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Vers une société plus juste : Moins pour ceux d’en-haut, plus pour ceux et celles d’en-bas . Christian DELARUE

jeudi 5 septembre 2019, par Amitié entre les peuples

Vers une société plus juste : Moins pour ceux d’en-haut, plus pour ceux et celles d’en-bas ?

Ce thème de justice social « Moins pour ceux d’en-haut, plus pour ceux et celles d’en-bas » - pas nécessairement révolutionnaire mais assurément de gauche - est-il assimilé à de l’égalitarisme par le patronat français ? Le MEDEF annonçait pour ses Rencontres de la fin aout 2019 le thème suivant : L’égalité, une obsession française

Citation :
"La passion pour l’égalité n’a jamais quitté l’Hexagone. Mais cette vision a-t-elle aujourd’hui encore toute sa pertinence ? Ne confond-on pas trop souvent égalité et égalitarisme, au point de refuser toute réforme, même nécessaire ? Au point de refuser d’accepter que le monde change et d’admettre que, faute de s’y adapter, nous serons tous perdants ?
 Frédéric Beigbeder, écrivain, critique littéraire, animateur de télévision et réalisateur
 Éric Dupond-Moretti, avocat pénalise
 Muriel Pénicaud, ministre du Travail
 Natacha Polony, journaliste, essayiste, directrice de la rédaction de l’hebdomadaire Marianne
 Animatrice : Fabienne Lissak, ex-journaliste à Bloomberg TV, animatrice de colloques

https://www.medef.com/uploads/media/default/0014/02/11580-programme-nos-futurs-laref2019-numerique.pdf

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Comme pour le G7 de Biarritz, on voit nettement que le thème de la lutte contre les inégalités économiques et sociales est rabattu sur celui de la seule suppression de la très très grande pauvreté : « ceux et celles en-dessous de ceux d’en-bas » comme on a pu dire (soit un objectif à maintenir mais c’est insuffisant) et que par ailleurs on oublie pas de fustiger « l’égalitarisme » et de promouvoir l’acceptation du monde concurrentiel féroce tel qu’il va précisément avec ses riches plus riches et ses déclassements sociaux en cours chez les « inclus ».

Pourtant le thème d’un « meilleur capitalisme » pour ces « nouveaux patrons » aurait du ou pu être « Moins pour ceux d’en-haut, plus pour ceux et celles d’en-bas » ! Et d’appuyer alors le propos avec des statistiques plus de la sociologie dynamique pour ne pas en rester à une photo des strates de revenus. Au plan dynamique on se penche sur la question du déclassement sous divers aspects : emploi, logement, santé, scolarité, etc (cf rapport il y a quelques années sur ce thème ) et sur la question des emplois stables remplacés par des emplois flexibles et précaires, souvent mal payés . On apprend ce jour l’énorme chiffre de l’emploi public (statutaire) supprimé : une destruction de masse qui n’est pas sans conséquence au-delà de l’emploi public !

Et puis d’autres questions : Ou en est le 1% ? Comment vivent les couches populaires à moins 2000 euros par mois ? Quid des services publics gratuits ou à très bas tarif pour mettre en place l’accès aux droits ? Sur ce dernier point « Il importe de comprendre que tous les besoins ne peuvent être satisfaits au seul niveau individuel et que certains font appel à des réponses de dimension collective » page 18 du livre "Vers une société plus juste : Manifeste pour un plafonnement des revenus et des patrimoines de Pierre Concialdi, Didier Gelot, Christiane Marty et Philippe Richard (Fondation Copernic - Ed LLL 2019).

Le souci de justice sociale rejoint la justice territoriale .

Cette dernière - la Justice territoriale - s’oppose à un retour au « désert français » combattu jadis par la planification administrative « à la française » qui a opéré, contre le mal-développement capitaliste (développement inégal tiré par la logique de profit et d’accumulation marchande), une distribution républicaine et administrative de l’implantation matérielle des services publics avec l’emploi public nécessaire .

Sous l’effet destructeur du néolibéralisme et du fétichisme des marchés, marchés déconnectés du social et des besoins humains au profit d’un « pur capitalisme » pour les riches du 1% et les firmes multinationales, nous assistons à un processus fort d’abandon des campagnes et des périphéries des grandes villes par suppression des services publics implantés et de l’emploi public (qualifié et statutaire) qui va avec , suppression qui signifie sociologiquement un déclassement social de la classe moyenne du fait de la fin progressive du système de la carrière du moins comme principe massif. Le principe de flexibilité et de préacarisation des emplois mal payés qui tend à se généraliser porte une « société à la Spencer » faite de luttes individuelles des places, luttes soumises au principe de la concurrence généralisée, principe premier de l’Union européenne (concurrentialisme).

Le peuple-classe français avec ses forces vives (syndicats, associations d’usagers, partis de gauche , pas le RN - 1) doit s’opposer à ce qui s’annonce comme une « tiers-mondisation » de la nation. Une autre géographie est possible ! Le peuple-classe français ne doit pas laisser la nation à la classe dominante - le 1% - surtout soucieuse d’accumulation du capital à tout prix au sein de grandes métropoles. Elle doit imposer une autre production du territoire qui satisfasse les besoins sociaux du peuple-classe des villes comme des campagnes. Nous reviendrons sur ces questions avec l’ouvrage Une « géographie de combat » (livre à paraître de Renaud Duterme).

Christian DELARUE

1) Le RN face à la destruction sociale - Christian DELARUE - Amitié entre les peuples
http://amitie-entre-les-peuples.org/Le-RN-face-a-la-destruction-sociale