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Laïcité, la contradiction secondaire a son importance. C Delarue

mercredi 6 mai 2009, par Amitié entre les peuples

Laïcité, la contradiction secondaire qui a son importance.

Un texte récent de l’UFAL parlait expressément de « camp laïc ». Dans le même temps un texte ancien (1) était de nouveau publié sur alterinfo nous intimant de rejoindre la camp de l’unité du peuple-classe ici et maintenant dans toute sa diversité y compris voilée. Dans le même ordre d’idée, à la suite du fameux « Choc des civilisations » il faudrait aussi choisir entre l’Orient et l’Occident. Quel est la place de la laïcité ? Est-elle un « camp » ? Dire que la laïcité est un camp signifie qu’elle est l’affrontement principal et que les autres formes de conflictualité sont secondaires. Cela peut effectivement être le cas à un moment donné d’une histoire particulière. Mais peux-t-on généraliser ?

* La multiplicité des contradictions sociales.

Dans la conflictualité sociale on distingue périodiquement l’affrontement jugé principal et les autres jugés eux secondaires. Le principal est ce qui forme la logique systémique qui porte atteinte à tous les champs sociaux ou presque. Les contradictions secondaires peuvent avoir une autonomie de développement tout en se nourrissant aussi de la contradiction principale. Par exemple, l’ennemi principal sera le capitalisme et le sexisme, le racisme et la laïcité seront des contradictions secondaires. L’impérialisme pourra être la contradiction principale forte diminuant l’importance du combat anticapitaliste interne des pays du Sud.

Cette façon de voir , longtemps dominante dans la gauche, est de plus en plus contestée. Tout d’abord, la thèse du patriarcat comme ennemi principal a été défendu il y a presque trente ans par Christine Delphy mais elle était minoritaire. Aujourd’hui l’idée de multiplicité de fronts de luttes à mener à égalité est beaucoup plus acceptée. Du moins dans le mouvement altermondialiste européen. De nos jours les contradictions se multiplient, ce qui génèrent donc des « camps » multiples avec parfois des congruences ou des complémentarités mais aussi des contradictions sources de clivages. Au plan intellectuel l’appréhension du réel peut faire la place au complexe mais sur le terrain politique les choix sont plus restreints et se résument en deux camps avec parfois une contradiction interne pas toujours facile à tenir.

* Pour un choix militant non absolument campiste.

Le devoir militant de choisir n’implique pas la totale soumission à un camp. Dans une première compréhension cela pourrait signifier qu’il serait possible selon les circonstances de choisir tantôt un camp ou tantôt l’autre sans que ce soit une trahison. Exercice difficile . « Tourner sa veste » continuellement signifie non seulement opportunisme mais surtout vacuité de position personnelle. En pratique ce changement de camp n’est pas aisé à vivre pour les non opportunistes car les manœuvres de récupération sont courantes. Une position prise en fonction de circonstances précises sera reproduite sur d’autres sites hors contexte, sans tenir compte des positions antérieures.

Il est aussi possible, et c’est la position ici défendue, de choisir par principe un camp sur la base de la « contradiction principale » par exemple le sud contre le nord quitte à, sur une problématique particulière, opter en position de critique interne à partir de la « contradiction secondaire ».

Bien souvent la contradiction secondaire sera alors soit la laïcité, soit le droit des femmes. Car dans le camp des dominés, il y a aussi des dominants et des oppresseurs. Il y en a même beaucoup en nombre et intraitable en qualité. En conséquence malgré le choix de défendre le Sud, à l’image d’un Jean Ziegler par exemple, il arrive souvent de critiquer les idéologies et les pratiques des hommes de pouvoir dans le Sud.

* Lutter ensemble, marcher séparément.

Organiser la lutte contre la droite et le MEDEF n’oblige pas à devoir supporter le voile islamique. C’est une réponse à aux musulmanes voilées qui disent : Le pouvoir divise pour mieux régner (1)

S’il faut éviter d’entretenir la confusion entre arabes, musulmans, et intégristes, il faut aussi ne pas confondre musulmane voilée et non voilée car il y a deux modes bien différents de l’expression d’une conscience religieuse qui n’est pas identique. Les intégristes sont voilées pas les autres. Il importe d’ajouter immédiatement que toutes les musulmanes voilées ne sont pas des prosélytes de l’islam radical. Néanmoins cet affichage ostensible et permanent pose problème. Il est excessif au regard de l’équilibre des tolérances et d’une régime de relations pacifiques. On ne saurait le méconnaitre. Évoquer un « intégrisme laïc » ne changera rien au phénomène. Montrer du doigt le pouvoir - Mitterrand et aujourd’hui Sarkozy - qui instrumentalise le voile à des fins de division pour mieux régner a aussi une portée réduite dans la mesure ou l’action contre le pouvoir peut s’exercer sans pour autant tout admettre dans son propre camp. Lutter ensemble, marcher séparément. Lutter contre le racisme est nécessaire mais cela n’oblige pas à supporter le voile islamique.

Un voile s’enlève du moins dans les cas ou l’on peut comprendre que se soit pénible à supporter. Les jusqu’au-boutistes voilées participent de la division qu’elles entretiennent.

Christian Delarue

1) CE QUE LE FOULARD NOUS VOILE : LE POUVOIR DIVISE POUR MIEUX RÉGNER

http://www.alterinfo.net/CE-QUE-LE-FOULARD-NOUS-VOILE-LE-POUVOIR-DIVISE-POUR-MIEUX-REGNER_a30136.html