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Trois « groupismes » : contre l’homophobie, contre le sexisme, contre le racisme.

samedi 13 décembre 2014, par Amitié entre les peuples

Questions sociétales :

Trois « groupismes » : contre l’homophobie, contre le sexisme, contre le racisme.

Le groupisme est ce procédé intellectuel qui réifie constamment les distinctions sociales (1) pour en faire un principe de connaissance (groupisme épistémologique) et une force sociale spécifique et pratique en société (groupisme de légitimité) pour porter les revendications sociales et politiques du dit groupe dominé.

On distingue aujourd’hui dans certaines sphères intellectuelles et militantes trois groupes bien délimités qui entendent dire (2) leur pleine capacité et légitimité propre à défendre leurs intérêts et leur vision du monde.
1 - Les homosexuels (hommes et femmes et les trans) : ils sont les seuls (pas seulement plus) légitimes que des hétérosexuels pour parler de l’homophobie.
2 - Les femmes : elles sont beaucoup plus légitimes que des hommes pour dénoncer le sexisme et défendre le féminisme. Les hommes antisexistes ou féministes sont suspects.
3 - Les non-blancs : ils sont les seuls légitimes face aux blancs pour critiquer le racisme multiforme contre les Noirs, les Arabes, les Musulmans, les Juifs, etc...

Ici, dans cette configuration théorique et pratique, les dominants sont d’un coté et des dominés de l’autre sur chaque grande domination. Il y a une radicalité intellectuelle combinée à une sorte de sectarisme pratique. Les féministes non blanches sont beaucoup plus légitimes que les féministes blanches et infiniment plus légitime encore que le mâle blanc qui se prétend féministe ou antisexiste (il y a une nuance) ! Car d’une part, il est absolument exclu de penser sérieusement qu’un membre « objectif » du groupe dominant (homme ou hétérosexuel ou blanc, à fortiori si cumul) puisse être dominé par son alter-égo en principe dominé. Envisager cela, le dire, donner des exemples, des cas issus de procès c’est s’exposer aux foudres du « groupisme ». Et souvent avec une rare violence ! D’autre part, l’idée qu’un homme blanc hétérosexuel puisse refuser sexisme, racisme et homophobie semble sans fondement et donc hypocrite. Ils ne veulent pas vraiment l’égalité, la liberté dans la cordialité, le respect. Ils ne peuvent pas le vouloir jusqu’au bout !

Le racisme contre les Blancs est conçu ici un « racisme mineur » et le plus souvent comme un « faux racisme ». Ce racisme-là n’irait guère plus loin, contre les Blancs, que de banales insultes à base raciale (mais qui ne serait pas raciste). Le racisme véritable est structurel et seulement structurel surtout : il avantage très nettement le Blanc, qui l’ignore ou fait semblant de l’ignore. On voit qu’il s’agit d’une conception racialiste et même raciste de la société car la division en « races » est ici posée, justifiée, et même réifiée, fétichisée. Avec la fin de l’Apartheid en Afrique du sud, toute l’humanité et tous les juristes spécialisés à l’ONU - je ne connais pas de cas contraire - défendent une conception d’une seule race humaine au-delà des apparences. Seul, à mon sens, la montée en force du sionisme tend de nos jours à opérer un recul « réactionnaire » (forcement). Il a son effet pervers chez certains qui passent de l’anti-sionisme à l’antisémitisme.

Globalement, ce sont bien les oppressions, dominations et discriminations qui sont à l’origine de cette clôture extrêment « dure » sur le groupe précis. Mais pour une même oppression on ne trouvera pas pour autant une même lutte antisexiste, antiraciste et anti-homophobie. Il y a pluralité des conceptions et cette pluralité vient beaucoup du refus du fétichisme du groupe d’appartenance, de sa réification. Beaucoup tiennent précisément à ce soit l’être humain qui émerge comme référence universelle au plan mondial. Certaines de ces consciences s’inquiètent de la montée du sionisme comme forme de racisme. D’autant que la réponse mauvaise au sionisme s’exprime par une autre forme de racisme : l’antisémitisme. Le racisme est un des grands dangers des temps à venir.

Reprenons l’idée que tous les dominés ne se focalisent pas sur les particularités et différences construites pour construire à leur tour un groupisme et une riposte groupiste. Tantôt ces dominés se voient bien comme homosexuel ou femme ou non-blanc (ou même parfois les trois à la fois) mais le plus souvent ils s’appréhendent simplement comme être humain subissant une ou plusieurs formes de domination. La domination, l’oppression et les discrimination existent bien mais il n’y a pas un goupe humain qui rassemble toutes les victimes et un autre qui rassemble tous les dominants.

Sans compter que dans cette problématique on tend à oublier ou relativiser que les dits humains, femmes ou hommes, hétéro ou homos sont inscrits dans des rapports sociaux de classes (sociales) dit en condensé classisme. Il n’y a donc pas que racisme et sexisme. On peut évoquer des rapports sociaux de sexe mais pas des rapports sociaux de « races » car les « races » n’existent pas. Ce qui est réel c’est le racisme qui diffuse lui une haine contre les catégories humaines racisées mais les races elles-mêmes n’ont aucune existence réelle.

Pour autant il y a bien ces trois grands mode d’oppression et-ou discriminations à combattre, l’homophobie, le racisme, le sexisme. Regrouper sous la rubrique « questions sociétales » (avec la laicité), ces modes d’oppression ou domination viennent s’ajouter au classisme, à la domination de classe qui est de principe sous le capitalisme dominant. On pourrait y ajouter l’intégrisme religieux qui est montant de par le monde.

Christian DELARUE

MRAP : La transversalité des luttes contre le classisme, le sexisme et le racisme. - Amitié entre les peuples

http://amitie-entre-les-peuples.org/MRAP-La-transversalite-des-luttes

1) Histoire des pensées sociologiques - Jean-Pierre Delas, Bruno Milly

2) Variante du même propos :

 Les hétéros n’ont pas à déterminer ce qui constitue ou non de l’homophobie

 les hommes n’ont pas à déterminer ce qui constitue ou non du harcèlement (sexuel) pour les femmes

 Les blancs n’ont pas à déterminer ce qui constitue ou non du racisme pour les personnes racisées"

Source

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/111214/la-coalition-de-trois-groupismes-anti-homophobie-antisexisme-antiracisme