Accueil > Antisexisme - Féminisme > Reconnaissance (de soi , du groupe) / Mépris, réification, réduction. > Violence : Mépriser sans toucher ou toucher sans mépriser - C Delarue

Violence : Mépriser sans toucher ou toucher sans mépriser - C Delarue

jeudi 11 janvier 2018, par Amitié entre les peuples

Violence : Mépriser sans toucher ou toucher sans mépriser - C Delarue

http://amitie-entre-les-peuples.org/Violence-Mepriser-sans-toucher-ou-toucher-sans-mepriser-C-Delarue

Trois mois après « Balance ton porc » un débat français fait la une des grands médias. On évoque, dans un appel récent, signé par Catherine Deneuve et 99 autres femmes, publié dans Le Monde, le « droit des hommes d’importuner les femmes ». Des féministes y répondent. Des femmes répondent !

Il importe de souligner la particularité du moment avec cette tribune. On voit que des femmes sont plus masculinistes que des hommes. Car on trouve assurément des hommes - dont je suis - choqués de voir des femmes les autorisant à faire ce qu’ils s’interdisent (pour eux et pour leurs fils). Je ne me souviens pas d’une telle tribune de femmes (une centaine) défendant à ce point (c’est fort ici) le pouvoir masculin contre les femmes.

De ce jour, il faudra retenir qu’il risque d’être faux de mettre tous les hommes dans le meme sac honni des violeurs car de nombreux hommes s’abstiennent de dénigrer les femmes en tant que femmes, de les importuner parce qu’elles sont des femmes. Cette mise en communauté forcée est un procédé que je critique dans le champ de l’antiracisme. Il vaut aussi ici.

XX

Voici une réponse de Leïla SLIMANI, qui concerne la rue et pas un cadre déjà un plus intime ou on tente de savoir si on plait :

« Un porc, tu nais ? » Extrait :

Marcher dans la rue. Prendre le métro le soir. Mettre une minijupe, un décolleté et de hauts talons. Danser seule au milieu de la piste. Me maquiller comme un camion volé. Prendre un taxi en étant un peu ivre. M’allonger dans l’herbe à moitié dénudée. Faire du stop. Monter dans un Noctambus. Voyager seule. Boire seule un verre en terrasse. Courir sur un chemin désert. Attendre sur un banc. Draguer un homme, changer d’avis et passer mon chemin. Me fondre dans la foule du RER. Travailler la nuit. Allaiter mon enfant en public. Réclamer une augmentation. Dans ces moments de la vie, quotidiens et banals, je réclame le droit de ne pas être importunée.
sur
http://www.liberation.fr/france/2018/01/12/un-porc-tu-nais_1621913

XX

Là, modestement, on prend le sujet par un petit bout du problème qui fait lui aussi débat : toucher le genoux : possible ou non ?

 TOUCHER SANS MEPRISER
Le fait de toucher un genou (de femme).

On peut lire (2) sur ce point la réplique critique suivante :
« le fait de »toucher un genou« par exemple, sans y avoir été invité, ne relève pas, comme le soulignent les signataires du Monde, d’une courtoisie bienvenue, ni même d’une drague parfaitement envisageable, mais d’une intrusion, d’une prise de corps, d’une violence minime, mais réelle »

Qui a déjà été invité expressément à mettre sa main sur un genou ? Etonnant !

Mettre sa main sur un genou c’est une approche qui signale de façon « soft » une attirance. C’est un geste qui demande en quelque sorte réponse, laquelle renseigne à son tour son auteur.

Poser sa main sur un genou est une approche (de l’homme) qui peut certes être vécu comme une « prise de corps » mais aussi un geste gentil et mesuré qui va renseigner celui qui le fait en fonction de la réponse donnée (par la femme).

Mais voilà pour certaines c’est déjà trop alors que pour d’autres non . Pour les premières il y a « violence minime », mais pour les autres cela permet d’indiquer quelque chose à l’autre - l’homme- : soit un non d’emblée, soit un non mais tardif, soit rien, soit la main de la femme posée gentiment sur la main de l’homme - ce qui est un signe positif de grande émotion !

L’amour humain - pas forcément hétérosexuel - est ce qu’il y a de plus beau ! (3) Ici on débat dans un cadre hétérosexuel mais des homosexuels peuvent aussi vouloir poser une main sur un genou.

Mais tout dépend du contexte évidemment . La femme est-elle en jupe ou en pantalon ? Surtout, est-ce qu’on la connait bien ou pas ? A-t-on déjà eu des signes positifs d’elle ? Est-on déjà dans une ambiance relativement intime (ou pas) avec une personne bien connue ?

Leçon :

Retenons, en ce mois de janvier 2018, en France, que « toucher un genou est une violence minime » pour certaines femmes mais pas pour d’autres . Dans le doute, les hommes sont appelés à la prudence et à s’abstenir . Les autres hommes - moins enclins à la prudence - vont probablement continuer mais alors la « violence minime » ne doit pas se répéter !

 MEPRISER SANS TOUCHER  :
Les violences passives

La vérité, pour qui a le souci de dire la vérité, oblige à dire qu’il existe des marques de mépris d’autrui, autrement plus blessantes, sans absolument aucun contact, parfois même sans mot prononcé. Il s’agit des « violences passives » qui peuvent faire bien plus de mal qu’un banal « toucher de genou » qui lui peut très bien être fait avec respect et dignité à l’égard de l’autre.

Les violences passives laissent des blessures parfois très difficiles à refermer.

Et là les femmes peuvent se montrer aussi violentes que les hommes.

Christian DELARUE
« écœurés par cette vision rétrograde de la virilité ».

Leila SLIMANI poursuit :
Mon fils sera, je l’espère, un homme libre. Libre, non pas d’importuner, mais libre de se définir autrement que comme un prédateur habité par des pulsions incontrôlables. Un homme qui sait séduire par les mille façons merveilleuses qu’ont les hommes de nous séduire.

1) https://www.challenges.fr/femmes/tribune-du-monde-cette-centaine-de-femmes-dont-deneuve-contre-la-cause-des-femmes_559155