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Comment les trois monothéismes ont-ils tué la femme ? C Delarue

mardi 29 mars 2011, par Amitié entre les peuples

HISTOIRE RELIGIEUSE D’UNE AMPUTATION SÉCULAIRE

Comment les trois monothéismes ont-ils tué la femme ?

5 mai 2010

Suite à une lecture antiraciste et antifasciste du Traité d’athéologie de M Onfray .

Le Traité d’athéologie de Michel Onfray et l’islamofascisme.

Entre temps, l’auteur vient de se faire rudement tancer par Elisabeth Roudinesco à propos de son dernier ouvrage contre Freud. (Mais je n’ai pas encore lu son dernier livre !)

A propos d’amputation...

Les trois monothéismes ne sont pas responsables des pratiques d’excision contre le plaisir des femmes même si ici ou là dans l’histoire cette pratique barbare s’est bien intégrée au sein de l’ensemble des pratiques religieuses, celle de l’islam surtout. Ils ont fait pire ils ont amputé les femmes de la complétude de leur être adulte.

1 - LA MERE ET LA FAMILLE PATRIARCALE

Les trois monothéismes - malgré leurs différences d’approche sur certains points - , ainsi que le note Michel Onfray , ont procédé autrement. Ils ont créé la mère et la famille patriarcale.

D’abord, l’homosexualité est exclue. C’est une constante.

Ensuite, l’homme qui devient mari et père reste un homme mais il n’en va pas de même pour la femme qui elle doit perdre son statut de femme en deux temps selon M Onfray d’abord en devenant épouse ensuite en devenant mère. Une éducation stricte contre la sexualité assimilée au mal et à la dépravation incite à la chasteté et interdit aussi la masturbation. Les contrôles sont rigoureux et les punitions sévères.

Pour ma part, je vois que la religion sous domination patriarcale fait disparaître la femme et avec elle le désir et le plaisir en trois temps plutôt qu’en deux : 1 en associant virginité avant mariage et mariage à sexualité exclusive ensuite (la polygamie ne change rien ici pour les femmes) puis 2 sexualité et procréation exclusive puis 3 éducation des enfants et vocation maternelle. Au hommes restent le travail... et les rencontres. Cette configuration d’oppression a perduré des siècles. Elle a durablement marqué les esprits jusqu’à l’avènement du féminisme.

2 - UN REGIME CULPABILISANT ET PUNITIF SEXUE.

Les hommes qui sont donc plus libres sont aussi nettement moins culpabilisés. Les religions ont aussi institué un régime différencié de la culpabilité. Les obligations de chasteté pèsent sur les deux sexes mais dans la réalité les jeunes hommes apprennent vite qu’il s’agit pour eux d’une faute vénièle alors que les jeunes femmes comprennent assez rapidement que pour elles la faute est gravissime.

Le problème - car il y a un problème - est que ces hommes ne rencontrent que des mères et pas de femmes. Les femmes n’existant pas la rencontre exclue le plaisir de la femme donc l’égalité et la réciprocité. La relation sexuelle est fondamentalement struturée par la domination. La domination n’est pas un jeu sexuel éventuel dans un environnement égalitaire mais le seul vécu possible : elle est la perpétuation de la domination extérieure dans l’intimité. En outre la domination n’est pas le pire car la rencontre est fondée sur l’adultère très sévèrement réprimée pour les femmes. A la culpabilité gravissime vient s’ajouter l’opprobre social au mieux et des sanctions très sévères au pire. L’islam est certes en tête des pratiques punitives hypersexistes du type lapidation mais n’en a pas l’exclusivité loin de là. Les autres religions ont pratiqué abondamment le tabassage punitif. La coutume s’est banalisée après la « mort de Dieu ». La sécularisation n’a pas éteint la violence. Elle a au mieux enlevé le discours de justification. Mais les masculinistes sont de retour.

Mesurons bien l’emprise de la religion mortifère qui se drape d’amour. Pour que les mères courent le risque de l’adultère il faut vraiment qu’elles aient envie de connaître les plaisirs qui leur sont interdits par la culture patriarcale et religieuse. Cela arrive fatalement. Pendant le mariage le plaisir est absent car la sexualité est limitée à la procréation et même au moment de procréer le plaisir est quasiment impossible du moins pour la femme. Le plaisir fait peur. C’est peu de dire qu’il n’y a aucune éducation à la sexualité tant pour les hommes que pour les femmes. Il s’agit bien plutôt d’une anti-éducation puisqu’on y apprend pas les usages raisonnables de la liberté pour soi et pour autrui mais l’évitement de tout signes de désir. Il faudra attendre les années 1970 et le mouvement féministe pour que les choses changent.

3 - LA NAISSANCE DIFFICILE DE LA FEMME AU XX ème siècle

Les féminises disent les femmes pour éviter une naturalisation, une essentialisation. Comprenons-nous bien, il ne s’agit pas ici de défendre LA femme modèle par rapport à d’autres femmes mais de l’avènement de la femme qui n’est plus seulement enfant ou mère. Mesurons qu’il s’agit bien d’une révolution. Une révolution non achevée avec de plus son thermidor.

La marchandisation du monde a libéré la femme de la religion patriarcale pour la faire basculer comme icône sexy. Le phénomène a donné lieu à la fois à un regain de religiosité réactionnaire dont le port du voile islamique est un avatar mais aussi fort heureusement à une conception féministe du corps. « Il m’appartient. J’en fais ce que je veux ». Formule qui fait pièce à fois contre la marchandisation charnelle et contre l’austérité religieuse. Cette position a permis d’enclencher un combat plus ferme contre la prostitution et contre la pornographie mais pas contre l’érotisme librement consenti. L’érotisme a toujours du à se défendre contre deux adversaires : la pudibonderie ancienne d’un côté et la marchandisation du sexe de l’autre.

On doit au féminisme et à la science d’avoir promu la pilule, l’IVG et avec cela une conception de l’égalité et de la réciprocité entre hommes et femmes. Évidemment l’égalité et le partage ne se limite pas à la sexualité libérée et à l’érotisme ; elle doit s’appliquer aussi dans et hors travail. Partout. Ce que refusent les masculinistes (croyants ou athées) qui aujourd’hui militent pour le retour au foyer des femmes au prétexte d’un dfférentialisme biologique et naturel. Ce sont eux aussi qui nient la violence des hommes sur les femmes.

Christian Delarue
Rennes