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Transition pour une autre consommation et populisme. C Delarue

dimanche 21 août 2011, par Amitié entre les peuples

Transition pour une autre consommation et populisme.

Il y a au sein du peuple-classe une ou des couches sociales qui ont conscience de leur domination subie mais qui ayant peur qu’elle s’accroisse par déclassement social - ayant pour cause le chômage ou la précarité ou à la stagnation des salaires face à l’augmentation des prix - finissent par se mettre du côté de la droite et même de l’extrême-droite et au service de la domination de classe, de l’oppression et de l’exploitation. Il s’agit plus de la couche moyenne supérieur que des couches populaires ouvriers ou employés. Les cadres rejoignent ici comme couche d’appui du capital les professions libérales à gros revenu alors qu’ils connaissent des conditions de travail différentes.

 Néo-populisme : ressentiment vers en bas et non vers les élites.

C’est ce qui ressort des études citées dans le numéro « Défis et désastres » de Transform 08/2011. Ce point est encore à confirmer. Pour autant rien de tout à fait nouveau. Ainsi dans son étude (consultable sur le web) « Populisme du peuple ou populisme des élites ? » Alfio Mastropaolo fait état d’un néo-populisme « qui excite le ressentiment et les peurs des catégories sociales inquiètes mais encore prospères menacées par la globalisation... ». Ce populisme écrit-il (en 2001) « les invite à s’en prendre non pas tant aux élites (cible principale des populismes sud-américains) qu’aux pauvres et aux plus faibles ». Ce populisme se déploie en Europe. Il intègre est dépasse une composante ethno-nationaliste. Il s’attaque aux fainéants, aux pauvres, aux fonctionnaires et il se double d’un populisme contre les étrangers, les Rroms et les musulmans. Alors que la finance déploie comme jamais quoique de façon variée sa spoliation sur quasiment toutes les couches du peuple-classe ce sont les « petites gens » qui stigmatisées comme parasites ! Ce populisme risque fort de nous mener au fascisme si rien n’est fait en terme d’alternative globale.

Il y a là pour la gauche un enjeu programmatique qui vise à protéger tout à la fois les intérêts des ouvriers et employés (les prolétaires qui épuisent leur salaire en fin de mois), les intérêts des couches moyennes y compris celles qui après plusieurs années de carrière privée ou publique voit leur condition de vie se dégrader au lieu de s’améliorer et ce au moment ou la « décroissance » n’est pas encore bienvenue (chambres d’enfants inscrits à l’université, prêts immobiliers issus de divorce voire acquisition tardive pour cause de crise, etc...).

 Le croisement de la question sociale avec la question écologique ne facilite pas les choses.

En effet, il se fait entendre de plus en plus un discours contre la surconsommation et la croissance économique. Ce discours anti-consommation est-il audible à échelle de masse si les plus riches ne sont pas d’abord surimposés et même bridés en amont en terme de revenu maximal. Autrement dit si les riches continuent d’acheter des véhicules de luxe, d’acheter des yachts, des résidences grandioses source de gaspillage important.

Ce discours « anti-consommation » volontier moraliste prend une tournure réactionnaire (1) si il apparait que la production reste inchangée mais que les services publics doivent subir eux la cure d’austérité. Autrement dit la transition à une autre consommation est pensé à l’envers puisqu’au contraire il s’agit pour les progressistes de favoriser une production non marchande source de valeur d’usage via les services publics (lire ici Jean-Marie HARRIBEY ou Stéphanie TREILLET) et de modifier la production pour le profit et la valeur d’échange dans le sens d’une production soutenable. La production de l’agro-alimentaire est à transformer tant pour les agriculteurs que pour les habitants, pour que les humains et les animaux ne tombent pas malade. La production d’énergie nucléaire doit être arrêtée en très peu d’années. Nos élites ferment les yeux et se font complices des catastrophes à venir.

Ce discours « anti-consommation » prend une tournure réactionnaire si la seule sobriété proposée est celle de la consommation à ceux qui sont déjà bridés - les prolétaires (2) - mais pas la sobriété du travail et au travail (qui n’est pas l’abstinence). Les élites de droite ou de gauche PS ne réclament pas une baisse de l’intensité du travail ni une nouvelle RTT. Si tout un chacun - à l’exception des jeunes et des vieux - doit participer d’une façon ou d’une autre à la production de l’existence sociale il n’est pas requis d’une société civilisée d’abonder dans le travaillisme. Et le travaillisme c’est déjà travailler les 35 heures hebdomadaires.

Le travaillisme s’appui sur le dogme qui fait tant de mal de la compétion et de la concurrence généralisée. Il faut cesser les hostilités économiques et la guerre entre les firmes. L’entreprise n’est pas aisée. Elle n’est pas utopique. Cela ne saurait se faire avec un « centre » d’alternance politique qui soutient bec et ongles les traités européens. Une autre Europe est possible mais pas avec eux !

 Un ensemble de propositions pour le peuple-classe (le social) et le peuple souverain (le démocratique) sont nécessaires.

Tout cela suppose en effet de sortir de la crise budgétaire - dépenser moins et poursuivre la crise de la fiscalité (proposée par les grands créanciers et le système de la dette) . Il importe de changer la fiscalité de classe qui depuis quelques années protège les riches et ponctionne les pauvres, les prolétaires et les couches moyennement aisées.

Outre la contestation des dettes illégitimes - activité cruciale de l’heure (3) - il importe de s’attaquer au pouvoir des banques en séparant les banques de dépôt et les banques d’affaires, en nationalisant les grandes banques pour les placer dans un pôle public bancaire qui soit en capacité de réorienter les flux vers la production au détriment de la fiance et de la spéculation.

Christian DELARUE

1) Critique de Philippe Dessertine, penseur réactionnaire. (I) C Delarue - Amitié entre les peuples

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1802

2) Dans les sociétés développées comme la France et d’autres on estime qu’un individu sort du prolétariat en percevant plus de 2500 euros par mois ou 3000 euros net par mois. Cette variation s’explique par la situation de l’individu (seul ou avec des enfants sans pension alimentaire) et par son lieu de consommation (certains lieux sont très couteux d’autres non). L’existence de services publics gratuits ou à bas tarifs modifie aussi le niveau de revenu nécessaire pour vivre. En tout état de cause il est peu crédible de se dire prolétaire avec 4000 euros net par mois. François Hollande y voyait même le plancher des riches à surimposer. Des « petits riches » assurément mais des riches quand même.

3) DETTE : Les cercles de l’oligarchie autour des grands créanciers. C Delarue -

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1798