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La mondialisation capitaliste et les différents cadres de la géopolitique impériale. C Delarue

mardi 6 juillet 2010, par Amitié entre les peuples

La mondialisation capitaliste et les différents cadres de la géopolitique impériale.

Halklar kardestir - Amitié entre les peuples

Quelques mots sur la mondialisation capitaliste - qui ne se réduit pas à sa sphère économique - sont nécessaires pour comprendre les dominations diverses dans le monde. Abordons ensuite la question centrale de la géopolitique qui est par nature transnationale mais aussi multidimensionnelle, certains facteurs étant historiques et lourds d’autres plus récents mais néanmoins actifs.

I - LES TROIS VOLETS de la mondialisation capitaliste.

1. La mondialisation économico-sociale.

Elle forme l’infrastructure de la mondialisation capitaliste. La mondialisation économico-sociale se rapporte à la mondialisation financière mais aussi à la mondialisation économique globale sous ses aspects productif et marchand. Lorsque le nombre de firmes transnationales augmente de part le monde ce sont aussi les rapports sociaux capital/travail qui sont en augmentation. L’économique a toujours et nécessairement un volet « social » ainsi d’ailleurs qu’un volet écologique.

2. Le volet politique.

La mondialisation capitaliste n’est pas que du ressort de la société civile et de l’ordre de l’économico-social. Elle a nécessairement son volet politique qui est décisif . Il se scinde en trois secteurs :

1 - d’une part les interventions des Etats et des institutions para-étatiques continentales comme l’Union européenne,

2 - d’autre part les interventions des grandes institutions de marchandisation du monde dont l’OMC mais aussi les institutions financières internationales - IFI - comme le FMI et la BM. 

3 - Enfin il faut compter au niveau politique avec les G7 et G 20 ainsi qu’avec les forums économiques.

3. Le volet idéologique et culturel

Vient se greffer ici tout un ensemble de croyances, de mythes et de pratiques qui viennent conforter la domination du capital . Il y a le nationalisme qui pose un « nous » unissant bourgeois et peuple-classe, capital et travail, face à un « eux » - les étrangers - perçu comme menaçant ou comme inférieurs. La mobilisation des haines à l’encontre des autres peuples est un ressort actif des gouvernements d’appui de leur classe(s) dominante(s).

Pour autant, et là est la difficulté, on ne peut faire dans cette critique du nationalisme comme si les peuples n’avaient pas d’histoire. Il y a dans chaque pays des principes et des valeurs qui ont servi de puissants vecteurs de mobilisation populaire pour défendre ou créer les services publics nationaux, la Sécurité sociale... Dans chaque formation sociale il est aussi possible de dégager des courants critiques et émancipateurs sur lesquels prendre appui contre l’ensemble des forces conservatrices de l’ordre existant.

L’ordre culturel notamment avec ses aspects religieux peut venir à l’appui de l’ordre marchand du monde ou au contraire y résister. On ne saurait oublier ici que certaines résistances de type réactionnaires - retour de l’obscurantisme, de l’irrationnel, de l’autoritarisme par exemple - peuvent tout à fait faire le jeu de la mondialisation marchande. Ainsi, le communautarisme n’offre nullement une perspective de libération de l’ordre capitaliste. Entre relativisme culturel et refus de la multiculturalité, il y a cependant une tolérance réciproque « en équilibration » à promouvoir sur fond laïcité.

II - LA GEOPOLITIQUE MULTIDIMENSIONNELLE DES DOMINATIONS.

Qui dit géopolitique dit politique transnationale. La dire multidimenssionnelle signifie ne pas la réduire à l’impérialisme, ni au capitalisme même si ces dominations sont fortes. Quand aux résistances, elles prennent le contre-pied de ces dominations et oppressions.

On observe une géopolitique des Etats, une géopolitique des classes dominantes à commencer par celle du Nord ou de la Triade, une géopolitique des peuples-classe menée par les internationales ouvrières et le mouvement altermondialiste antisystémique, une géopolitique des minorités ethno-culturelle . Il y a encore la géopolitique issue du Choc des civilisations. En Europe il y a eu une géopolitique des PECO. Au sein des Amériques on peut lire une géopolitique de subordination de l’Amérique latine aux intérêts des USA.

1. La vieille géopolitique des Etats perdure.

Le droit international positiviste ne connaît quasiment que les Etats et assez peu les peuples. Les Etats demeurent les grands acteurs reconnus des relations internationales. Des changements sont en cours. Les BRIC - Brésil, Russie, Inde, Chine - tendent aujourd’hui à supplanter la domination des USA au plan mondial.

2. La géopolitique des classes dominantes

La richesse matérielle s’accumule au Nord, au sein de la Triade. La richesse des bourgeoisies se combine avec le pouvoir de pression contre les politiques. De façon coordonnée ou non, cette géopolitique est plus capitaliste qu’impérialiste car elle porte une attaque franche contre les peuples-classe de chaque Etat sans exception au nord comme au sud. L’intensité de l’attaque est variable ainsi que les modalités mais il n’en demeure pas moins que la lutte des classes dominantes est mondialisée. Ce qui ne signifie pas que les Etats n’ont plus de rôle dans cette « guerre de classe ». En réponse une géopolitique des peuples-classe menée par les internationales ouvrières et le mouvement altermondialiste antisystémique peine à se construire.

3. La géopolitique contre les minorités nationales ou ethno-culturelles.

On évoque ici les « peuples sans Etat », les minorités nationales implantées pour partie sur un ou même plusieurs Etats comme les kurdes. Ces peuples ne cessent de se faire entendre y compris de façon armée pour défendre leurs droits . Les projets défendus sont variables allant de la libération nationale couplée a du fondamentalisme religieux a la perspective socialiste soucieuse des droits humains. Dans le premier cas la dynamique scissionniste peut aboutir à la casse des structures de sécurité sociale nationale et de service public nationaux dans l’autre cas il peut s’agir d’une revendication de droits culturels ou linguistique compatibles moyennant des entorses mineures avec l’existence de services publics nationaux et d’une sécurité sociale nationale. Cette géopolitique est différente de la géopolitique pro-israélienne ou de la géopolitique du monde musulman qui se rattache peu ou prou à la géopolitique campiste dite du Choc des civilisations.

4. Le campisme et la géopolitique issue du Choc des civilisations

Cette géopolitique met l’accent depuis Samuel Huttington et le 11 septembre 2001 sur les dimensions démocratico-civilisationnelles pour invalider l’Orient arriéré au profit de l’Occident libre et moderne . Elle n’a pas qu’un effet idéologique néfaste au niveau du racisme réactivé . Elle a aussi des effets en termes de militarisme accru. Cette stratégie sert de justification aux interventions militaires dans les pays du Sud en fonction d’intérêts matériels plus ou moins tangibles. Il n’en est pas moins vrai qu’il existent des fous furieux de l’Islam radical obsédés de sexo-séparatisme et de théocratie. On en oublierait qu’il existe aussi de part le monde des juifs pro-sionistes, pro-israéliens tout aussi peu recommandables quoique placés du côté occidental et qui sont d’ailleurs défendus par les gouvernements des USA et de l’Union européenne.

5. Les géopolitiques continentales et transcontinentales

* En Europe il y a eu une géopolitique vers les PECO (1) comme une géopolitique des Etats dominants : axe franco-allemand.
* Au sein des Amériques on peut lire une géopolitique de subordination de l’Amérique latine aux intérêts des USA et de sa classe dominante.
* La Chine s’implante en Afrique et vient concurrencer la politique impériale de la France.

6. Géopolitique des oppressions sexistes, xénophobes et racistes.

La crise capitaliste a des effets sociaux qui portent non seulement sur les classes dominées - les travailleurs salariés et les paysans - mais aussi et surtout contre l’autre moitié de l’humanité : les femmes. Ces dernières subissent partout plus fortement que les hommes la régression des droits sociaux et de l’égalité de l’accès à ces droits.

La période actuelle a pour autre caractéristique une forte xénophobie contre les migrants dont le nombre est croissant. Le racisme sous de multiples formes génère des discriminations qui s’ajoutent aux inégalités sociales . Avec la diffusion de la thèse du choc des civilisations, la haine des musulmans, de tous les musulmans et dans tous les pays du nord, se profile avec force derrière le combat contre le fondamentalisme islamique implanté dans certains pays d’Orient

Ce racisme - à comprendre comme une colère qui se trompe d’objet - freine la construction des solidarités et des mobilisations entre les peuples-classe.

Christian DELARUE

1. La geopolitique de l’UE vers l’Est.

Note tirée de L’Europe de l’Est à l’épreuve des crises de système par Catherine SAMARY

Décennie 90 / 2000 : S’ouvre à l’ Est une période de « Privatisations sans capital » sauf pour les privatisations au profit du capital étranger en Hongrie et en Estonie . Les effets induits se traduisent par une montée du chômage massif et une montée des écarts de revenus très importants. On observe en conséquence une montée des mécontentements sociaux. C’est pour y répondre que l’UE se propose d’accueillir dix PECO en 1999. L’UE va pouvoir promouvoir sa politique de dumping social qui favorise non seulement la circulation des capitaux mais aussi les investissement directs à l’étranger (IDE) des entreprises transnationales. La circulation des capitaux a ouvert la voie à la bancarisation. La décennie suivante est celle du « capitalisme pur » (M Husson). La période de transition de « privatisations sans capital » est close.