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Débouché de la démocratisation : alterdémocratie et utopie démocratique. C Delarue
samedi 31 janvier 2009, par
DEBOUCHE DE LA DEMOCRATISATION : ALTER DEMOCRATIE ET UTOPIE DEMOCRATIQUE
Brève note sur des contributions récentes et brève contribution pour la CNCL d’ATTAC des 7 et 8 février 2009.
1 - La base critique commune.
Comme l’indique le titre de « Voter et se taire ? » le petit ouvrage collectif de la Fondation Copernic la démocratie ne se réduit pas au vote, loin de là. Et même le vote tel qu’organisé constitue de fait un acte de confiscation du pouvoir populaire. La Fondation Copernic rejoint ici ATTAC et d’autres acteurs critiques de la démocratie libérale existante.
L’alter-citoyenneté est un concept à préciser : Elle est ce qui permet l’intervention et la prise de décision hors de l’acte de vote ordinairement constitutif de la citoyenneté. Une prise de décision non réservée aux membres privilégiés des instances diverses de gouvernances. Participent, pour certains, de l’intervention citoyenne - dans un sens encore plus extensif que l’alter-citoyenneté - les actes collectifs revendicatifs tels que les manifestations ou les grèves. Dans la mesure ou ces gestes collectifs ne débouchent pas sur une décision précise voulue de chaque participant on ne saurait parler ici véritablement d’intervention citoyenne.
« Faire vivre les mécanismes démocratiques ne tient pas à telle ou telle réforme constitutionnelle. Ne suffisent pas davantage ces postures d’indignation aussi commodes qu’incapables de modifier les conditions d’existence concrètes. Ces propos de Willy Pelletier peuvent sonner comme des critiques aussi bien de ceux qui plaident pour la seule réforme des moyens que de ceux - et j’en suis parfois - qui s’en tiennent trop souvent à des critiques sévères qui peinent à déboucher sur des pratiques transformatrices. L’amour de la démocratie (si l’on veut prendre le contrepied du fameux »la haine de la démocratie") impose d’être vigilant sur ces aspects.
2 - Débat à reprendre sur l’utopie de la « souveraineté populaire »
Autre point de vue : Dans son analyse « La démocratie comme idéologie » (2), Denis Collin est lui aussi fort critique contre les démocraties existantes« mais en disant haut et fort qu’il ne croit pas à »tout le pouvoir au peuple" et qu’il y a donc toujours des individus qui disposent du pouvoir. (Reste à savoir lesquels ? Comment arrive-t-ils au pouvoir ? Quel contrôle ? et dans quelle société globale ?) Penser le contraire serait utopique.
Il propose donc de rompre avec une certaine utopie démocratique qui se trouve en filigrane d’un texte sur l’alterdémocratie . Mais en filigrane seulement. Autrement dit, quoiqu’on puisse penser de son analyse elle ne me semble pas contradictoire avec les notions d’alter-démocratie (3) et de peuple-classe. L’alter-démocratie postule un changement qualitatif et quantitatif sérieux et repérable avec les démocraties libérales restreintes (4).
3 - Débat dans ATTAC : à propos des thèses sur la démocratisation.
Insertion 8 mai 09 : Les thèses en question, modifiées plusieurs fois n’ont été publiées sur le site ATTAC que le 8 mai 2009. J’ai signé la dernière mouture : Démocratie et transformation sociale : Douze thèses pour la réflexion d’Attac
Si le combat altermondialiste se veut un combat pour un autre monde il doit donc aussi ne pas oublier d’évoquer l’alter-démocratie. Autrement dit poser la question de la démocratisation comme processus est évidemment nécessaire puisqu’il s’agit du moyen qui mène au but. C’est évident. Mais pour sortir de l’idéologie démocratique, il faut tenir les deux bouts reliés entre le processus et le but. Autrement dit il importe de préciser un tant soit peu le but avant d’envisager les moyens qui y mènent. Préciser le but ne signifie pas tout décrire de l’autre société voulue dans le détail mais au moins d’en tracer les grandes lignes. Cela complète à mon sens la description de l’état si peu démocratique des « démocraties » restreintes. Ce faisant, il ne s’agit donc ni d’être maximaliste en évoquant uniquement une alter-démocratie nécessairement lointaine puisque très différente de l’actuelle, ni d’être en deçà de la logique d’émancipation en prônant une démocratisation qui évite soigneusement de montrer les lignes principales du changement qualitatif et quantitatif.
4 - La socialisation entre étatisme autoritaire et citoyenneté rabougrie.
Ou « quand la démocratisation franchie un pas qualitatif vers l’autre démocratie »
La crise fait émerger une pensée alternative à dominante néo-marxiste qui se réclame d’un socialisme repensé . Cette pensée se déploie sur fond de revendication de démarchandisation et de démocratisation de la société et sur un axe qui valorise l’intervention citoyenne mais bien au-delà des élections ordinaires . On pourrait parler d’alter-citoyenneté pour signifier précisément que si l’on garde les conquêtes citoyennes du passé que l’on nomme démocratie représentative, le peuple-classe ne s’en contente pas car ils les trouve trop restreintes, beaucoup trop modestes. La démocratie représentative mérite d’être améliorée (sortir de la Ve République certes) mais de plus elle n’est pas la seule à devoir s’applquer. Autrement dit, d’autres interventions citoyennes sont possibles sous d’autres formes et pour d’autres champs que les traditionnelles institutions politiques. L’alter-démocratie est le nom donné à une nouvelle configuation démocratique qui inclue l’intervention citoyenne à la fois au sein de l’entreprise par exemple en améliorant le modèle coopératif et dans le cadre élargi de la planification éco-socialiste soucieuse d’un autre développement fondé sur la valeur d’usage et le respect de l’environnement.
Pour valoriser une individualité nouvelle ici et maintenant. Evoquer un alter-citoyen c’est bien reconnaître la place de l’individu mais une individualité agissante dans un espace démocratique ouvert au débat donc au-delà du cadre contraint et soumis imposé par les divers dispositifs du capital, au-delà des gestes du travail salarié et de la consommation de divertissement. Dire cela, c’est aussi reconnaitre la place de l’Etat mais sans le fétichiser mais au contraire en le concevant comme vecteur de socialisation. L’Etat n’es pas neutre. Il ne sert pas l’intérêt général. Sa défense de l’intérêt général prend la forme de la défense de l’union nationale autour des intérêts bien compris de la classe capitalste. S’il n’y a peut-être pas d’Etat capitaliste au sens propre du terme ainsi que j’ai pu l’écrire à tort il y a bien un autre Etat dont l’appareil administratif travaille, sous la pression du peuple-classe et non de la classe dominante, à la formation d’une autre société que l’on nomme socialiste, écosocialiste ou néo-socialiste (pour celles et ceux qui tiennent aussi à y rajouter la dimension anti-raciste,féministe et laïc).
Ce néo-socialisme du XXI ème siècle ne souhaite nullement orienter l’appropriation publique nécessaire à la démarchandisation vers un Etat autoritaire et totalitaire. Si l’Etat possède une dimenssion répressive incontestable elle doit être tournée pour la seule expropriation de la classe capitaliste et pour empêcher son retour au commande de la société. Actuellement l’Etat déploie son volet autoritaire et répressif contre la contestation du peuple-classe et en faveur de la classe dominante. Penser un autre Etat que celui les libéraux et que celui du stalinisme du XX ème siècle est nécessaire. C’est assi possible. Souhaiter son avènement suppose d’enclencher face à la crise systèmique un procesus réellement révolutionnaire au profit du peuple-classe. Nous sommes donc bien loin de l’Etat qui disparait au profit du chaos et des bandes militarisées ; Bien loin aussi d’un Etat néolibéral minimum qui assure la liberté des forces marchandes mais qui en cas de crise sollicite l’intervention de l’Etat pour sauver le capitalisme.
Christian Delarue
1) « Voter et se taire ? » de la Fondation Copernic (Syllepse - oct 2008) . Le passage cité est tout à la fin de « La démocratie n’est qu’un mot » de Willy Pelletier, sociologue, coordinateur général de la Fondation Copernic .
http://www.fondation-copernic.org/spip.php?article192
2) La démocratie comme idéologie par Denis Collin
http://denis-collin.viabloga.com/news/la-democratie-comme-ideologie
3) ALTERDEMOCRATIE / AUTRE DEMOCRATIE : LE TRAJET ET LE BUT.
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article115