Accueil > Altermondialisme > Contre la marchandisation ? > Contre la marchandisation de la force de travail. > Contre le travaillisme, le précariat et le chômage. > Sous-système travailliste - Christian DELARUE

Sous-système travailliste - Christian DELARUE

vendredi 12 juin 2020, par Amitié entre les peuples

Sous-système travailliste

Le sous-système travailliste se résume au « faire travailler plus » c’est à dire « faire travailler encore plus celles et ceux qui travaillent déjà suffisamment , 35 heures par semaine et pas celles et ceux au chômage » . Il s’agit, on le verra, d’un sous-système qui s’insère dans un système global (articulant la nature et la société) du mode de production et de distribution capitaliste dominant. Ce sous-système est décisif pour la compréhension de la soumission des humains et des êtres vivants à ce dispositif global . On ne saurait l’oublier.

I - Les sous-systèmes du système capitaliste.

Cette partie n’est qu’indicative - c’est son utilité - mais elle est à compléter.

En condensé on nommera soit un « Système capitaliste productiviste et travailliste » ou un « système capitaliste financiarisé et mondialisé » ou en fonction d’autres préoccupations ou spécialisations on trouvera une autre formule qui combinera et articulera d’autres sous-systèmes plus ou moins pertinents comme un « système capitaliste individualiste-hédoniste et de relativisme moral » (sic) ou sur un autre paradigme un système capitalo-patriarcal favorisant la prostitution. Etc

C’est que l’on peut évoquer un système capitaliste sous plusieurs traits et chaque trait est complexe et nécessite un travail d’élucidation, d’explication :

 1) appropriation privée dominante (privatisations des grands moyens de production et de distribution plus marchandisation généralisée),

 2) logique de profit dominante (différence ici avec la logique du service public de satisfaction des besoins sociaux) en lien avec

 3) la logique de compétition généralisée : « concurrentialisme » dominant en Europe comme sous-système juridico-économique (responsable du déficit de solidarité),

 4) la financiarisation (dangereuse écologiquement et injuste socialement) des activités productives (avec poids des actionnaires), etc...

On peut aussi ajouter d’autres sous-systèmes intimement liés au bloc systémique dominant :

 5) le sous-système de la dette (cf Pascal FRANCHET du CADTM et le système dette) ;

 6) le sous-système productiviste (la croissance économique fétichisée et le produire pour produire dans l’obsolescence programmée acceptée) ;

 7) le sous-système extractiviste : pillage du sous-sol africain notamment (cf livre de Nicolas SERSIRON, du CADTM) ;

 8) le sous-système travailliste ( Ch Delarue svp) qui consiste lui - dans une signification nouvelle - à vouloir aller, de façon très réactionnaire (contre-mouvement historique), vers plus de temps de travail salarié public ou privé (ex : passer aux 39 heures hebdomadaires au lieu de 35 heures en France). Le tout sans forcément plus de salaires mais avec une intensification du travail soutenue eu égard aux emplois offerts « contenus ». Plus de soumission à diverses contraintes contradictoires aussi. Et acceptation du chômage et des allocations faibles pour les autres. Car le surtravail c’est pour celles et ceux qui travaillent déjà...

 9) autres sous-systèmes (liste non exhaustive avec articulations variables : un sous-système peut prendre plus ou moins de place ) : le sous-système de discriminations diverses (discriminations variables selon le pays - racisme, sexisme, homophobie, intégrisme religieux, etc - mais aucun pays ne les élimine toutes) , le sous-système colonial ou impérial (impérialisme économique , politique et militaire), le sous-système agricole (agriculture industrielle et intensive) et le sous-système carniste d’exploitation des animaux pour l’alimentation (qui est sous-estimé dans ses effets), le sous-système de légitimation et de formation du consentement (presse a-critique, démocratie réduite, république hiérarchisée), le sous-système répressif (police, armée, justice), etc.

« Le capitalisme repose toujours sur l’exploitation du travail. Mais il ne se réduit pas à l’exploitation du travail et nombre de dominations et d’oppressions ne peuvent être réduites à la domination du capital. On ne peut donc pas hiérarchiser les formes de domination et d’oppression. » Pierre KHALFA Fondation Copernic. Par contre on peut les articuler et les combiner et de façon différente en fonction des contextes. Notons qu’il existe hors du travail-emploi un rapport de solvabilité (question des "fins de mois difficiles) face aux marchés des biens et services. Le sous-système fiscal et de redistribution des richesses prend alors toute son importance.

XX

II - Le sous-système travailliste.

Le sous-système travailliste est un système d’exploitation accrue de la force de travail salariée, privée et publique ainsi que de la nature (La RTT est aussi pro-transition écologique).

L’exploitation de la force de travail comme mécanique capitaliste existe déjà et il serait encore actif avec les 30 heures mais moindrement et ce n’est pas sans importance sur la qualité de vie. Comme le dit justement Olivier BONFOND dans « Il faut tuer TINA » cette logique d’exploitation constitue le « carburant » de la logique du profit capitaliste. Il importe de la réduire. En lien avec d’autres politiques d’alternatives sur les autres sous-systèmes.

Le travaillisme se place pas essentiellement ou principalement du point de vue de l’appréhension de la mécanique d’extorsion de plus-value (Marx) - qui existe encore sous le capitalisme à forte RTT -, mais surtout du point de vue de l’inversion de la dynamique historique , du point du vue du contre-mouvement à impulser pour revenir en arrière en termes de surcharge de travail .

Le travaillisme comme contre-mouvement réactionnaire ne veut plus se satisfaire du compromis historique réalisé dans quelques pays comme la France (ou l’on est descendu très nettement sous les 40 heures par semaine - ce qui est un progrès), il veut revenir en arrière. Il veut un régime d’exploitation renforcé de la force de travail salariée, publique ou privée, à côté du chômage et de la précarité.

« Exploiteur » fonctionne ici comme qualification technique rigoureuse mais le terme a aussi un contenu dépréciateur évident, surtout si il est lié à réactionnaire. C’est un peu comme populiste, terme à contenu venu de la science politique mais avec une charge stigmatisante et un contenu flou venu du journalisme.

Note finale (en pensant à Fabrice FLIPPO) :

Le sous-système travailliste, en lien avec le sous-système productiviste, peut s’insérer dans un autre système global que celui capitaliste. Un système de production bureaucratiquement dirigé par un appareil d’Etat à parti unique peut combiner sous-système travailliste et sous-système productiviste. Un système de production dirigé par un appareil religieux autoritaire peut aussi combiner ces deux sous-systèmes et d’autres.

Christian DELARUE

UE : Refus du travaillisme - RTT 30H hebdo
https://www.facebook.com/groups/331158090917542/

Lire :

Contre le travaillisme patronal en Europe - Christian DELARUE - Amitié entre les peuples
http://amitie-entre-les-peuples.org/Contre-le-travaillisme-patronal-en-Europe-Christian-DELARUE

TRAVAILLISME comme CONTRE-MOUVEMENT REACTIONNAIRE - Amitié entre les peuples
http://amitie-entre-les-peuples.org/TRAVAILLISME-comme-CONTRE-MOUVEMENT-REACTIONNAIRE