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REPRENDRE L’OFFENSIVE CONTRE LE NEOLIBERALISME - C Delarue

samedi 6 septembre 2008, par Amitié entre les peuples

Reprendre l’offensive, c’est vaincre les obstacles qui empêchent de mener au niveau requis les luttes de classes pour de réelles conquêtes sociales.

ATTAC s’active pour faire reculer la marchandisation et le mouvement ouvrier syndical et politique (pour autant qu’il ne suit pas la pente droitière du PS) milite pour l’augmentation des salaires et une autre répartition des richesses. Ces deux lignes d’action devraient se compléter. Et toute force sociale qui œuvre à agir sur ces trois plans vise à l’établissement d’un autre monde fondé sur d’autres bases.

Partir des luttes syndicales de base en élargissant le propos.


1) Luttes pour le pouvoir d’achat partout !

Le renchérissement du coût de la vie (1) frappe une large fraction de la population à des échelles variables, et ce en France comme dans d’autres pays au Nord comme au Sud. Cela va des pauvres (2) à tous ceux et celles qui sans être pauvre épuisent totalement leur salaire ou revenus mensuels dans l’entretien de la famille et la reproduction de la force de travail (3). Et il ne faudrait pas, par misérabilisme instrumentalisé par les plus riches, oublier les couches sociales un peu plus aisées qui sont néanmoins sur la pente de la prolétarisation.

La question de revendiquer un salaire minimum en Europe se pose avec force. Des débats ont été engagés, des propositions faites, il faut poursuivre. Dans la foulée l’exigence de l’augmentation du pouvoir d’achat se fait pressante de mois en mois. En France il faut un dispositif de pérennisation automatique de ce dernier en lien avec l’augmentation des prix. Il faut abandonner l’idée de devoir se mettre en lutte à chaque fois que le salaire et autres revenus de substitution ou de complément stagne ou même régresse. L’adoption d’un mécanisme d’indexation salarial est bien un élément essentiel de justice sociale qui n’épuise cependant pas le sujet.


2) Combattre la dictature de la « main invisible » des marchés.

La finance est à la racine de « l’horreur économique » de l’immense majorité des travailleurs salariés au nord mais aussi des paysans et salariés au sud. Et l’environnement est menacé. Les alters d’ ATTAC comme les diverses forces qui se réclament du communisme ont raison de militer pour « l’euthanasie des rentiers » via des taxes notamment. Ce travail d’éducation populaire est difficile mais à poursuivre.

3) Pour que vive la valeur d’usage contre la valeur d’échange…

L’autre front porte sur le recul conséquent de la marchandisation, et ce aussi bien sur le plan du marché de la force de travail que sur le marché des biens et services.

Sur ce dernier point, il ne faut pas abandonner l’idée de la nécessaire reconquête des services publics et de la sécurité sociale ni même l’objectif de la nationalisation des principaux secteurs clés de la satisfaction des besoins sociaux, ceux du moins qui nécessite une distribution égale sur le territoire, égale ne signifiant pas un seul tarif pour tous mais un même système de péréquation tarifaire. D’autres secteurs peuvent s’accommoder d’une attribution à des coopératives dans le cadre de la relocalisation. En tout état de cause il s’agit de se placer dans une logique de droits sociaux et d’accès aux droits. Dans une telle logique il apparaît bien souvent qu’il faille rompre avec la logique de profit et de marché généralisé.

4) Pour que tous participent dignement à la production de l’existence sociale…

L’autre aspect concerne le retour au plein emploi et à la lutte contre le chômage et la précarité. Le code du travail voit son contenu protecteur des travailleurs salariés se rabougrir pour devenir un outil clairement pro-patronal d’une part de libre mise à disposition de la force de travail d’autre part de soumission et d’obéissance accentuée des travailleurs. La situation du chômage est une pression constante pour la mise en concurrence des travailleurs et pour l’acceptation de conditions défavorables de travail et de rémunération.

Il faut reprendre le projet de réduction du temps de travail sans perte de salaire dans la plupart des pays d’Europe et ailleurs. Et tout particulièrement en France ou ces réformes ont été mal menées ce qui a généré trop de souplesse profitable aux chefs d’entreprise et corrélativement de l’intensification du travail pour une immense majorité de travailleurs, cadres compris.

Pareille tâche ne saurait se faire sans penser « mondial », ce qui renvoie à la question de la lutte de classe au niveau mondial au travers le développement du syndicalisme, du renforcement de l’OIT, du rabaissement de l’OMC et des institutions financières internationales (IFI) telles la BM et le FMI. Concrètement, au-delà de la participation à de grandes manifestations internationales, c’est par le biais de la transcroissance des luttes d’un pays vers d’autres au sein d’un même continent que les meilleures chances de gagner apparaissent. C’est pourquoi la principale tâche de tout syndicaliste est de travailler à la constitution d’un rapport de force conséquent dans son pays. Puisque rien ne se gagne à froid ou par des luttes sectorielles de faibles ampleurs.

Avancer ensemble et gagner sur ces points des réformes qui inversent les logiques dominantes ce n’est rien moins qu’opérer une transformation socialiste de la société (4)

Christian Delarue

ATTAC et CGT Finances

1) Des chiffres publiés récemment par la CGT ( Note économique n°114, décembre 2007 (www.cgt.fr <http://www.cgt.fr> ) donnent un bon aperçu de l’évolution du coût de la vie au cours des dernières années. D’après ces chiffres, le poids des dépenses « pré-engagées » – loyer, crédits, impôts, assurances, etc. – représentait 45 % du budget des ménages en 2006, contre 41% en 2001. Chez les travailleurs les plus modestes, l’évolution est brutale : pour les 20 % des ménages les plus pauvres, ces dépenses incompressibles absorbaient 75% de leur budget en 2006, contre 50% en 2001 ! Pour ces ménages, sur la même période, le logement est passé de 31 à 44% de leur budget, et les assurances de 9 à 15%. Il est clair que, depuis 2006, le phénomène s’est encore aggravé, surtout du fait de l’augmentation rapide des prix de la nourriture. Dans le même temps, les quelques centaines de parasites qui contrôlent l’économie du pays ont vu leurs fortunes colossales franchir de nouveaux pics d’obscénité.

2) Les pauvres ne sont pas rares puisque plus de 7 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté (817 euros par mois).

3) Il s’agit de ceux - paysans, ouvriers, employés ou techniciens du privé ou du public qui ont « du mal à joindre les deux bouts » car ils perçoivent mois de 2000 à 2500 euros par mois. (Chiffre qui varie selon les situations : quel logement ? quelle famille ? qui travaille ? quel trajet domicile-travail). Le salariat peut se subdiviser en deux grandes catégories, d’une part dans le travail salarié en fonction du rapport d’encadrement et d’autre part hors travail en fonction des revenus la distinction entre ceux qui peuvent épargner en fin de mois et les autres qui sont à zéro ou endettés.

4) Je renvoie ici à :
Vers un néosocialisme vert : Etendre le marché ou le circonscrire ? - C Delarue

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article354