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TROIS PEUPLES à mobiliser : ethnique, démocratique, classe . Christian DELARUE

jeudi 10 mars 2022, par Amitié entre les peuples

ORDRE DES PEUPLES :

TROIS à mobiliser : peuple ethnique, peuple démocratico-citoyen, peuple-classe.

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article159140

Cette idée de l’existence de trois catégories de « peuple » n’est pas nouvelle. Elle peut se décliner de plusieurs façons. Derrière le singulier il faut surtout lire le pluriel.

Une référence : La politique, une affaire de « peuple(s) »
https://www.nonfiction.fr/article-9255-la-politique-une-affaire-de-peuples.htm

TROIS QUESTIONS : Q. identitaire (ou communautaire), Q. démocratique, Q. sociale (ou classiste)

Certaines définitions sont très anciennes, d’autres plus récentes.

 LE PEUPLE HISTORIQUEMENT IDENTITAIRE

1 - Peuple ethnique ou ethnos avec plusieurs dérivés communautaires et identitaires : vs le peuple ethno-racial ou vs le peuple ethno-national (ici la nation renvoie beaucoup moins à la nation comme corps politique qu’à sa culture historique ancestrale ) ou le peuple culturellement sécularisé (ex France du XX ème siècle) ou au contraire un peuple largement soumis à une emprise religieuse et hiérocratrique.

Lorsqu’il s’agit de défendre la culture historiquement dominante sous un peuple ethnos alors l’option politique est en général conservatrice et de droite voire d’extrême-droite. Pas toujours cependant. Soyons donc non dogmatique mais critique.

Il n’y a plus d’entité totalement homogène au plan culturel. Toute communauté nationale ou culturelle connait des différences et contradictions . La religion est clivée entre intégristes religieux et non intégristes.

 LES DEUX AUTRES REFERENCES DU PEUPLE

Les deux autres définitions du peuple se combinent dans une perspective de gauche, d’émancipation sociale, écologique et citoyenne.

Quand il n’y a pas combinaison alors c’est souvent la question sociale et derrière elle la mobilisation de ceux et celles d’en-bas qui est éludée. Ce qui est alors visé c’est un compromis avec les élites dominantes qui entendent préserver leurs privilèges de classe, notamment gagner des sur-salaires et surtout conserver un patrimoine imposant.

2 - Peuple démocratico-citoyen qui recoupe le peuple légal ou le corps politique d’un territoire national mais aussi d’une configuration plus large, de type continental comme les peuples électeurs de l’Union européenne .

Aujourd’hui, à droite et à gauche, on se réclame de lui, mais la question est : pour quelle démocratie ? Pour la droite ce peuple démocratico-citoyen permet de mettre le MEDEF et la classe dominante du système capitaliste au poste de commande. Pour la gauche, une démocratie élective de dépossession au profit d’une classe dirigeante et d’une classe dominante en collusion est à contester car elle cale l’intérêt des populations sous les intérêts du 1% d’en-haut et ceux de l’oligarchie des FMN .

La critique de cette démocratie délégataire est forte mais elle peine à être partagée. Elle doit se combiner à une idée de mobilisation de ceux d’en-bas via des collectifs mélangeant la gauche, les syndicats et les associations altermondialistes. Sur ce point il faut évoquer un en-bas large et ce même si ce ne sont pas les cadres du 10% d’en-haut qui vont massivement être actifs. Certains oui pas tous, loin de là.

3 - Peuple d’en-bas large ou Peuple-classe 99% opposé à la classe dominante et dirigeante des riches soit le 1% d’en-haut sous le néolibéralisme. Cette large fraction de peuple constitue la modernisation du peuple-pleb de jadis en changeant de format (plus large) mais aussi de sens (non péjoratif comme l’est populace).

On pourrait y voir une adaptation du clivage de Pierre Birnbaum, auteur de « Genèse du populisme », qui oppose les « gros » aux « petits », la finance cosmopolite au peuple délaissé. Il ne s’agit nullement - il faut le préciser (débat sur le populisme) - de voir par essence le peuple comme « bon » en soi et les élites comme corrompues, mais de pointer un classisme soit une politique de classe en faveur du 1% d’en-haut, politique issue du néolibéralisme, du capitalisme financiarisé et mondialisé.

Il existe des rapports sociaux extrêmement clivant - dit « classisme » - au sein du peuple-tout ( de format 100% affiché comme le peuple-nation), c’est pourquoi on trouve des définitions peuple-fraction (du tout) . Quand le peuple est « tout le monde » - même « citoyen » - alors on trouve fatalement des définitions moins « communautaire », moins englobante d’ou le « people 99% ».

La référence à un peuple-classe, à la différence d’un peuple nation, d’un peuple ethnique ou d’un peuple démocratique-citoyen, casse potentiellement un ciment. Il a une vertu critique. (1)

Evoquer le peuple-classe 99% ne signifie pas nécessairement mobilisation réelle de tous les 99 % à qui les acteurs associatifs ou syndicaux s’adressent car des professions libérales aisées et des cadres supérieurs aisés se soumettront plus à l’idéologie des classes dominantes, des riches du 1% d’en-haut.

A propos de combinaison : En 2012 sur la revue Mouvements
Classe dominante et oligarchie contre peuple souverain et peuple-classe.
http://mouvements.info/classe-dominante-et-oligarchie-contre-peuple-souverain-et-peuple-classe/

Christian DELARUE

1) - Ordre des peuples et bourgeoisie : Une référence à Georges Labica

https://blogs.mediapart.fr/christian-delarue/blog/150812/ordre-des-peuples-et-bourgeoisie-une-reference-georges-labica

 Défense des peuples-classe, classisme et autres divisions.

http://amitie-entre-les-peuples.org/Defense-des-peuples-classe-classisme-et-autres-divisions-Christian-DELARUE