Accueil > Antifascisme - Antiracisme > Antisémitisme - anti-israëlisme - antisionisme . > Anti-sionisme, anti-israélisme > SIONISME ET RACISME - H Melchior

SIONISME ET RACISME - H Melchior

jeudi 17 juillet 2014, par Amitié entre les peuples

SIONISME ET RACISME par Hugo MELCHIOR

La création d’un Etat juif est la seule solution pouvant réellement et durablement assurer la sécurité aux juifs persécutés en Europe et dans le reste du monde.

Le sionisme, en tant que projet politique, peut être défini comme un colonialisme de peuplement. Son analyse est une porte d’entrée incontournable pour pouvoir rendre davantage intelligible le conflit israélo-palestinien. Si on ne comprend pas quelles réalités politiques recouvre le concept de sionisme, on ne peut pas comprendre pourquoi ce conflit semble désespérément inexpiable.

Le postulat sur lequel repose le sionisme a toujours été le suivant : « La Palestine est une terre sans peuple, les Juifs sont un peuple sans pays ». Le sionisme est censé apporter une solution à cette contradiction historique. La solution réside dans le colonialisme de peuplement. Dès lors, le sionisme repose sur la négation de l’existence d’un peuple en Palestine. D’où l’idée d’une terre qui serait totalement propre de revendications nationalistes. Les juifs pourraient, ainsi, revendiquer librement leur droit de propriété sur cette l’ensemble de cette terre sacré, sans que cela n’heurte les intérêts nationaux d’un quelconque peuple arabe, étant donné que ce dit peuple arable n’existe tout simplement pas dans l’esprit des sionistes.

Le mouvement sioniste s’est épanoui dans la deuxième moitié du 19em siècle dans un contexte politique caractérisé par l’essor des nationalismes en Europe et des espérances coloniales (le partage du continent Africain connait ainsi une accélération irrésistible dans les deux dernières décennies du siècle). Le sionisme, en tant que projet politique à savoir la création d’un Etat juif, se veut une réponse pragmatique et volontariste au phénomène de l’antisémitisme qui gangrène, alors, l’Europe entière sous des formes différentes selon les pays : en France, l’affaire Dreyfus témoigne de façon paroxystique de la prégnance d’un antisémitisme aussi bien dans la classe politique, notamment à droite, dans l’administration militaire que dans la société civile ; en Russie tsariste l’antisémitisme est d’Etat et en Pologne des pogroms sont perpétrés de façon régulières par la population. Aussi, pour les partisans du mouvement sionisme, dont le congrès de fondation se réunit à Bâle en août 1897, la sécurité des juifs passe nécessairement par la constitution d’un Etat juif indépendant qui servira de refuge à tous les juifs aujourd’hui persécutés. Pour les sionistes, les faits de violence à l’encontre des juifs prouvent que le choix en faveur de l’assimilation est une chimère et que jamais les juifs n’arriveront à se faire accepter en dépit de tous leurs efforts d’intégration. Ils demeureront considérés, en dernière analyse, comme des ennemis de l’intérieur contre lesquels il est nécessaire de se prémunir. L’antisémitisme étant consubstantielle aux sociétés européennes, expression d’une fatalité historique faisant des juifs les éternels boucs-émissaires, il n’y aurait par conséquence pas d’autres solutions que de disparaître de ces nations irréductiblement hostile, défiante et de pratiquer l’entre soi juif de manière séparée. Le sionisme repose, ainsi, sur ce deuxième postulat : seul un Etat pour les juifs peut apporter une solution durable et efficace à la question juive, c’est-à-dire à la question de leur sécurité physique.

La Palestine fut finalement choisie comme lieu d’établissement du futur Etat juif, du fait, notamment, de son caractère hautement sacré permettant aux sionistes, laïques et socialistes pour beaucoup, d’espérer, ainsi, pouvoir rallier à eux les suffrages des grands rabbins sur cette question de la création d’un foyer juif qui ne devait pas voir le jour, selon les lois fondamentales de thora, avant le retour du Messie. Les hommes ne devaient pas prendre l’initiative d’une telle entreprise. Ainsi, le sionisme a été considéré par beaucoup de religieux à l’époque, et encore aujourd’hui, comme une remise en cause intolérable de la volonté divine jouant le rôle d’accélérateur de l’histoire. Le problème qui se présentait, alors, aux sionistes, qui avait pour principal adversaire le courant assimilationniste très présent en Europe, était, qu’en 1897, 95% des habitants de la Palestine, alors sous domination ottomane, étaient des non-juifs. Aussi, le seul moyen d’espérer pouvoir résoudre ce déséquilibre démographique fut de recourir au colonialisme de peuplement. Pour les sionistes, étant donné qu’il n’y a pas de peuple en Palestine, que cette terre est libre de tout propriétaire, le colonialisme n’aura pas de dimension conflictuelle.

Ainsi, la négation de l’existence d’un peuple arable palestinien est l’un des piliers du projet sioniste. On nie le fait que les palestiniens forment un peuple et puissent donc avoir des droits nationaux à revendiquer. Cette négation de l’autre est caractéristique du sionisme jusqu’à aujourd’hui, elle en est sa colonne vertébrale.

Il faut également savoir que, fruit de son époque, le sionisme, en tant que colonialisme de peuplement, à l’instar de la colonisation européenne, s’investit d’une mission civilisatrice qui consiste à apporter la modernité sur cette terre, alors, enveloppée par les ténèbres de l’obscurantisme. L’idée force est de faire « faire fleurir le désert ». Le sionisme est, ainsi, l’expression politique, sinon d’un racisme hiérarchique, au moins d’un ethnocentrisme occidental.

Hugo Melchior

Doctorant Rennes II

Rennes 16 juillet 2014