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Sionismes (au pluriel) : le sionisme de « gauche » est-il fréquentable ? C Delarue

dimanche 21 décembre 2008, par Amitié entre les peuples

SIONISMES (au pluriel) :

Le sionisme de gauche est-il si fréquentable ?

Tel est la question d’un antiraciste solidaire depuis des années de la cause palestinienne mais qui avoue être éloigné de la situation réelle là-bas, de ce qui se passe en Palestine malgré la lecture somme toute régulière d’informations sur ce conflit dramatique, malgré la fréquentation de camarades ayant fait plusieurs fois le voyage.


1 - Des sionismes.

La question sur le sionisme progressiste « de gauche » se pose dans la mesure ou il n’y a pas un sionisme mais des sionismes. Comme ce n’est pas la première fois que surgit cette précision, cette demande de mise au pluriel, ne la relativisons pas (ce que j’ai fait un temps au prétexte que les différences sont marginales) . On comprends bien l’enjeux : S’il y a bel et bien des sionismes il ne sera plus possible de stigmatiser globalement le sionisme par des équations fausses du type sionisme = racisme. Il nous faut donc bien aller plus loin.

Il ne s’agit pas ici de verser dans le découpage historique des
courants sionistes même si ces découpages ne sont pas inutiles (1) . Mais on ne mesure pas toujours bien leur pertinence actuelle pour repérer un « bon sionisme ». Globalement la base commune du sionisme contemporain reste la défense bec et ongle de l’Etat sioniste et de ses spécificités historiques expansionnistes, colonialistes et ségrégatives.

 Tous racistes ?

Dans ce contexte si le racisme traverse le peuple israélien juifs de son
appareil d’Etat à une grande partie de sa société civile on ne saurait
accuser tous les juifs israéliens de racisme. D’autant que la contagion
à son envers chez les palestiniens ou un bon juif (israélien) est un
juif mis à la mer. La non plus, ce n’est pas une exception de courants
radicaux. L’antisémitisme est largement partagé mais tous les arabes vivant en Palestine ne sont pas raciste antisémite.

 Contre tous les racismes...

Au total la société israélienne avec son clivage ethnico-religieux et politique est largement infestée par le racisme. Pour le MRAP, à priori aucun n’est meilleur que l’autre.

Dans l’affaire il y a quand même le racisme du colonisé et le racisme du
colonisateur. Mon propos qui introduit un rapport dominant-dominé n’est pas là pour assouplir ce que je viens de dire sur le racisme à combattre dans les deux camps. Mais on ne peux non plus se contenter en quelque sorte d’une condamnation qui applatissent les dynamiques politiques et historiques.

...mais saisissant bien les vecteurs renforçants

Distinguer le racisme du colonisé et celui du colonisateur permet d’aborder la question de l’idéologie sioniste, de son contenu pratique réalisé et de ses spécificités. C’est en effet une chose d’être raciste par respiration d’un air ambiant nauséabond et d’être raciste en vertu d’une idéologie qui abonde dans la supériorité du « peuple juif » et qui met en pratique cette idéologie et ce racisme.

Mutatis mutandis, je tiens le même raisonnement pour le sexisme ou le sexisme ordinaire est évidemment condamnable mais le sexisme « théorisé » est encore plus dangereux quoique également condamnable.

2 - Venons-en au sionisme de gauche.

S’agit-il d’une branche sioniste progressiste ? Que cela signifie-t-il ? Sont-ils anti-colonialistes ? Sont-il pour la laicité ? Que font-il concrètement ?

 Le postsionisme est là.

A écouter un de ses représentants en la personne de Ilan Greilsammer (2), le sionisme serait une vielle affaire et il faudrait parler de
postsionisme. Le postsionisme est un sionisme qui a rempli ses objectifs
historiques en terme de conquête territoriale . Et s’il reste sioniste
c’est de façon défensive si je lis bien l’auteur sans lui attribuer des
préjugés. Ce sionisme défensif, actif, militarisé est néanmoins moderne,
sécularisé et laïcisé .

Il y a donc deux points qui paraissent rapprocher ce sionisme-là d’options qui sont les nôtres (au MRAP), surtout en comparaison des arabes israéliens qui eux se tournent de plus en plus massivement vers l’islam radical et dont les filles prennent le voile . La question palestinienne du temps de Arafat - sans idéaliser ce personnage - était plus politique et nettement moins religieuse. Aujourd’hui le politique se cache dans la religion et parfois et même souvent sous ses aspects les plus réactionnaires.

Mais une fois encore, je crois qu’il ne faut pas en rester là. Quel est
fondamentalement le peuple qui subit la domination la plus violente
depuis des décennies. Une violence que je suis incapable d’imaginer
depuis mon bureau malgré les images qui peuvent nous parvenir. D’où ma question quel est le rôle du postsionisme de gauche dans ce
contexte.

 Quel postsionisme ?

La réponse est d’après l’auteur "le postsionisme n’est pas
antisioniste
". Les postsionistes sont encore et toujours du côté des fusils dans les check-points et ailleurs et pas du côté des pierres de la jeunesse palestinienne. C’est en en cela que l’on a pu les voir - à tort ? - comme des sionistes défensifs aux côtés des sionistes offensifs, ceux qui poursuivent la politique de mur, de fragmentation et d’apartheid . C’est peu de dire qu’ils ne sont pas franchement nos amis.

Sans doute faut-il se garder de jugements à l’emporte-pièce car sauf exception on ne connait qu’assez peu la cohérence entre le dire et le faire de ceux qui se réclament de ce courant sioniste "moderne et
progressiste".

Mais d’un côté des cailloux et des « barbares » et de l’autre la « civilisation » , la technologie militaire et les alliances autour du gouvernement des USA. Surtout ne pas oublier la dimension mondiale du conflit . La défense du peuple palestinien est nécessaire, trouver une solution pour les deux peuples aussi.

Christian Delarue

1) voire en commentaire de SIONISMES : Faut-il prendre en compte le sionisme non colonialiste ? sur bellaciao

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article76553

2) dans un texte « Nous devons fixer seuls les frontières d’Israël » de
Ilan Greilsammer

Voici l’extrait le plus significatif à mon sens . Mais pour éviter un mauvais choix d’extrait j’incite à lire le texte complet.

Un extrait significatif:Les postsionistes, qui veulent pratiquer des mariages et des divorcescivils, plaident pour la suppression de la loi du retour [qui propose àtous les Juifs la citoyenneté israélienne] et souhaitent que chacun,juif ou non, puisse venir s’établir ici. Les intellectuels de gaucheveulent en finir avec l’histoire sainte, mais ils ne sont pas pourautant antisionistes. Pour eux, le sionisme a rempli ses objectifs : 5millions de Juifs en terre d’Israël, c’est plus que Herzl n’espérait !Mais on n’en est plus au temps des pionniers, de l’ascétisme et dusacrifice collectif. Les héros sont fatigués, ils aspirent au confort.Mais il y a quand même l’Etat à défendre. Comme tous les jeunes, vospropres enfants effectuent leur service militaire. L’un d’eux est enposte dans un checkpoint en territoire palestinien, un fusil à la main.Contrairement aux jeunes Européens, les jeunes Israéliens sont prêts àse battre s’ils jugent la cause juste. Qu’ils soient religieux oulaïques, ils connaissent leur histoire. Tous les élèves de terminale serendent à Auschwitz. C’est imprimé dans leur conscience. Alors, quandils entendent le président iranien dire que la Shoah n’a pas existé,qu’il faut rayer Israël de la carte, ils ne peuvent pas resterindifférents, sachant que l’Iran s’apprête à se doter de l’armeatomique. En cas de coup dur, ils savent qu’ils ne peuvent pas comptersur les Européens, et surtout pas sur la France. Le sentiment le plusrépandu chez nous est que nous n’avons qu’un seul ami susceptible denous venir en aide : les Etats-Unis.__

http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-orient/nous-devons-fixer-seuls-les-frontieres-d-israel_482720.html

2) Néo-campisme, sionisme et Israël - C Delarue

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article405