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Erich Fromm et l’homo consumens

lundi 14 mars 2011, par Amitié entre les peuples

Erich Fromm et l’homo consumens

- Une anthropologie freudienne engagée.

L’anthropologie de Freud est restée floue, peu développée. On trouve les principales traces dans quatre ouvrages : : Totem et Tabou (1912-1913), L’avenir d’une illusion (1927), Malaise dans la civilisation (1930), Moise et le monothéisme (1939).

Les successeurs de Freud ont développé des orientations parfois très divergentes. Si Erich Fromm a bien reconnu les mérites de Willhelm Reich sur l’expérience sexuelle il ne l’a pas suivi sur sa vision politique d’une jeunesse sexuellement libérée. Sur ce plan E Fromm a défendu le mouvement Hippie et s’est attaqué au consumérisme.

Il écrit dans « Revoir Freud » : « La consommation est la forme aliénée d’être relié au monde en transformant celui-ci en objet d’avidité plutôt qu’en objet exprimant notre intérêt ou notre préoccupation. » Le propos est radical.

On peut trouver la généralisation d’Erich Fromm excessive. C’est que ce n’est pas ici seulement la surconsommation qui est critiquée mais la tendance contemporaine à « avoir » et non à « être. L’homo consumens s’inscrit tout entier dans »l’avoir« . Il se développe »comme mode passif et objectal d’accès au monde ou l’objet vampirise le sujet".

A propos de la sexualité il observe que « si le rapport sexuel ne coute rien (sauf précise-t-il le contraceptif) il suscite des dépenses indirectes variées pour rehausser l’attractivité sexuelle. »

- Une critique un peu sévère et rigoriste

C’est peut-être à ce stade que je le trouve un brin austère et victorien. C’est déjà à cette époque (ce livre sort en 2000 en France) que pour ma part j’ai distingué ceux et celles qui se contentent d’une belle présentation de soi (ce qui touche aux vêtements, aux bijoux et aux soins du corps) de ce qui est objets extérieurs, notamment pour les hommes, la belle voiture, une belle maison, etc...

Contre Erich Fromm je trouvais normal un certain souci de soi, et donc à ne pas rapporter systématiquement à l’aliénation ou au narcissisme, mais excessif la tendance du capitalisme à produire une séduction extra-corporelle, liée à la possession d’objets très couteux. Cela concerne beaucoup les hommes . Pour être bref : La voiture ne doit pas être une belle veste ou une belle chemise !

Si l’on accepte cette philosophie des rapports humains sexués et notamment de la séduction, alors les artifices de séduction féminins liés au corps sont parfaitement normaux (sauf excès manifestes de certaines stars) et ce serait l’austérité qui témoignerait d’un problème d’acceptation de soi comme être sexué.

Par contre, le gout des hommes de vouloir séduire par l’avoir matériel et le pouvoir qui lui est lié est plus signe d’aliénation. Il y a là inversion de la critique ordinaire. Dans cette voie, on peut juger positif l’apparition des bijoux de fantaisie car cela démocratise une certaine « féminité » pour toutes les femmes pauvres (pas trop) ou riches. Je ne parle pas ici de féminité de nature mais de féminité conventionnelle, celle d’une époque et d’une zone géographique.

Christian Delarue

Contribution au débat sur l’addiction à la consommation.
http://www.blogg.org/blog-44839-billet-1303608.html