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DEUX CONCEPTIONS DE « L’AUTRE DEMOCRATIE » - C Delarue

lundi 14 juillet 2008, par Amitié entre les peuples

De l’alterdémocratie « de complément » à l’alterdémocratie « globale » et alternative

par Christian DELARUE

Cette contribution au Manifeste d’ATTAC vise à insérer le souci de généralisation des mécanismes démocratiques dans une compréhension des différents niveaux de vie démocratique.

La dynamique démocratique se trouve limitée par les forces sociales dominantes qui la borne à la démocratie libérale. Il ne faut pas confondre la dynamique démocratique et les configurations socio-historiques qui porte le nom de démocratie avec un adjectif : démocratie libérale ou démocratie occidentale.

I - LES SYSTEMES DEMOCRATIQUES RESTREINTS

Il s’agit d’un essai sur des repères qui sont autant de points de ruptures pour une vie démocratique qualitativement supérieure, pour préciser encore ce qu’est « l’autre démocratie » (2). Il ne s’agit donc pas de faire œuvre technique descriptive et comparative des systèmes démocratiques existants.

A) Les deux niveaux de démocratie restreinte.

Il y a deux niveaux de démocratie restreinte : une vraiment très rabougrie, une autre moins restreinte mais toujours très limitée.

 La « démocratie très rabougrie » se nomme « démocratie représentative » tel que mis en place dans la plupart des régimes dit démocratiques.

 La « démocratie restreinte » s’apparente elle à la démocratie représentative avec une « alterdémocratie » complémentaire, sorte de béquille de la démocratie représentative. L’ensemble forme encore une démocratie restreinte.

B) Les deux conceptions de l’alterdémocratie.

1 - La première conception : l’alterdémocratie de complément.

Quelle est cette démocratie complémentaire ou différente de la démocratie de base ? Voici ce que dit La Revue du MAUSS (*) de l’alterdémocratie (de complément) : "Le précédent numéro de La Revue du MAUSS dressait le constat de l’existence d’un malaise, à tout le moins, dans la démocratie. Le doute sur ses potentialités et sur sa réalité s’étend chaque jour un peu plus. Mais jusqu’où convient-il de désespérer ? La seule chose sûre est que, dans leur état actuel, les mécanismes de la démocratie représentative ne peuvent plus se suffire à eux-mêmes et qu’il faut revigorer l’esprit même de la démocratie. Ce sont les modalités, les potentialités et les limites de ces alternatives à la démocratie représentative - démocratie participative, associationniste ou directe, forums plus ou moins hybrides, organisations ou coopérations en réseau, etc. -, bref, de tout ce qui relève de l’alterdémocratie, que le présent numéro se propose d’examiner et d’évaluer, avec une réouverture symétrique du débat sur l’alteréconomie ».

2 - La seconde conception : l’alterdémocratie globale et alternative .

Ici l’alterdémocratie est conçue comme un ensemble totalement différent des systèmes démocratiques existants qui sont à « démocratie restreinte ». L’alterdémocratie est une visée et non pas simplement la béquille de la démocratie représentative. La conception réellement alter de la démocratie ne saurait s’accommoder de l’alterdémocratie complément d’âme de la démocratie représentative existante.

II - RUPTURE FRANCHE : L’ALTERDEMOCRATIE POUR UN ALTERDEVELOPPEMENT.

A) Rupture franche quand au champ d’application

L’alterdémocratie systémique fonctionne sur un champ élargi et embrasse le champ économique et donc provoque la décision citoyenne au-delà ce que l’on nomme ordinairement le champ politique. Elle relève de l’altermondialisme (un autre monde) et non de l’altermondialisation (les processus vers un monde plus ou moins meilleur).

Autrement dit, l’alterdémocratie globale suppose un autre contexte qui n’est pas seulement une autre répartition des richesses mais aussi un alterdéveloppement.

L’autre démocratie entraine une modification des rapports sociaux dans les entreprises par l’introduction de mécanismes démocratiques.

B) Rupture franche sur la dynamique systémique : un autre mode de production et de consommation.

 *L’alterdémocratie suppose une économie généralisée de la valeur d’usage.*

Une telle alter-économie implique donc l’appropriation publique, la généralisation des services public et la réduction de la sphère marchande, autrement dit de l’économie de la valeur d’échange, laquelle économie masque une économie de profit du capital alors qu’il s’agit de favoriser une économie de satisfaction des besoins. L’alterdémocratie n’est donc pas seulement afférente à l’économie sociale et solidaire, complément d’âme de l’économie capitaliste (2).

 *L’alterdémocratie suppose la mise en place d’une planification démocratique de la production.*

Il s’agit de réaliser un réel « développement durable » qui combine une autre production et une autre consommation. L’alterdéveloppement nomme un développement équilibré au plan écologique, territorial et un développement socialement postcapitaliste - écosocialiste (3)- donc réduisant fortement les mécanismes liés à l’exploitation de la force de travail ainsi que toutes les autres formes de domination et d’oppression que le capitalisme a « trouvé » en chemin et a maintenu voire amplifié.

Christian DELARUE

Groupe Démocratie ATTAC France
Membre du CA d’ATTAC France

Note :

(1 ) [ATTAC 35] Introduction : aller vers une autre démocratie, citoyenne et populaire

[ATTAC 35] Alterdémocratie

(2) L’altermondialisme n’est pas soluble dans le néosolidarisme -
Par Christian Delarue

(3) Sur l écosocialisme lire Mickaël LOWY Essai personnel sur Bellaciao : Un postcapitalisme écosocialiste