pourrait dire qu’elle se répand aisément dans les sociétés ou l’argent est roi. L’accusation est certes facile car rapprochement n’est pas causalité. En tout cas la financiarisation de l’économie mondiale a sans doute accrue un phénomène qui est certes ancien.

D’aucuns trouveront osé un tel rapprochement entre un homme élu - N Sarkozy - et un dictateur : Ben Ali en Tunisie. C’est oublier que la forme démocratique de la nomination n’a que peu d’effet sur des pratiques politiques qui s’exercent ici dans l’ombre, hors de tout contrôle. C’est oublier que la France contribue activement là-bas, en Afrique, au maintien de la corruption. Enfin que N Sarkozy ne soit pas le premier Président de la République a laisser faire la corruption au plus haut niveau est entendu mais ce n’est pas une excuse. Remarquons qu’il a par rapport à ses prédécesseurs nettement favorisé le phénomène puisque sous son mandat les affaires succèdent aux affaires, tant ici que là-bas !

Dans les pays du Maghreb la révolte gronde contre les dictateurs et la corruption du groupe dominant au pouvoir. Cette corruption importante gangrène toute la société . Mais la corruption ne se limite pas aux dictatures. Dans les démocraties laissées à l’abandon d’un certain populisme - celui histrionnique et sécuritaire de N Sarkozy - la corruption est montante. Cynthia Fleury a raison de dire que cela déshonore les élites . Avec Machiavel elle signale aussi que c’est une constante du pouvoir ce qui signifie que son éradication totale semble utopique mais que la limitation stricte de son emprise est possible.

Le gros des élites en place depuis vingt ans ont passablement manqué d’envergure. Sans idéal aucun mais soumises à l’idéologie néolibérale elles se sont peu à peu préoccupées de leurs seuls intérêts personnels. Achetées par les grands possédants elles se sont vues contraintes de « renvoyer l’ascenseur » et de satisfaire par des lois ou des mesures diverses les intérêts des grands groupes au détriment de la justice sociale et de l’intérêt général. Mais il ne s’agissait en somme que de remercier celui qui vous avait largement « graissé la patte ».

Les lobbies sont aussi devenus plus présents, plus influents. Ce n’est donc pas que les humains qu’il faut incriminer mais le système. S’en tenir à la culpabilisation individuelle et ne rien dire des dispositifs qui entretiennent la corruption serait néfaste à la construction d’une meilleure démocratie.

On peut aussi pointer un certain usage du pouvoir : Jouer sur les ressentiments et les bas instincts populaires, exposer de façon ostensible son gout pour le luxe sont deux formes de divertissement qui dévoient la conscience citoyenne et qui affaiblissent la démocratie. Ces dérives permettent d’en cacher de plus graves. couvrir les fraudes fiscales, favoriser publiquement les riches (par un bouclier fiscal) quand le peuple est frappé par la crise. Le PDG de la banque britannique Barclays, Bob Diamond a ainsi prévenu fin janvier 2011 que « le temps des remords et des excuses devait se terminer ». Les bonus indécents vont revenir et certains vont dire qu’il n’y a pas d’argent dans les caisses pour financer les services publics ! La fiscalité n’est pas pleinement employée pour rétablir la justice sociale et les nationalisations des banques avec intervention citoyenne et des personnels ont bien vocation a réorienter les flux monétaires vers la production et non vers la finance parasitaire.

Enfin le refus (à droite) ou l’impuissance (à gauche) à réguler la sphère économique a favorisé le développement de ce que l’on nomme dans le monde des firmes transnationales « les commissions ». Loin d’un contrôle des firmes, l’Etat a au contraire soutenu ou au mieux « fermé les yeux » sur les « transactions pourries » des grands groupes. Loik Le Floch Prigent affirme lui-même dans son livre « Affaires Elf, affaires d’ Etat » (2001) que « l’activité industrielle classique s’accompagne nécessairement de mécanismes qui permettent le financement d’opérations opaques. » On sait que les banques des paradis fiscaux et judiciaires reçoivent ces commissions et qu’elles sont un maillon important de la chaine de la corruption. Clearstream, la banque des banques, a joué le même rôle de blanchiment (disparition de transactions douteuses) selon Denis Robert.

Christian Delarue

mrap co-fondateur d’attac

A consulter :

La rubrique « corruption » du site Paradis fiscaux et judiciaires est bien fournie.
http://www.paradisfj.info/spip.php?rubrique2

Des articles de Thierry Brugvin sur mondialisation.ca

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=listByAuthor&authorFirst=Thierry&authorName=Brugvin

Colloque sur les paradis fiscaux de juin 2010.

http://www.dailymotion.com/La-cabane-aux-fees#videoId=xe0fuc

Cynthia Fleury - Le " Déshonneur des élites

http://www.dailymotion.com/video/x93q0f_cynthia-fleury-le-deshonneur-des-el_news