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Sentience ! Un néologisme nécessaire ?

jeudi 28 août 2014, par Amitié entre les peuples

Sentience !
Estiva Reus
Un néologisme nécessaire ?

Nous n’avons pas dans les textes qui suivent introduit le néologisme « sentience ». Je crois qu’à l’avenir nous en userons et tenterons de le populariser, de même que l’adjectif associé (« sentient »). C’est qu’en français il nous manque un mot pour désigner la chose la plus importante du monde, peut-être la seule qui importe : le fait que certains êtres ont des perceptions, des émotions, et que par conséquent la plupart d’entre eux (tous ?) ont des désirs, des buts, une volonté qui leur sont propres. Comment qualifier cette faculté de sentir, de penser, d’avoir une vie mentale subjective ? Les Anglo-saxons ont le nom sentience (et l’adjectif sentient) pour désigner cela, les Italiens le terme senzienza (adj.senziente). En français, nous n’avons pas l’équivalent exact. Nous avons plusieurs mots renvoyant à la sentience, mais chacun d’eux a l’inconvénient soit d’être polysémique, soit d’être quelque peu réducteur en évoquant de façon privilégiée une dimension de la vie mentale.

Nous avons :

 le mot sensibilité, mais on dit aussi d’un individu qu’il est sensible pour désigner le fait qu’il est plus émotif que la moyenne de ses congénères sentients ;

 le mot conscience, mais le terme a aussi le sens plus restreint de conscience morale, de faculté de porter des jugements sur le bien et le mal ;

 le mot esprit, mais il évoque de façon privilégiée la dimension cognitive plutôt qu’émotive de la vie mentale : la pensée, la raison (autrefois, on usait aussi du terme entendement) ; de surcroît, le mot esprit inclut parfois l’idée qu’il s’agirait d’une réalité surnaturelle ou étrangère au monde physique.

Il est dommage que les mots véhiculent une partition de l’expérience subjective, entérinant des dissociations qui mériteraient d’être questionnées. Il y a matière à soutenir que la pensée, le raisonnement, appartiennent au registre de la sensibilité : quand, face à une démonstration mathématique, nous pensons « Ceci est faux », faux est un sentiment auquel ne peut accéder un artefact non sentient, même s’il opère dans le domaine des mathématiques. Il y a matière également à soutenir que la sensation implique le jugement (bon, mauvais) qui est le fondement de la conscience morale.

http://www.cahiers-antispecistes.org/spip.php?article281