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ATTAC : Que faire du capitalisme ? : Alternative contre refondation. C Delarue

jeudi 23 juillet 2009, par Amitié entre les peuples

ATTAC France : Que faire du capitalisme ? : Alternative contre refondation.

Distinguons deux débats : celui de l’Université d’été à Arles et celui portant sur le projet d’orientation.

L’université d’été dATTAC 2009 s’annonce porteuse d’une question passionnante. Que faire du capitalisme ? A priori, aucun tabou ne saurait ici freiner le débat.

Il en va différemment du projet d’orientation pour ATTAC qui pose aussi - trop en creux sans doute - la question de l’Alternative dans un cadre différent (plus contraignant car il détermine le profil d’ATTAC France).

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I - Amendement au projet d’orientation d’ATTAC .

Voir :
Proposer au peuple-classe une alternative crédible. C Delarue

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II - Arles 2009 : Que faire du capitalisme ? : Alternative contre refondation.

L’université d’été dATTAC 2009 s’annonce porteuse d’une question passionnante. Que faire du capitalisme ?

Capitalisme : le refonder (« altercapitalisme vert ») ou construire les alternatives constitutives d’un néo-socialisme.

L’intitulé sur le site d’ATTAC France ménage le suspense. Dès l’introduction on peut lire que « nos dirigeants, le G20 en tête, parlent de refonder le système, alors que la période actuelle fournit une opportunité de proposer de véritables alternatives ». Des alternatives incompatibles non seulement avec le capitalisme productivisme, non seulement avec le capitalisme financier mais avec la racine même du capitalisme. Ce qui nous mène vers une civilisation socialiste. Dans la même introduction on trouve la perspective nettement plus modeste, qui frise l’accompagnement social, environnementale d’un « néo-capitalisme vert et social-démocrate » à savoir : « Bâtir une société plus juste, plus démocratique, plus solidaire et plus respectueuse de l’environnement. »

1) Le débat sur le choix des mots ... et de l’alternative.

Des camarades (*) écrivent : « Crises sociale, écologique, culturelle et démocratique, le néolibéralisme est finalement porteur d’une crise globale, qui frappe tous les aspects de la société, et s’accentue d’année en année depuis le début des années 80. Mais il faut remonter plus en amont dans le temps, car cette crise globale renvoie à une problématique de civilisation qui s’était développée préalablement dans et hors de la sphère occidentale : dévastation de l’environnement, soumission de la personne humaine au productivisme. » Cette présentation mérite débat. Civilisation, productivisme mais point de capitalisme ordonnateur de la production de la valeur d’échange. Le débat porte sur ce type d’orientation dans ATTAC et dans d’autres cercles, comme la récente université d’été du CADTM à Wépion en Belgique. Que faut-il penser des termes qui une fois de plus élude la question de la racine systémique au profit de termes plus ambivalents comme civilisation, productivisme.

L’Alternative éco-socialiste consiste à combattre la barbarie qui monte, les multiples barbaries qui se conjuguent pour accroître les inégalités tant au nord qu’au sud et pour détruire les équilibres naturels.

Lire : Quel productivisme ? Quelle décroissance ?

2) Eco-socialisme ou la perspective de notre temps pour les altermondialistes (1)

Il ne s’agit pas d’un projet « clé en main », fondé abstraitement par MARX à partir de certaines de ses formules répétés par les marxistes orthodoxes. Il s’agit d’un projet qui découle directement du rejet de la marchandisation, de l’appropriation privée, de la démocratie restreinte des libéraux, etc... C’est sans doute plus un proto-socialisme qu’un modèle abouti, un état final et « hors sol ». Loin d’être « hors sol » il est pensé en contradiction des dynamiques existantes au sein du capitalisme dominant. Il est conforme à la méthoode visant à « partir de la réalité à changer » . Il s’agit d’un « processus de transformation radicale », nommé socialiste ou éco-socialiste

Lire (1) : Dépasser franchement le capitalisme... par une transformation socialiste !

3) Souligner la différence entre démocratie sociale et démocratie socialiste (2).

On pourrait dire aussi République sociale et République socialiste pour mettre en avant le souci de ce qui est commun, socialisé, d’appropriation publique et sociale en plus du volet démocratique. Cette différence tient à la présence ou non et à la taille du noyau dur capitaliste dans une société donnée. La République sociale encercle ce noyau dur capitaliste mais le conserve tel quel avec des aménagements secondaires alors que la République socialiste porte le fer de la dépossession du capital et de la démocratisation socialiste au cœur des rapports sociaux capitaliste. Je pense qu’il y a une différence qualitative qui est compréhensible et donc pédagogique même si la frontière peut être floue.

Lire (2) Les trois configurations démocratiques : libérale, sociale, socialiste.

4) La question de l’Etat et de la démocratie.

Débureaucratiser ce n’est pas supprimer les cadres de la fonction publique ! Débureaucratiser, c’est introduire des instances participatives avec de réels pouvoirs de décision soit de type délégataire (avec des instances tripartites de représentation : administration, personnel, usagers) soit de type citoyenneté directe.

Vouloir la démocratisation et la socialisation maximale s’apparente parfois à un grand saut dans le communisme en faisant l’économie de la transformation socialiste de l’Etat . Il n’est pas étonnant dès lors que certains préconisent le statut des coopératives (SCIC) pour accompagner la privatisation de La Poste ! Un choix qui motiverait un débat moins « gentil » car le statut coopératif annule le statut de la fonction public d’Etat qui est le meilleur statut du travail existant, même celui de la FP Territoriale constitue une version démembrée qui affaiblie la force d’intervention des fonctionnaires en lutte. C’est pourquoi la défense du statut du fonctionnaire avec refus de sa perversion néolibérale dont la réforme de mobilité est le dernier avatar est essentiel. C’est un bien commun des travailleurs œuvrant au déploiement de la production de la valeur d’usage (3).

Cela ne signifie pas non plus proposition exclusive de changement social « par en haut » bien au contraire. Le socialisme arrive par en-bas, et avec beaucoup de luttes sociales convergentes. Mais les auteurs d’Empire et d’autres ont trop négligé le fait que l’Etat existe et que la démocratie elle-même est organisée par des règles étatiques qui ne sont d’ailleurs pas toutes constitutionnalisées. Et l’économie sociale et solidaire (ESS) a d’indéniable vertus mais elle ne fera pas faire le grand saut dans le communisme par dessus la question de la transformation de l’Etat. Car il s’agit de distinguer l’appareil d’Etat qui sert à la coercition et à la répression et les développement de la forme sociale de l’Etat qui ouvrent une perspective de changement radicale. C’est pourquoi les théories sur l’économie non marchande sont essentielles et devraient être plus diffusées dans ATTAC et hors d’ATTAC. Des formations pourraient être organisées.

Lire (3) « Arracher la valeur d’usage avec les dents »

5) Rassembler mais sans cacher notre drapeau !

Cela signifie se garder d’une crispation intellectuelle, soit de fond soit tactique, qui consiste à la fois à ne pas être « anti », et surtout pas anticapitaliste (mais peut-être anti-productiviste) sans être pour autant « pour », au sens pour le socialisme mais pour une autre civilisation. Dans cette configuration d’esprit on est pour la « démocratie » sans dire laquelle on veut ou pour la « solidarité » sans dire avec qui et contre quoi ou qui ? Ou pour la « justice », autre mot vague qui permet le meilleur autant que le misérabilisme et la compassion sociale.

En fait il s’agit d’une question de projet : Il convient pour ATTAC de « prendre à bras le corps la question du capitalisme, mais d’une façon qui permet de regrouper à la fois celles et ceux qui veulent en finir avec le capitalisme, ainsi que celles et ceux qui veulent en réduire fortement le domaine d’activité, et de façon complémentaire réguler très fortement ce domaine » (Marc Delepouve). Soit . Mais pour certains le souci du rassemblement s’accompagne d’une volonté de rester sur les zones grises rassembleuse sans offre de perspective autre que de « dépassement », et non pas une perspective qui part de nos refus pour aller vers autre chose.

Cela mérite assurément débat. C’est pourquoi je propose la lecture des deux contributions suivantes :

Altermondalisme et crise : qu’une branche accroche le drapeau du socialisme

Productivisme et socialisme. J Cossart

Christian DELARUE

Membre du CA d’ATTAC
Elu au titre des membres fondateurs (MRAP)

(*)Jean-Michel COULOMB et Marc DELEPOUVE : Une nouvelle impulsion pour aller loin… avec le plus de monde possible !