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Solidarisme, celui intra-systèmique et celui extra-systèmique ou contra-systèmique

mercredi 23 décembre 2015, par Amitié entre les peuples

Solidarisme, celui intra-systèmique et celui extra-systèmique ou contra-systèmique.

Pousser la « Raison solidaire » contre la « Raison d’Etat » (J Ziegler) de l’oligarchie financière  !

Contexte - Contre l’Etat d’urgence post-13 novembre et l’Appel des 333 (devenu des 1000 et plus ) mais aussi la montée du FN aux élections de décembre 2015.

La « gauche » d’alternance (PS) comme la gauche d’alternative (partis politiques à la gauche du PS) viennent de subir ce 14 décembre 2015 une défaite électorale grave -que d’autres ont analysé. Pourtant à peine avait-on mesuré l’état de la « claque » prise, de la « bérézina » subie (Evariste sur Respublica) qu’était annoncé qu’il n’y aurait « pas de coup de pouce au SMIC » pour les couches sociales modestes et le peuple social de façon général, et ce à un moment ou l’on sait que les « coups de pouce » à la finance, aux riches, 1% d’en-haut sont répétés, via le système-dette et les politiques d’austérité.

Pour nous, altermondialiste, il importe de revenir à la question solidariste en rapport avec la République, notre communauté laïque fondée sur le triptyque Liberté, Egalité, Fraternité (plus la laïcité).

Qu’est-ce que le solidarisme vu d’une gauche d’alternative ?

Le solidarisme est lié à la République comme modèle social de vie en société mais il a beaucoup été pensé comme intra-systèmique, y compris par les défenseurs de la « troisième voie », c’est à dire en aménagement du capitalisme.

Le solidarisme, comme troisième voie, est de facture centriste, ni droite libérale, ni gauche marxiste collectiviste mais il reste largement intra-systèmique, au sens ou il ne dépasse pas la logique dominante du capitalisme. Son volet social et solidaire est complémentaire et second face au capitalisme dominant.

 UNE TYPOLOGIE

Le solidarisme comme doctrine de la solidarité peut être situé sur plusieurs champs politiques.

1) Au centre, avec le solidarisme républicain dit de la troisième voie entre la droite spencérienne et la gauche marxiste et par référence aux sociologues de la fin du XIX et du début du XX ème siècle que sont Bourgeois et Bouglé. Ce solidarisme est largement intrasystèmique mais il se distingue néanmoins du modèle du capitalisme libéral par la promotion de la sécurité sociale, des services publics, des coopératives.

2) Une version gauche d’alternative prend appui sur ce solidarisme pour rompre avec le cadre capitaliste dominant. L’individu n’est pas oublié (condition nécessaire) mais la lutte de classe de ceux d’en-bas y est déterminante (aspect collectif de la solidarité et d’une solidarité de projet).

3) Une version gauche sociale valorise la solidarité interne au monde ouvrier (syndicalisme), interne aux dominés (dont un certain féminisme du care).

4) A droite, on trouve un solidarisme pro-patronal plus ou moins masqué. La doctrine social de l’Eglise a valorisé ce modèle intra-systèmique de solidarité à la fois individuel et social qui ne menace pas la propriété privée et le système capitaliste.

5) Celui d’extrême-droite a un sens corporatiste comme celui issu des dictatures d’extrême-droite qui au Portugal (de Salazar), en Espagne (de Franco), en France (de Pétain), en Italie (de Mussolini) en Grèce (des Colonels) en Amérique latine. Il refuse le syndicalisme ouvrier de classe au profit d’un syndicalisme organique d’alliance de classe, d’accord avec le patron.

 UNE DOMINANTE INTRASYSTEMIQUE

Au total, le solidarisme dominant est plutôt de facture intra-systèmique et inter-classiste, donc d’alliance des classes sociales en lutte et on ne saurait donc trop s’étonner de le voir s’acclimater sous diverses doctrines qui s’éloignent de son modèle initial.

Le solidarisme intra-systèmique (au sens d’intégré au système capitaliste et ne le remettant pas en cause) a aussi été développé jadis par la doctrine sociale de l’Église
Aujourd’hui on trouve un féminisme solidariste qui le reprend de façon laïcisée sous l’idéologie du care.

Mais le solidarisme n’est pas réductible à cela. Il n’est pas que du « social intra-systèmique », du social d’appoint du mode de production capitaliste dominant.

Mes critiques du solidarisme visent précisément son aspect intra-systèmique, son aspect solidarité limitée, son refus d’aller vers un autre monde, d’aller vers l’écosocialisme.

Christian DELARUE

Je renvoie à

Néo-solidarisme « centriste » : Keynes, Durkheim, Bourgeois, Bouglé ! par C Delarue
http://amitie-entre-les-peuples.org/Neo-solidarisme-centriste-Keynes

E Durkheim, contre le socialisme, pour le solidarisme.
http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/270113/e-durkheim-contre-le-socialisme-pour-le-solidarisme

Contre le solidarisme et le néosolidarisme, promouvoir la solidarité au sein du peuple-classe.
http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/030213/contre-le-solidarisme-et-le-neosolidarisme-promouvoir-la-solidarite-au-sein-du-peuple-classe

Sur la critique du solidarisme d’extrême-droite

Pierre Crétois dans son bref article Un « national-solidarisme » ? (http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-cretois/260613/un-national-solidarisme - Médiapart 2013)
évoque et critique l’usage nationaliste et xénophobe du solidarisme républicain des Bourgeois et Bouglé

Serge Ayoub estime que le travail critique de M Crétois a été bâclé dans une réponse « Solidarisme : réponse aux idiots inutiles de Mediapart » publiée sur le site « Egalite et Réconciliation » (sic)

http://www.egaliteetreconciliation.fr/Solidarisme-reponse-aux-idiots-inutiles-de-Mediapart-22238.html

L’égalité est seconde face à la réconciliation chez Soral et ce n’est pas le seul problème de ce site et de ce personnage