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« petite-bourgeoisie marxiste » : insulte aux « cadres » syndicaux marxistes

mardi 12 décembre 2017, par Amitié entre les peuples

« petite-bourgeoisie marxiste » : insulte aux « cadres » syndicaux marxistes

Cadre ou présupposé tel

I - DE LA CRITIQUE d’une expression...

A) Sur « petite-bourgeoisie »

Il peut vouloir décrire un groupe social. J’ai distingué trois « petites-bourgeoisies » . C’est un essai d’analyse . Ce peut être pertinent ou pas. Rien de stigmatisant en soi.

Le terme - cela a été dit (wiktionary) - peut aussi avoir un usage stigmatisant, insultant.

Le terme de « petite-bourgeoisie » a longtemps fonctionné comme notion stigmatisante, à savoir une accusation portée sur un groupe social qui dans son mode de vie tendait beaucoup à copier le mode de vie « bourgeois ». — (Blog alter de Christian Delarue : Les trois types de « petite-bourgeoisie » , Médiapart, 15 septembre 2011 modifié le 15 janv 2012)
https://fr.wiktionary.org/wiki/petite-bourgeoisie

B) Sur « petite-bourgeoisie marxiste »

Il est clair que c’est stigmatisant. Et sur plusieurs registres .

Comme les personnes visées ne sont pas ou peu des agriculteurs ou des artisans (ancienne petite-bourgeoisie) ou des professions libérales (nouvelle petite-bourgeoisie ) ou selon une théorisation plus récents (cf à Entre bourgeoisie et prolétariat. L’encadrement capitaliste selon Alain Bihr, il y a mensonge sur la catégorie ou le groupe réel . Il y dénigrement sur le statut réel : dire petit-bourgeois à un simple employé.

S’y ajoute le dénigrement élitaire classique du marxisme comme étant non pertinent du point de vue de l’émancipation. Cela s’adresse plus au marxisme mono-émancipation qu’à celui de pluri-émancipation, nettement plus dégagé des rigueurs du marxisme rigidifié par le stalinisme.

Citer un sociologue spécialisé des couches populaires qui n’a pas eu de perspective de libération de la condition ouvrière sauf dans le cadre restreint du capitalisme dominant est plus facile à un universitaire professionnel qu’à un militant instruit mais non universitaire. Tiens, Patrick Tort brillant matérialiste scientifique remarquait (citation à trouver) qu’il existe un progressisme limité qui s’arrange toujours pour se maintenir dans le cadre du capitalisme dominant. Les élites pro-PS en font partie.

Ce nouveau stigmate de « petite-bourgeoisie marxiste » vise du point de vue des élites de droite ou de centre-gauche (effectivement très rarement marxistes) les cadres ou même des militants et militantes de base engagées dans les organisations marxistes ou « marxisantes » ou lutte de classe, que ce soit un parti communiste (de type divers PCF ou FI ou NPA ou ...) ou un syndicat de travailleurs et travailleuses de type CGT (lutte de classe) ou proche (FSU ou SUD). Ajoutons l’altermondialisme - de nos jours - ou l’on trouve des libertaires critiques comme Philippe Corcuff (universitaire), mais aussi des marxistes ou des néo-marxistes ou des alter-marxistes (J Bidet et G Duménil) de niveaux variables : universitaire, leader d’opinion, syndicalistes.

II - ... à quelques BREVES REMARQUES sur le marxisme post-1990

A) N’y a-t-il pas besoin d’intellectuels marxistes ?

Il y a eu renaissance du marxisme quelques après les années 1989 - 1991 (fin de l’URSS et chute du mur) . Il y a désormais des marxismes. Daniel Bensaid a même évoqué des trotskismes (in Que sais-je ?).

La pensée marxiste s’est enrichie et diversifiée. Intégration de Bourdieu (P Corcuff) ou Castoriadis (P Khalfa) ou d’autres encore.

Le marxisme avec ses variantes relie toujours la théorie et la pratique. La distinction qui suit est donc très relative.

B ) Marxisme militant de celles et ceux qui organisent les mobilisations

A la différence du marxisme universitaire engagé dans les luttes théoriques il est engagé lui dans les luttes pratiques.

Le paradigme de la domination (et des dominations) venu de Bourdieu s’est infiltré dans les usages du marxisme militant, plus éloigné des rigueurs du marxisme universitaire. Un marxisme plus près de Rosa Luxembourg que de Staline est venu relier question sociale (la rue et les grèves) à la question démocratique (montée du « social » dans les institutions et les appareils d’Etat et « empowerment » plus général).

C) Marxisme s’essayant à des théorisations nouvelles :

La notion de domination reliée à la notion de rapport social peut servir aussi à la critique des intégrismes religieux sexoséparatistes (CD).

Pour ma (modeste) part je tends à distinguer un marxisme mono-émancipation (ex : libération d’une nation dominée) souvent issu du marxisme stalinien (ceci dit sans vouloir fâcher outre mesure) et un marxisme de pluri-émancipation(s). L’ex-LCR avait développé un féminisme « lutte de classe » et était très active et sur trois décennies svp dans la lutte antiraciste (j’en étais). La question écologique fut intégré au marxisme critique. Aujourd’hui le marxisme s’intéresse au populisme et pour ma part je défends la notion de peuple-classe multicolore et multitextile (99%) dans le cadre de la « réciprocité multiculturelle textile ».

Christian DELARUE