« Sans exigence morale, la gauche est à poil » J Confavreux

« Sans exigence morale, la gauche est à poil »

13 AVRIL 2013 | par Joseph CONFAVREUX

L’affaire Cahuzac n’est pas le premier scandale à atteindre les socialistes au pouvoir. Mais elle est l’aboutissement des liaisons dangereuses du Parti socialiste et de l’argent, particulièrement visibles depuis les années 1980.

Pour l’historien Christophe Prochasson, auteur de La gauche est-elle morale ?, les socialistes qui négligent l’éthique de leur comportement sapent l’identité même du camp progressiste, parce que la question morale était devenue le pivot ultime d’une distinction possible, et de plus en plus brouillée, entre la gauche et la droite.

Est-ce la première fois dans son histoire que la gauche préconise un « choc de moralisation » ?

Ce ne sont pas des termes qu’elle a déjà employés, mais la gauche républicaine a toujours avancé armée d’un discours déplorant la corruption et la tricherie, en exigeant que la république soit fidèle à son fondement moral, qui est la vertu. C’est donc un discours récurrent.

Pour le PS, la question morale ne s’est guère posée avant 1981, en dépit des graves compromissions socialistes dans la pratique de la torture durant la guerre d’Algérie… Cela signifie-t-il que cette question morale ne se manifeste que lorsqu’on exerce le pouvoir ?

La guerre d’Algérie est un moment fondamental où la question de la moralité du socialisme a été posée, notamment par André Philip avec son ouvrage Le Socialisme trahi. Mais c’est dans les années 1980, avec l’accession durable du PS au pouvoir, alors qu’auparavant les socialistes avaient eu des postes, mais de manière plus ponctuelle et souvent dans des configurations d’alliances, que la question morale s’est véritablement posée

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