Ni sanglot, ni arrogance, solidarité avec les peuples-classe du Sud ! C Delarue
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Ni sanglot, ni arrogance, solidarité avec les peuples-classe du Sud !
Suite de "L’amitié entre les peuples-classe subissant des dominations différentes"
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article600
Jean Ziegler (1) ne décolère pas. Il poursuit sans relâche sa tâche critique contre les élites occidentales qui méprisent les peuples, et ce en solidarité avec les peuples du sud . Ce faisant, il invite les altermondialistes à reprendre le flambeaux du tiers-mondisme (2) issu de Bandung (avril 1955) voire plus loin encore en remontant au "Congrès des peuples d’Orient" de Bakou (1920) mais avec de nouvelles analyses. Car il ne s’agit plus de solidarité entre Etats non alignés (sur aucun des deux blocs existants avant 1991 : ouest capitaliste ou est communiste) mais de solidarités entre peuples-classe. Il ne s’agit plus de colonisation proprement dite mais d’un renouveau de l’impérialisme. En somme, il ne s’agit plus de s’approprier les territoires par les guerres coloniales mais de s’approprier les richesses des pays du sud en achetant les élites politiques locales "indépendantes", en venant piller massivement les ressources du sud. Très massivement . Et la récente crise financière qui devient crise économico-sociale systémique se traduit au sud par une crise alimentaire sans précédent. En bon observateur de la réalité de la situation des pays du Sud depuis plus de trente ans J Ziegler souligne l’état d’appauvrissement des peuples-classes du Sud. Cet appauvrissement frappe aussi les peuples-classe du nord, couches-moyennes incluses (3).
La critique des responsables véritables.
Que font les dirigeants du Nord ? Ils poursuivent la mainmise des grands groupes industriels sur ces pays. Et lorsque un chef d’Etat d’un pays anciennement colonisé évoque les méfaits de la colonisation le Président du pays du nord ne sait pas s’excuser. Depuis "Le sanglot de l’homme blanc" de Pascal Bruckner soutenu à l’époque par Rony Brauman ou Claude Malhuret ou Jacques Julliard (auteur en 1978 dans /Le Nouvel Observateur /de "il n’y aura de socialisme africain que totalitaire"), la condescendance et le mépris envers les pays du sud, élites comprises, sont devenus la configuration mentale ordinaire des élites d’Occident, ce qui n’est pas sans effet dans une partie de la population . De ce fait, non seulement la repentance n’est pas à l’ordre du jour mais c’est avec arrogance que les dirigeants stigmatisent le non respect des droits de l’homme, le manque de démocratie, les infractions au néolibéralisme . D’ou la haine légitime qui monte du sud contre l’Occident ainsi que le signale Jean Ziegler en distinguant la haine pathologique, celle d’Al Quaida, et la haine raisonnée celle qui porte contre des mécanismes d’oppressions (mis en place par des dirigeants).
La haine va aussi contre les dirigeants du sud . Il ne sont pas que des lampistes, des boucs émissaires. Mais cette haine se manifeste sans oublier la responsabilité immense des dirigeants du nord. Car qui achète les élites du sud ? Qui s’emploie à une tâche soutenu de corruption ? Les responsables sont connus et dénoncés par Survie France depuis plusieurs années : il s’agit des réseaux aux ordres des dirigeants politiques et des dirigeants économiques, ceux qui décident de la stratégie d’expansion des firmes multinationales . Il faut arrêter cette machine de guerre infernale, politique, économique et militaire.
Amitié avec les peuples-classe : solidarité indéfectible et solidarité vigilante.
Le "ni Marx ni Jésus" de Jean-François Revel (Robert Laffond 1970 réédité en 2000) a laissé place au refus intransigeant de l’islam dans le cadre de l’idéologie dite du "Choc des civilisations " et à la critique biaisée de l’altermondialisme. Ce qu’ ignorent les suppôts médiatiques de la classe dirigeante c’est que l’altermondialisme ne soutien aucunement l’islam qu’il soit ou non radical . Ce n’est pas sa mission . Il ne soutient pas l’Orient pour sa religion ou sa culture. Il exige l’égalité, le respect des cultures différentes à l’exception des éléments d’oppression et de domination . En somme, il se montre simplement solidaire des peuples soumis à l’impérialisme, peuples qui peuvent le cas échéant embrasser un certain islam. Ce qui est très différent. Ensuite, ces peuples se donnent les représentants qu’ils choisissent. Là-bas comme ici, ils choisissent plus par défaut que par choix positif. Va-t-on alors, sans chercher à comprendre, dénigrer le fait démocratique et, ce faisant, renforcer les courants les plus autoritaires, ceux foncièrement anti-démocratiques ? Ne vaut-il pas mieux se montrer explicitement solidaire des secteurs les plus féministes et laïcs même si très minoritaire en plus de la solidarité envers tout le peuple-classe dans son ensemble ?
Certains situations font que le peuple-classe est invisible.
C’est le cas du peuple palestinien qui subit la guerre, qui n’a ni Etat, ni territoire. Les palestiniens forment un ensemble qui ne semble divisé que par des projets politiques. On ne voit, de loin, ni conflits de classe, ni ne conflits de genre. On voit un peuple qui aspire à devenir peuple-nation. Une solution socialiste au conflit dans la région placerait le peuple-classe palestinien (et israélien si bi-national) souverain dans les institutions ce qui signifie écart minimal entre l’élite sous mandat et peuple-classe.
Christian Delarue
1) Jean ZIEGLER : La haine de l’Occident.
http://www.pcfbassin.fr/Fichiers%20PDF/International/Jean%20Ziegler%20-%20la%20Haine%20Occident.pdf
2) Sur le tiers-mondisme lire "L’idéologie tiers-mondiste" : construction et usages d’une catégorie intellectuelle en "crise" par Maxime Szczepansky-Huillery
3) Une comparaison des hauts revenus, des bas revenus et des "classes moyennes" Une approche de l’évolution des conditions de vie en France depuis 25 ans
Régis Bigot
N° C238 - Novembre 2007
http://www.credoc.fr/publications/abstract.php?ref=C238