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Simone Veil ? Non, Gisèle Halimi ! B GENSANE

dimanche 2 juillet 2017, par Amitié entre les peuples

Simone Veil ? Non, Gisèle Halimi ! par Bernard GENSANE (LGS)

Dans la nuit du 28 au 29 Novembre 1974, 284 députés contre 189 adoptent la loi autorisant l’IVG. Parmi ces députés, 55 UDR sur les 174, 26 centristes sur 52, 105 socialistes sur 106, 74 communistes. Pour défendre cette loi, Simone Veil, ministre de la Santé, va subir pendant deux jours les pires insultes racistes et sexistes. La saisine du Conseil constitutionnel par Jean Foyer, une des plus grossières incarnations de la réaction française de l’époque qui déclara lors du débat : « Le vice des riches ne doit pas devenir le vice des pauvres », n’aboutit pas.

Dans les années qui précédèrent ce vote historique, le combat pour le droit à l’avortement avait été mené par diverses personnalités et mouvements : entre autres Simone de Beauvoir, le prix Nobel de médecine Jacques Monod, Choisir. Mais sans Simone Veil, magistrate, grande bourgeoise de droite qui prendrait – avec énormément de courage assurément – le train en marche.

Á l’actif de la magistrate Simone Veil, l’organisation de transferts vers la France, pendant la guerre d’Algérie, de prisonnières algériennes soumises à des violences sexuelles. Á son passif, elle empêcha l’ORTF (elle était membre de son conseil d’administration) d’acheter en 1971 le film Le Chagrin et la pitié de Marcel Ophüls, qu’elle jugeait « partisan ». On le sait, ce film de quatre heures montrait que la population française n’avait pas été aussi résistante que la vulgate gaulliste l’avait seriné pendant 25 ans.

En 1971, pendant que Simone Veil est secrétaire générale du Conseil supérieur de la magistrature, l’avocate Gisèle Halimi, qui s’est précédemment illustrée dans la défense de militants algériens, signe le Manifeste des 343 femmes qui déclarent avoir avorté et réclament le droit à l’accès aux moyens anticonceptionnels et à l’avortement.

La même année, aux côtés de Simone de Beauvoir et du biologiste Jean Rostand, elle fonde le mouvement féministe Choisir la cause des femmes et milite en faveur de la dépénalisation de l’avortement. Elle prend la présidence de cette association à la mort de Simone de Beauvoir.

Au procès de Bobigny, en 1972, elle défend une mère qui avait aidé sa fille mineure à avorter après un viol. Deux mots sur les circonstances de ce viol car elles nous disent beaucoup sur la France de l’époque. À l’automne 1971, Marie-Claire Chevalier, âgée de 16 ans, est violée par un garçon fréquentant le même lycée qu’elle. Marie-Claire tombe enceinte. Sa mère, employée à la RATP, élève seule ses trois enfants. La mère de la jeune fille se renseigne alors sur le prix d’un avortement clandestin pratiqué, en cachette, par certains médecins : 4500 francs. La mère de Marie-Claire ne gagne que 1500 francs par mois. Elle décide donc de faire appel à une « faiseuse d’anges » qui, pour 1200 francs, se chargera du travail. L’avorteuse introduit une gaine de fil électrique dans le vagin de Marie-Claire. Trois semaines plus tard, la jeune fille est conduite aux urgences : une infection s’est déclarée. Les médecins qui la soignent se contentent de la « gronder » sans lui lancer des noms d’oiseaux. En rentrant chez elle, l’adolescente croise son violeur et lui raconte qu’elle s’est débarrassée de l’enfant. Quelque temps plus tard, le garçon est arrêté pour vol dans une voiture. Il négocie la bienveillance des policiers en échange de la dénonciation de l’avortement de Marie-Claire.

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