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Démondialisation et retour des peuples. Ne surtout pas laisser le peuple au FN ! C Delarue

lundi 13 juin 2011, par Amitié entre les peuples

Démondialisation et retour des peuples. Ne surtout pas laisser le peuple au FN !

Constribution au Conseil scientifique d’ATTAC sur :
Démondialisation et altermondialisme : Vifs débats de juin 2011. -

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1729

Chaque organisation politique est amenée à user de trois catégories de peuple : le peuple-nation qui grosso modo recoupe en France mais pas partout le peuple-souverain mais qui possède d’autres significations mobilisables. Il y a aussi le peuple à référence socio-économique - le peuple-classe. Enfin une notion « transversale » et « alter » a fait une brève apparition : la multitude. Elle est un peu l’élite des peuples, son volet internationaliste et même altermondialiste.

 Réancrer le débat dans le social est nécessaire : quel peuple ?

Si le FN est très et trop évoqué dans ce débat la question plus précise
« Quel peuple instrumentalise le FN ? » semble oubliée par les théoriciens de la « démondialisation » comme par ceux de l’altermondialisme .

En fait les altermondialistes ont longtemps ignoré l’existence des peuples (rien dans le « Petit Alter ») pour préférer évoquer soit la multitude pour certains, soit le plus souvent les citoyens dans un sens qui dépasse d’ailleurs le peuple-souverain. Le peuple-souverain exerce ses droits démocratiques au plan national le plus souvent et au plan continental plus rarement et jamais au plan mondial ou la démocratie est une aporie. Le retour des peuples arabes sur la scène des pays du Sud a permis de mettre en avant un slogan comme « les peuples contre la finance » d’une façon qui internationalise la référence au peuple. Agir pour étendre la citoyenneté est positif mais le réel ne suit pas le désir car aucun mécanisme n’est prévu pour l’exercice de la citoyenneté des peuples. Il y a que les mobilisations de résistance ce qui est peu en terme de citoyenneté.

 Quid du FN dans la proposition de « démondialisation » qui n’est pas
portée uniquement par l’extrême-droite et la droite ?

La réponse n’est pas simple : Le FN fait appel selon les circonstances
aussi bien au « peuple-nation », son fond de commerce au sens ethnique et organique qui ne tolère pas les « corps étrangers », qu’au
« peuple-souverain » quand cela l’arrange notamment dans les débats contre l’Union européenne. Il ’oublie pas le cas échéant de s’appuyer sur un peuple à contenu socio-économique - le peuple travailleur qui comprend aussi bien les patrons que les employés - pour stigmatiser les catégories parasitaires du bas de la hiérarchie sociale surtout . Il
s’agit parfois des gros rentiers (comme une certaine gauche) mais
surtout les chômeurs assistés, les immigrés ou même les
fonctionnaires-bras-cassés-qui-nous-coutent-de-l’argent-et-des-impôts-en-hausse.

 Quid de la gauche et des écologistes ?

Comparativement, la gauche et les écologistes pensent à la nation comme cadre républicain plus que comme peuple historique et ethnique . Ils voient dans le cadre national celui le plus pertinent de nos jours pour l’exercice de la démocratie ainsi que pour le développement des services publics.

Ce faisant ils n’oublient l’échelon continental ou mondial mais il s’agit là de projets ou de mobilisations minoritaires. Ils n’oublient pas plus les territoires régionaux ou locaux précisément car la démocratie s’y exerce. La démocratie représentative a beau être critiquée comme très délégataire et constitutive d’une sorte de caste politique voir d’une oligarchie il n’empêche que les peuples voient bien que c’est encore là et pas ailleurs qu’ils peuvent peser pour changer le cours des politiques menées.

La gauche socialiste ou communiste, lorsqu’elle use du peuple-classe
implicitement ou explicitement ne le fait pas dans le même registre que
le FN. Et c’est heureux. Elle ne vise pas les même couches sociales (moins les professions libérales riches et plus les travailleurs salariés et les paysans et petits travailleurs indépendants). Elle combat aussi la prédation exercée par le pouvoir de la finance qui se retrouve dans les mains des riches . Elle le fait pour établir plus de justice sociale (plus de salaire, plus de RTT, défense de la Sécurité sociale, des retraites par répartition, etc...) et plus de justice fiscale, pour réformer le système bancaire et le système fiscal. En bref elle défend l’Etat social qui est la chose du peuple-classe sous couverts de droits universels.

La gauche conserve des références de lutte de classes qui l’amène à prendre en considération l’existence d’une classe dominante la bourgeoisie (cf. le PCF, la GU et le NPA ainsi que la gauche du PS) qui ne veut plus de l’Etat social. Les écologistes avec Eva Jolly critiquent les nuisances de l’oligarchie contre le peuple-classe, l’environnement écologique et la culture.

Christian DELARUE