Accueil > Antifascisme - Antiracisme > Régimes et idéologies fascistes ou de droite extrême. > Fascisme - crypto-fascisme - système autoritaire. > Formation antifasciste (26 avril 2013) - Pascal (CSR)

Formation antifasciste (26 avril 2013) - Pascal (CSR)

vendredi 24 mai 2013, par Amitié entre les peuples

Formation antifasciste (26 avril 2013)

Présent-e-s : Isa G, Jean-Jacques, Blaise, Azna, Sophie & Sophie
Intervenant : Pascal (CSR)

Formation antifasciste | paris.reelledemocratie.net |

1 - DEVELOPPEMENTS HISTORIQUES DU FASCISME

Le fascisme en ITALIE

 Au sens strict, le fascisme correspond au régime politique dit “fasciste”, en Italie de 1922 à 1945.
 Le fascisme arrive au pouvoir en Italie dès 1922, de façon fulgurante (passage d’un état groupusculaire à un mouvement de masse en 2 ans seulement) du fait notamment de la faiblesse et des divisions des organisations ouvrières.
 Au début, le fascisme italien n’est pas antisémite (l’antisémitisme de Hitler est vu comme une maladie par Mussolini), mais, dans les années 1930, le fascisme italien devient antisémite pour retrouver un nouveau souffle : premières lois antisémites en 1935, lois interdisant le métissage en 1937 et 1938 (concernant la colonisation de l’Afrique orientale - Abyssinie)
 Le mouvement fasciste italien est entièrement financé par le patronat qui s’en sert pour briser les grèves.
 Les mouvements paramilitaires sont des lieux de reclassement social : gamelle, uniforme, statut social... qui permettent au fascisme de recruter, sur la base de la dépolitisation.
 Mussolini écrase les ailes gauche et droite pour imposer un “fascisme centriste”
 Le fascisme en Italie apparaît comme un modèle pour le fascisme allemand, Hilter a beaucoup d’admiration pour Mussolini (ce qui n’est pas réciproque).

Le fascisme en ALLEMAGNE

 Le fascisme arrive au pouvoir en Allemagne avec plus de difficultés que le fascisme italien, car il doit faire face à une résistance du mouvement ouvrier mieux organisé qu’en Italie.
 Le parti nazi fait une tentative de coup d’État en 1923 (putch de la Brasserie) qui échoue, ce qui conduit à son interdiction : il passe alors de 55 000 à 5 000 membres suite à son interdiction.
 le nazisme arrive finalement au pouvoir, non par les urnes, mais par une alliance politique avec la haute bourgeoisie qui conduit Hindenburg à nommer Hitler chancelier sur proposition de Von Papen, alors que le parti nazi n’est pas majoritaire, et même en baisse dans les urnes. L’objectif de Von Papen qui n’est pas nazi (mais réactionnaire), est de se servir du parti nazi pour faire obstacle au “risque révolutionnaire” prolétarien croissant en Allemagne. Von Papen pense pouvoir utiliser Hitler et s’en débarrasser ensuite, et c’est finalement Hitler qui prendra le dessus
 Le parti nazi arrivé au pouvoir légalement (grâce à l’alliance proposée par la haute bourgeoisie en la personne de Von Papen) se maintient au pouvoir par la violence (actions des milices fascistes).
 Hitler a écrasé l’aile gauche du parti nazi menée par Otto Strasser (fin juin 1934, nuit des longs couteaux).
 En Allemagne, la fascisme se conjuge à l’antisémitisme, ce qui n’est pas forcément le cas ailleurs (au Brésil, le fascisme n’est pas antisémite ; en Italie, il ne l’était pas au début, en revanche, en France, une tentative de fonder un mouvement fasciste non-antisémite a échoué, et le fascisme français est antisémite comme en Allemagne) ;
 La montée du fascisme a eu lieu dans le contexte spécifique de l’Allemagne : ressentiment lié à défaite de 1918 perçue comme un “coup de poignard dans le dos” (idée que l’Allemagne aurait pu gagner la guerre s’il avait été décidé de la continuer), humiliations et poids des réparations, sentiment revanchard, nationalisme, recherche de bouc émissaire...
 Si fascisme et antisémitisme sont deux choses distinctes, c’est indubitablement l’accession du fascisme au pouvoir en Allemagne qui a rendu possible la Shoah, qui n’a pas eu lieu en Russie alors qu’il s’agit du pays ayant l’histoire antisémite la plus ancienne.

Le fascisme en ESPAGNE

Le fascisme en Espagne est une tendance dans le franquisme qui en est finalement évincée et écrasée, car le franquisme est avant tout un mouvement réactionnaire reposant sur une alliance avec l’Église. La dimension moderne et révolutionnaire du fascisme qui mobilise les masses est contradictoire avec le franquisme qui vise d’abord à conserver l’ordre établi.

SOCIOLOGIE DU FASCISME

Le fascisme se construit en particulier dans deux classes sociales :
 la haute bourgeoisie et l’aristocratie en rupture et s’inscrivant notamment dans des mouvements culturels révolutionnaires (ex. futurisme) ;
 les classes moyennes déclassées et fragilisées, qui ne rêvent pas de retour à la monarchie, mais de modernité, de protection (du marché national), etc.

Le fascisme a pour cibles aussi ces groupes sociaux :
 les marginaux ;
 les déclassés éprouvant le besoin de reclassement, de promotion sociale et de reconnaissance personnelle ;
 les personnes politiquement naives et peu scolarisées ;

Le fascisme au stade groupusculaire tend à faire de l’entrisme dans les corps armés : police, armée.

Dans les classes moyennes, on retrouve l’artisanat, le petit commerce, et le petit encadrement. Le milieu ouvrier regroupe ceux qui sont directement affectés à des tâches de production, que ce soit dans l’industrie, l’agriculture, le tertiaire...

L’artisanat et les petits commerçants peuvent être particulièrement sensibles au discours fasciste de dénonciation de l’État, en référence à leur autonomie dans le système productif (idéologie de la sélection par l’argent, du mérite, de la compétition...).

Le milieu ouvrier n’est pas le terreau privilégié du fascisme, car le milieu ouvrier est doté de ses propres organisations ouvrières qui lui permettent d’être moins impacté par le fascisme que les classes moyennes, qui, elles, ne sont pas dotées d’organisations équivalentes (sauf exception, comme par exemple le parti radical en France au début du 20e siècle).

Les mouvements confessionnels qui organisent les classes moyennes ne font pas barrière au fascisme. L’extrême-droite donne une structure organisée aux classes moyennes.

Le déclassement génère une frustration qui peut contribuer au développement du fascisme dans les classes moyennes.

L’idée que le Front national est un parti “ouvrier” est une idée fausse, car ce qui définit un parti ouvrier, c’est le poids des ouvriers à la fois dans la base militante et dans sa direction. L’audience électorale du FN dans le milieu ouvrier n’en fait pas un parti ouvrier, c’est un parti dominé avant tout par la bourgeoisie et des fonctionnaires.

Une personne a participant à la formation a demandé si la décomposition actuelle des organisations ouvrières ne risque pas d’exposer autant le milieu ouvrier au fascisme que les classes moyennes. Il a été répondu que c’était difficile à dire car ce n’était pas arrivé historiquement.

LE FASCISME ET LA GAUCHE

Le phénomène rouge brun s’illustre par cette citation privilégiée de Soral, qui est passé du PC au FN : « La gauche du travail et la droite des valeurs ».

Le fascisme naît dans le trouble “à gauche”, dans un mouvement culturel révolutionnaire.

G. Valois (http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Valois), le fondateur de la première organisation fasciste en France (Le Faisceau) était issu du mouvement anarchiste.

Les valeurs cultivées à gauche s’accompagnent d’une analyse nationaliste.

La fascisme tient un discours anticapitaliste, mais son anticapitalisme est confus, imprécis, verbal, abstrait et ne propose pas d’alternative au capitalisme. Mussolini était anticapitaliste au début, mais est devenu capitaliste 3 ans après son accession au pouvoir .

De même, le fascisme puise dans les thématiques démocratiques. Si E. Chouard ne tient pas des propos directement fascistes, on observe qu’il renvoie à Soral (dont les liens Internet se trouvent sur son site), et Chouard prétend que Soral n’est pas antisémite (http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2012/12/28/295-et-maintenant-twitter-au-fou#c12941) alors que l’une des activités principales de Soral est d’éditer des livres antisémites (http://www.kontrekulture.com/produit/la-france-juive, http://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Soral). Ce faisant, il se porte ainsi caution morale de l’extrême droite.

Une personne participant à la formation a demandé si le parti de Gauche présentait des aspects fascisants (État fort, etc.). Il a été répondu que certaines thématiques, par exemple anti-impérialistes et axées sur la nation, que l’on retrouve dans une partie de la gauche radicale remportent l’adhésion de l’extrême droite. Celle-ci voit les États-Unis comme un ennemi fondamental, car les États-Unis ont vaincu les puissances fascistes et nazies (de même, il y avait une partie de l’extrême-droite qui soutenait en France l’indépendance de l’Algérie parce que la France avait fait partie des Alliés...). La tradition dans laquelle s’inscrit le parti de gauche est néanmoins non-fasciste, puisqu’il s’agit de la tradition marxiste réformiste / révisionniste (au sens historique et originel du terme // Jaurès), a contrario, le fascisme est anti-marxiste, et pour la collaboration de classe (et non leur abolition). Le marxisme même réformiste du parti de gauche est diamétralement opposé au fascisme sur la question des classes sociales.

COMMENT DÉFINIR LE FASCISME ?

Le fascisme est un phénomène complexe, flou (et qui profite de ce flou). On peut néanmoins identifier des aspects fondamentaux du fascisme :

 l’autoritarisme, la hiérarchie, l’obéissance au chef (figure d’un chef charismatique), la discipline collective
 un mouvement moderne (programme d’industrialisation, grands projets...) voire révolutionnaire : le fascisme doit être distingué des idéologies réactionnaires visant la conservation de l’ordre établi...
 la haine de l’autre et donc le rejet de certaines valeurs de la modernité telles que l’émancipation des femmes, le mouvement ouvrier, les droits de l’étranger - ce qui n’empêche pas le fascisme de constituer ses propres mouvements de femmes, voire d’étrangers ou communautaires... (il y a désormais une organisation juive au sein du FN...).
 un système voulant instaurer la collaboration des classes et non leur abolition.
 un mouvement nationaliste, cultivant les valeurs de la nation comme creuset de l’appartenance collective.
 la violence et la militarisation de la société comme projet de société.
 une idéologie de crise.
 un discours anti-capitaliste, anti-système, porteur de thématiques “de gauche” (thèmes sociaux, démocratiques...), et donc semeur de confusion et de troubles ; l’anticapitalisme du fascisme est verbal, abstrait et superficiel (pas de proposition concrète d’alternative au capitalisme), et le discours fasciste est avant tout simpliste, simplificateur, caricatural et moralisateur – il repose sur la dépolitisation et la naïveté.
 la mobilisation, l’endoctrinement et l’embrigadement des masses (à la différence de dictatures plus « classiques »).
 un mouvement qui naît de groupuscules, mais capable de massification rapide.

http://paris.reelledemocratie.net/node/1803