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Une critique d’un texte de Richard Poulin C Delarue

dimanche 29 juillet 2012, par Amitié entre les peuples

Une critique de Richard Poulin

Source : http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/290712/une-critique-de-richard-poulin

R Poulin critique moins dans ce texte (1) la prostitution que la pornographie et moins la pornographie que la séduction y compris celle ordinaire qui passe par les artifices du marchés. Il est évident que ces artifices de beauté passent par la production capitaliste et la vente marchande. Même sous le socialisme le rouge à lèvre ne sera pas gratuit et hors marché. Idem pour le godemichet si l’on veut être plus « hard » (rien de trop choquant cependant).

A quoi peut mener la critique si radicale et excessive de R Poulin sur la marchandisation du sexe ? Il peut servir à limiter des excès et ce serait positif. Il peut servir aussi à justifier le retour à un paternalisme de contrôle tel celui cité dans : « Sexo-séparatisme d’ici : "De 25 à 45 ans on peux avoir une robe nettement au-dessus du genoux mais pas en-deçà et au-dessus ».

Il évoque surtout les excès et dérives du sexe comme le sadisme pour trop généraliser. « Pour Sade, l’homme a le droit de posséder autrui pour en jouir et satisfaire ses désirs ». Plus près de nous il en est de même avec Histoire d’O. Plus loin : « L’agression sexuelle est un acte d’appropriation du corps et du sexe d’autrui, qui dépersonnalise et déshumanise, tout en révélant la hiérarchie sociale. » C’est vrai. « Le monde capitaliste exalte le plaisir tout en effaçant le désir féminin, célèbre l’autonomie individuelle tout en réduisant les relations interpersonnelles à des échanges marchands. » C’est déjà beaucoup moins vrai. Il ne dit qu’une partie de la vérité. Il fait comme si le capitalisme recouvrait toute la société.

Sa critique de la marchandisation est hyper-radicale : Historiquement : « La libéralisation sexuelle provoquait une explosion de la marchandisation du sexe. » Aujourd’hui :« La marchandise n’est pas qu’une «  chose  », même si elle en prend l’apparence, elle est fondamentalement un rapport social. La transformation d’un être humain en marchandise signifie non seulement son objectivation ou sa chosification, mais également son inscription dans des rapports de soumission, de subordination et d’exploitation. » Nul n’échappe à l’aliénation sauf les gens qui s’isolent en couvents !

Il articule deux domaines différents : « Depuis quarante ans, les sociétés ont été marquées par un essor des industries du sexe  : la prostitution s’est industrialisée et a colonisé tous les recoins de monde ; la traite à des fins de prostitution affecte des millions de personnes chaque année, surtout des jeunes femmes et des fillettes ; la pornographie est tentaculaire, hypertrophique et omniprésente ; la culture est imprégnée par le sexe-marchandise. Le désir de jouissance s’articule de plus en plus à celui de posséder et de jouir du sexe commercialisé d’autrui, sous sa forme virtuelle ou réelle. »

Il exagère les effets : « Au fur et à mesure que la consommation étend son emprise, on assiste à une « organisation systématique de la défaillance de la faculté de rencontre  », à une «  communication sans réponse  » engendrant un »autisme généralisé« . » ou plus loin : « Le fantasme pornographique reflète fidèlement les thèmes de la relation maître-esclave, où l’affirmation de soi passe par la non-reconnaissance de l’autre comme être humain. »

Sadisme culturel  ! ?

« L’invasion des représentations sexuelles pornographiques débouche sur un nouveau conformisme ». Invasion ? Il faut aller le voir le film porno. Et nul n’est astreint de voir le plus dégoutant ! Quant à la porno-pub c’est autre chose. C’est moins le sexe ou le nu qui est critiqué que la monstration de la domination.

« L’intériorisation des contraintes sociales est de plus en plus reliée aux codes pornographiques ». Doit-on comprendre que ce sont des codes « soft » assez banalisés qui sont acceptés par une population moins pudibonde que jadis. Il y aurait alors du porno soft et du porno « hard » ce dernier étant rejeté comme violent. Il faudrait montrer alors ce qui est intériorisé comme acceptable (publiquement ou dans l’intimité) et ce qui est rejeté comme vraiment indigne.

« Dans une société où le sexe, surtout celui des jeunes femmes et des adolescentes, est un bien de consommation qui sert à vendre des marchandises et à exciter les hommes, il n’apparaît pas étonnant que l’on constate des taux élevés de harcèlement et d’agressions sexuels et que la cible des agressions soit avant tout des adolescentes ». Le lien n’est pas vérifié. Les hommes ne sont pas« excités » dans la rue ! Ne pas confondre séduction et excitation sexuelle ! Les femmes en jupe au printemps me rendent un brin joyeux (comme le soleil), elles ne m’excitent pas !

Seul propos en résistance : Le viol est désormais un viol même si la victime est vêtue de façon « provocante » ou sexy, n’est plus vierge, etc.

Il ne voit pas le plaisir réciproque entre égaux qui a monté dans la vie contemporaine, avec une montée des « jeux érotiques » qui ne sont pas de la pornographie (même s’il y a des passages de l’un à l’autre). Il ne voit que les viols et les détraqués. Le féminisme a plus de conquêtes à son actif que l’on croit !

Christian Delarue

1) Valeur vénale, domination sexuelle et tyrannie narcissique de l’apparence : Sexe objectivé et sadisme culturel par Richard Poulin

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=30064

Addendum : RUE89 : Cunnilingus et démocratisation féministe.

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article2480