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La « religion » de l’Entreprise, ce Dieu-fétiche vénéré par la droite et le patronat (I). C Delarue

dimanche 24 avril 2016, par Amitié entre les peuples

Entreprise capitaliste(*)

La sacralisation de l’Entreprise (avec un E majuscule), ce Dieu-fétiche vénéré par la droite et le patronat.

NB : Il faut ajouter à ce texte écrit en décembre 2012 la gauche de Hollande qui préfère épargner les entreprises, en matière de retraite notamment, que les salariés, privés et publics, qui eux doivent payer toujours plus.

XX

Dans les sociétés sécularisées, « désenchantées » (Weber mais aussi Durkheim), il faut chercher des formes particulières du « religieux », sur d’autres aspects, beaucoup plus près il vrai de la valorisation fétichiste des machineries abstraites. La religion du sport par exemple. On a là une extension de sens largement usité (R Debray). On évoque alors le besoin de « religion civile » dans toute société.

Le XXI ème est annoncé comme religieux, religieux au sens du retour des religions et notamment des intégrismes, mais aussi sous des formes bien différentes, fort éloignées des croyances simples au surnaturel, au sacré, aux croyances classiques en un Dieu.

 L’Entreprise est de l’ordre du réel et de l’abstrait.

La notion d’entreprise est élevée abstraitement très haut, tout comme les notions englobantes, tout comme la Nation ou la Famille, tout comme aussi l’économie sans adjectif, et ce au titre de grand fétiche, avec majuscule évidemment, fétiche surplombant les humains tel un Dieu . Devant elle - l’Entreprise - le monde du travail salarié doit s’incliner, s’agenouiller.

L’entreprise n’est pas, sauf exception, au service des hommes et des femmes, ni même de la nature. Bien au contraire ce sont les hommes, leur force de travail, qui doivent être au service de l’Entreprise. Les humains sont sans majuscule, donc quasiment sans dignité. Sauf conquêtes maintenues du mouvement ouvrier. Idem pour la nature.

Là on voit que l’entreprise capitaliste est aussi de l’ordre du réel. Elle aspire la force de travail des travailleurs salariés pour recracher du profit pour les capitalistes. Tout comme elle aspire la matière des entrailles de la terre. Les travailleurs sont subordonnés. Le droit du travail confirme là ou le managérialisme évoque les collaborateurs ou collaboratrices qui ne le sont que soumis et rentables. L’entreprise ne contient que de la hiérarchie avec au sommet les ratios de rentabilité et de profit. Derrière cette abstraction il y a la classe dominante qui en profite.

 Revenons à la « religion » de l’Entreprise.

Dans cette affaire le patronat mais aussi le MEDEF se voient comme l’appareil religieux normatif de l’Entreprise, l’entreprise étant ce fétiche qui surplombe les travailleurs comme les clients comme les citoyens qui doivent être tous et toutes soumis(e)s à ses exigences. La nature aussi. Le vert doit être marchandisé, soumis à la finance.

Mais on aurait de ne voir que la droite et le patronat comme adorateurs et défenseurs de l’Entreprise. Le PS y a beaucoup d’adeptes depuis qu’ils ont abandonné dans les années 80 la notion critique de rapport social. Qui dit rapport social dit polarisation et opposition d’intérêts. Les uns font travailler les autres et ramassent la plus-value et les autres obéissent, travaillent toujours plus, toujours mieux : « plus haut, plus vite, plus fort » dit-on dans le champ de la compétition sportive olympique.

La vénération des fétiches économiques s’est déplacée avec le néolibéralisme. Comme le remarquait déjà Michel Husson il y a 15 ans (en 1997) (1), c’est désormais le fétichisme de la finance qui fait plier les échines. Le dieu Argent aime beaucoup le dieu Entreprise à l’exception de l’entreprise coopérative et des services public qui eux sont plus aisément et directement au service des humains et de la nature. En principe du moins (2).

Christian DELARUE

* Ce texte ne concerne pas les entreprises coopératives.

Notes :

Contre le fétichisme de la finance de Michel Husson

http://hussonet.free.fr/finance97.pdf

2) Sur l’exception lire :

Le clivage fondamental de l’entreprise capitaliste et le mépris de classe structurel des capitalistes. - Amitié entre les peuples

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article2818

aussi sur :

http://association.pour-politis.org/space/autre-monde/content/la-religion-de-l-entreprise—ce-dieu-fetiche-venere-par-la-droite-et-le-patronat-_F76BFEB5-3C84-47CF-8CD6-44C2A5860A3A

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/261212/la-religion-de-lentreprise-ce-dieu-fetiche-venere-par-la-droite-e