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Syndicat, « double besogne », socialisme. Christian Delarue

vendredi 5 août 2022, par Amitié entre les peuples

Syndicat, « double besogne », socialisme.

A partir d’un livre d’Henri Krasucki et en vue de la prochaine Université d’été européenne des Mouvements sociaux (UEMS) qui se déroulera du 17 au 20 aout 2022 à Mönchengladbach (dans les locaux de la Hochschule Niederrhein, Webschulstraße 31, 41065 Mönchengladbach)...

I - « Syndicats et socialisme » d’Henri KRASUCKI en 1972

Il y a 50 ans, en 1972, Henri Krasucki (1923-2004) ancien Secrétaire Général de la CGT (après Georges Seguy et avant Louis Viannet) et vice-président de la FSM (Fédération Syndicale Mondiale) écrivait son livre « Syndicats et socialisme ». Il avait d’abord écrit « Syndicats et lutte des classes », (même éditeur Éditions sociales mais en 1969).

Evoquer la lutte des classes signifie qu’il y a toujours des luttes collectives et toujours des classes sociales qui s’affrontent tant dans l’entreprise - lieu de l’exploitation de la force de travail par le capital - que dehors. Mais syndicalement il ne suffit pas d’avancer cela. En effet, j’ai déjà entendu jadis, « la lutte de classe çà va, çà vient, çà avance, çà recule ». Certes mais la question demeure : faut-il en rester au ras de la quotidienneté des luttes ? Quid de fournir, en se référant à la « double besogne » de la Charte d’Amiens (1906), une perspective positive, qui soit une alternative réelle ? Alternative systémique réelle car on s’est aussi contenté de « transformations sociales » (au pluriel) comme d’ailleurs d’alternatives (au pluriel) mais trop souvent dans un cadre intra-systèmique qui n’offrait aucune perspective de sortie du capitalisme dominant.

II - Non le capitalisme n’est pas éternel !

Les syndicalistes du PS (pas tous) au sein de la CGT, de 1972 à nos jours, ne sont pas pour rien dans cette évolution et ce souci de rendre compatible la doctrine syndicale avec l’ordre du monde, avec le capitalisme dominant, soit un « coeur capitaliste » et marchand composé de firmes multinationales et en périphérie du système des institutions non capitalistes comme les services publics avec une fonction publique statutaire, la sécurité sociale et une économie sociale et solidaire (ESS), mais bien incapables de faire fonctionner la « maison France » dans un souci d’intérêt général et d’égalité.
Et on s’en souvient, en 1991, la dérive néolibérale fut actée et ce fut la fameuse formule qui devint la nouvelle doxa mortifère : « le capitalisme borne notre horizon » (Congrès de l’Arche). Fin de l’Histoire ! Or le syndicalisme de classe et de masse , en lien avec l’idée de « double besogne » refuse que l’on referme les perspectives qui doivent restées ouvertes et discutables. Il est essentiel de maintenir ouverte une sorte de « transcendance sociale » au capitalisme dominant, et ce en prise avec les luttes sociales inscrites dans les rapports sociaux de production capitaliste .

III - La perspective d’un nouveau socialisme

La perspective d’un nouveau socialisme, éloigné du « socialisme de caserne » en vigueur du temps de Krasucki, entre parfaitement dans l’idée proprement syndicale de la « double besogne » de la charte d’Amiens. Le contenu du socialisme est discutable - appropriation publique, appropriation sociale, appropriation commune, valeur d’usage et valeur d’échange, éco-socialisme, etc etc - dans et hors le syndicat, qui lui discute surtout des revendications du moment. Mais jamais n’oublions la perspective de sortie du capitalisme dominant !
Dans cette perspective, prenons appui sur ce qui n’est pas encore totalement sous domination ou sous l’emprise de la logique du profit soit la défense et amélioration des trois institutions non capitalistes déjà citées.

Christian DELARUE
CGT Finances - CEN UFR et IHS 35

Suite de « Partir des besoins sociaux du peuple dominé »

NB
Syndicat et socialisme dans le Monde Diplomatique d’octobre 1972

Le secrétaire de la C.G.T. a réuni dans ce petit volume une série d’articles qu’il avait publiés dans la Vie ouvrière pour exposer les grandes lignes du programme de son organisation et appeler la C.F.D.T. à collaborer avec elle à la transformation de la société et à l’instauration du socialisme.
Le programme qu’il trace est séduisant : libérer les hommes de toutes les oppressions, faire de chacun un participant à part entière de la vie sociale, utiliser rationnellement à l’avantage de tous les moyens énormes dont dispose la société... Il préconise à cet effet — comme mesure indispensable mais non suffisante — la collectivisation ou la socialisation des grands moyens de production et d’échange et la mise en place d’un pouvoir politique exprimant les intérêts de la classe ouvrière et des autres catégories laborieuses de la population.
Le point faible de son argumentation est dans la réponse évasive qu’il donne à ceux qui invoquent l’exemple des pays de l’Est ; car si au point de vue social les républiques populaires représentent incontestablement un progrès par rapport à l’état de choses précédent, on sait aussi que les syndicats y sont les instruments du parti et du gouvernement plutôt que les porte-parole des revendications ouvrières

https://www.monde-diplomatique.fr/1972/10/HONTI/31155