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Vincent Geisser et l’Islam « light ». C Delarue

lundi 13 juillet 2009, par Amitié entre les peuples

Vincent Geisser et l’Islam « light ».

Vincent Geisser a publié deux textes sur l’Islam « light », un pour les hommes (A) et un pour les femmes (B).

A) Islam light : un produit qui se vend bien

http://www.palestine-solidarite.org/analyses.Oumma.040208.htm

En réponse de ma part lire : « En défense de l’islam d’émancipation. »

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article734

B) Les poupées Barbie de l’Islam light : exhibitionnisme et érotisme victimaires

http://www.geostrategie.com/505/les-poupees-barbie-de-l%E2%80%99islam-light-exhibitionnisme-et-erotisme-victimaires

La séparation sexuée de sa critique de l’Islam « light » ne tient pas à gout douteux de l’auteur mais à une distinction des styles d’intervention « light » de ces musulmans et musulmanes modernes. « Contrairement à leurs collègues masculins (Meddeb, Chebel, Bidar..), on n’exige pas de ces « Cosette musulmanes » de tenir un discours raisonné et argumenté face aux dits « intégristes » mais d’être simplement les actrices passives d’une mise en scène émotionnelle et passionnelle, exhibant leur histoire intime devant des millions de téléspectateurs. » Cette distinction est critiquée à juste titre par l’auteur car elle reproduit les stéréotypes de genre qui attribuent discours d’émotion aux femmes et discours rationnel aux hommes.

Par ailleurs il oppose chez les femmes d’une part les résistantes à l’obscurantisme qui ne tombent pas dans l’islamophobie comme Latifa Ben Mansour, Malika Mokeddem ou Khalida Messaoudi (actuelle ministre de la culture en Algérie) et d’autre part la jeune génération de femmes médiatisées que sont l’iranienne Chahdortt Djavann (en France), la pakistanaise Irshad Manji (au Canada) ou la somalienne Ayaan Hirsi Ali (aux Pays-Bas). Les premières sont décrites comme authentiques et crédibles alors que les secondes le sont comme superficielles et artificielles. Faut oser ! Il dit les premières « d’expérience » et les secondes « sexy ». Rien moins ! Sexy, pour une femme ou un homme, n’’est pas nécessairement péjoratif (à mes yeux qui ne sont pas ceux de Vincent Geisser) et d’autant moins si l’on accorde par ailleurs qualité de sujet à l’autre, et en l’espèce une pensée réfléchie sur le sujet abordé. Or cela n’apparait pas franchement, bien au contraire, dans son propos. Du coup voilà une distinction qui pose problème.

Ou veut-il en venir ?

Vive l’islam couvert ! Vive la burka ! Ce n’est pas dit évidemment. Disons que d’autres lectures à partir de la notion de bounty (P Tévanian) peut laisse entendre qu’il y a de cela dans cette démonstration. D’autant que cette distinction entre deux sortes d’intervenantes contre l’islam ne l’empêche pas de critiquer les premières qui par leurs discours trop authentiques et pas assez tactiques trahissent la cause de l’islam. L’islam ne saurait être critiqué devant des Occidentaux . Car les intellectuels d’aujourd’hui sont nécessairement pris dans une logique de camp, qui ressemble fort à celle de la guerre froide du temps de Staline. Il faudrait à tout prix défendre son bloc dans le « choc des civilisations » qui met Orient contre Occident. On ne saurait donc défendre le « sud » sous plusieurs aspects mais néanmoins critiquer les oppressions qui y sont non seulement monnaies courantes mais d’une dureté incroyable. L’hypersexisme n’en déplaise aux Indigènes de la République se déploie durement dans les pays dominés par l’islam. Du coup, nous voilà catalogué du côté des blancs colonialistes ! Pourtant, dire cela ne nous conduit pas à penser qu’il faille laisser les USA ou la France envahir l’Iran ou l’Afghanistan. Disant cela, nous voilà revenu des proches des islamistes pour l’autre camp !

En plus nous n’ignorons pas, par ailleurs, que des droits pour les femmes peuvent être conquis par les femmes en tchador. En Iran porter le simple foulard est déjà une conquête qui suscite la réprobation des conservateurs. Siavosh Ghazi a décrit en 2000 ce mouvement sous un titre : « Emancipation sous les voiles »(1). Il s’agit du tout début du processus d’émancipation . Ce qui est émancipation là-bas ne saurait être émancipation ici. Un des obstacles les plus importants à l’émancipation reste la laïcité.

Christian Delarue

NB important : Critiquant librement et respectueusement Vincent Geisser je condamne fermement le fait qu’il subisse du fait de l’orientation de ses recherches et travaux des tracasseries policières et administratives.

Sans que ce soit aussi grave je condamne aussi le fait que le site Bellaciao ait supprimé de très très nombreux textes de moi postés sur son site. Y compris d’ailleurs de nombreux commentaires des textes des autres contributeurs. Un véritable achanement ! Il n’y a pas besoin d’être scientifique qualifié pour que soit respecté le travail effectué.

1) Emancipation sous les voiles" par Siavosh Ghazi

http://www.unesco.org/courier/2000_06/fr/doss13.htm