Travail salarié des post 60 ans : le diminuer - Christian DELARUE
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Travail salarié des post 60 ans : le diminuer - Christian DELARUE CGT
La problématique est développée par plusieurs spécialités universitaires et elle doit mobiliser aussi le syndicalisme (CGT pour ma part mais d’autres aussi) au titre de l’évolution présente qui tend vers un prolongement du travail salarié post 60 ans.
1 - Un travail collectif à mener avec des scientifiques et des philosophes.
Il y a plusieurs observations à faire : le sociologue du travail fera un constat circonstancié entre privé et public (et avec plus de précisions que je n’en fais), le psychologue montrera que l’activité contrainte est plus pénible avec l’âge quoique fonction des parcours individuels, le philosophe posera la question de la reconnaissance de ce travail plus pénible (au lieu de le méprisé ou de l’accroître) .
2 - Une position éthico-politique de base
A partir de là, et fort d’un refus du spencérisme pro-sélection , il va s’agir de refuser ,là aussi, une logique pro-élimination des faibles, ici des moins rentables et des moins efficaces au sein de la première tranche de personnes âgées allant de 60-70 ans .
3 - Trouver un accord intersyndical sur la situation.
Syndicalement, on trouve d’une part des travailleurs travailleuses qui quittent – volontairement ou non - le monde du travail avant 60 ans avec de faibles retraites. Il importe bien évidemment de continuer à revendiquer avec eux et pour eux de meilleures retraites ! Mais on a aussi, à l’inverse, et d’autre part, des travailleurs et travailleuses « séniors » (post 60 ans) qui continuent de travailler de plus en plus tard alors que le travail est plus pénible. C’est bien un problème à prendre pleinement en considération . Il ne va pas suffire de dire retour au 60 ans comme date limite même si c’est nécessaire. Il importe de prendre en charge l’existence du travail sénior post 60 ans.
4 - La CGT pourrait exiger - par exemple - une nouvelle RTT sans perte de salaire pour tous et toutes (au sein des 99 % pour l’aspect sans perte de salaire) mais plus importante encore pour les séniors.
C’est à débattre. Dire par exemple 30 heures hebdo pour eux et elles si on pose 32 heures hebdo pour tous les autres à moins de 60 ans.
Les travailleurs et travailleuse approchant les 60 ans aimeraient en effet soit pouvoir partir complètement à 60 ans avec une retraite décente soit réduire nettement le volume de travail si ils continuent ! Mais continuer est tout à la fois fréquent et de plus en plus difficile au fil des ans. Il n’est plus rare de travailler jusqu’à 67 ans ! Évidemment c’est difficile. Le problème est qu’au lieu de bénéficier de régimes de moindre travail ils suivent au contraire la tendance au travaillisme contemporains (cf Sarkozy et Macron) autrement dit « faire travailler plus celles et ceux qui travaillent déjà » !
5 -Retour général sur les moins rentables ou moins efficaces ou moins productifs.
"Dans un monde dominé par la logique de l’efficacité économique, on assiste à une colonisation problématique de la logique de l’efficacité dans toutes les sphères de l’existence". Souvenons-nous à cette occasion du double processus qui caractérise le fétichisme (repris grosso modo de A Bhir ) : quand on sur-valorise la rentabilité (soit un processus d’élévation du bas vers le haut pour une chose , un moyen économique) on sous-valorise - dans le même mouvement inverse - les humains (soit un processus de rabaissement des humains au niveau d’une chose ce qui se nomme ici réification). La rentabilité , l’efficacité, l’intensité du travail effectué relèvent de "dispositifs surplombants" au-dessus des travailleurs et travailleuses, de tous les âges, hommes ou femmes, moins de 60 ans ou plus. Mais plus on prend de l’âge et plus on peine à tenir la cadence !
6 - Travaillisme et « rapports sociaux d’âge »
Le travaillisme comme tendance de ces dernières années - de Sarkozy à Macron - a vouloir faire travailler plus a des répercussions sur ce qu’on pourrait appeler les rapports sociaux d’âge entre les plus vieux et les moins vieux ou les plus jeunes. Cela varie selon les secteurs mais il doit y avoir des pressions contre les plus âgés, incités à partir car moins performant.
Christian DELARUE
CGT Finances publiques Rennes