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Tenaille identitaire : La République et ses ennemis (5) Christian Delarue

mercredi 28 avril 2021, par Amitié entre les peuples

Tenaille identitaire : La République et ses ennemis

Contribution 5 du thème « tenaille identitaire »

Les ennemis de la République sont les identitaristes !

A l’heure ou des généraux en retraites lancent un appel séditieux (1) le danger principal bouscule la donne pour qui veut bien ouvrir les yeux et ne pas se focaliser que contre les islamistes. Mais poursuivons néanmoins notre recherche sur ce thème de la « tenaille identitaire »

Ayant écrit il y a peu « Piège identitaire : Bretagne communautaire clivée » (2), une précision s’impose dans la mesure ou identitariste ne signifie pas non reconnaissance d’une identité culturelle, qui peut être nationale, supra-nationale, bi-nationale (complexe), régionale (infra-nationale), pluri-nationale et multiculturelle. 

« Les politiques identitaires » peuvent certes avoir un contenu régressif extrêmement nuisible (allant jusqu’au génocide) mais elles peuvent porter aussi dans un contexte d’oppression culturelle forte une dimension libératrice mais les dynamiques sont complexes et peuvent porter tout à la fois du positif et du négatif. L’issue reste incertaine.

Les bretons, par exemple, peuvent vouloir légitimement défendre l’apprentissage de leur langue à l’image du texte de Philippe Blanchet (2) . Mais l’identitarisme - les crispations identitaires - vire au communautarisme d’exclusion et même au racisme lorsque, par exemple, l’apprentissage de l’arabe est refusé, lorsque la culture de l’autre est méprisée, rejetée. Il ne s’agit pas non plus de la valoriser de façon a-critique par une sorte de position inverse.

Position

La République de la nation française (3) doit refuser deux idéologies réactionnaires fonctionnant en « tenaille identitaire » :
 1) l’islamo-fascisme d’une part et toute la composante identitaire intégriste et réactionnaire mondialisée de l’islam, toutes ses branches autoritaires et dures dans ses normes et moeurs et
 2) le fascisme national qui perdure (en se modifiant) avec la famille Le Pen qui assure une continuité des rejets. S’y ajoute, on l’a dit, l’évènement récent de l’appel des vingts généraux en retraite dans Valeurs actuelles (1) qui bouscule la donne. C’est quand même très inquiétant.

Une idéologie de progrès, avec sa praxis, doit se frayer un chemin entre ces deux maux, ne céder sur aucun versant mortifère.

La République progressiste combat le capitalisme dominant au lieu de le servir (3) pour favoriser un « vivre ensemble » beaucoup plus égalitaire avec moins de riches et moins de pauvres . La République progressiste est ouverte et c’est celle de la LIBERTE de circulation, de l’EGALITE entre les résidents nationaux et non nationaux (droit de vote notamment) et de la FRATERNITE trans-frontières (amitié entre les peuples) et de la LAICITE qui se mobilise contre la « tenaille identitaire » qui voit s’affronter des extrémistes identitaires des deux bords : islamo-fascistes d’un côté et fascisme d’extrême-droite (nationaliste blanc catho-laique) de l’autre !

L’extrême-droite sort sur les réseaux sociaux une longue liste de noms depuis 1995 qui sont tous à consonance arabe : cela sent l’appel à repousser ces derniers par une politique raciste ! C’est inacceptable !

L’extrême-droite oublie d’évoquer les souffrances des gens en camp de détention qui demandent l’asile. Elle oublie d’évoquer le racisme qui perdure !

Mais elle doit aussi combattre les partisans d’un islam offensif, qui tient un langage de haine sur plusieurs champs !

Enfin, autre question, peut-être faut-il admettre, beaucoup plus qu’à l’ordinaire, que les identités socio-culturelles et les cultures historiques n’existent pas « en soi », de façon totalement isolée et séparée de l’ensemble du monde réel, car elles se greffent bien sur le mode de production et d’échange capitaliste dominant, sur toute cette activité économico-sociale qui impose ses règles. Il y a donc un mélange et des contradictions au sein des populations et des solidarités sont possibles hors des cadres communautaires.

Et cela vaut pour la République (3) qui cherche parfois à s’extraire de son substrat capitaliste mortifère mais qui n’y arrive pas, tant les logiques privatistes et marchandes sont puissantes. On a alors une pseudo-République fétichisée, fort accommodante avec les puissances d’argent - la finance - et austéritaire contre son peuple-classe ! Laquelle pseudo-République peut aussi maintenir des politiques de type impérialiste contre d’autres peuples en complicité avec les bourgeoisies compradores.

Christian Delarue

1) Tenaille identitaire et texte séditieux des 20 généraux - 4.

http://amitie-entre-les-peuples.org/Tenaille-identitaire-et-texte-seditieux-des-20-generaux-4

2) Piège identitaire : Bretagne communautaire clivée 

https://blogs.mediapart.fr/christian-delarue/blog/130421/piege-identitaire-bretagne-communautaire-clivee

3) Langues régionales : 60 députés demandent une inégalité au Conseil Constitutionnel | Le Club de Mediapart

https://blogs.mediapart.fr/philippe-blanchet/blog/270421/langues-regionales-60-deputes-demandent-une-inegalite-au-conseil-constitutionnel

4) Quel besoin de République ?

https://www.pouruneconstituante.fr/spip.php?article1855