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SEXE & GENRE : Regard masculin sur les femmes. C Delarue

dimanche 26 février 2012, par Amitié entre les peuples

SEXE & GENRE : Regard masculin sur les femmes.

Le possible et ses limites : le scrupulum.

La caresse serait le « top » d’une bonne sexualité selon certain(e)s. Des rapports sexuels « féministes » (si l’on accepte le raccourci) présuppose certes la caresse mais n’interdit pas le regard intense du désir, ni même parfois les mots crus. De plus, l’amour charnel ne doit pas se réaliser obligatoirement et exclusivement sous les couvertures comme le veulent encore certains intégristes religieux sexiphobiques.

L’usage d’une séduction avec des artifices vestimentaires « sexy », qui accroissent le désir et le plaisir masculin mais aussi féminin (au moins par contagion du plaisir) ne sont pas plus en soi interdits. Ils ne sont notamment pas pornographiques. Heureusement d’ailleurs ! La pornographie c’est autre chose ; c’est en version « soft » du « sexe sans amour » (mais sexe non violent) et en version « hard » du sexe violent et humiliant contre les femmes. Ce qu’on nomme pornification.

En fait l’éducation sexuelle féministe est fondée sur le consentement mais aussi sur l’égalité acquise au-delà des jeux sexuels engagés et la réciprocité dans le partage du désir et du plaisir. La réciprocité n’est pas un absolu pour chaque acte - ce que tu fais je dois le faire - mais elle porte plus globalement sur le plaisir partagé. C’est donc une question de mentalité, d’esprit tourné vers l’autre. Je dirais d’attention soit le début de l’amour.

Si l’autre ne désire pas, mon désir va aussi « tomber ». Ici il y a ceux qui en pleurent, ou qui vont se masturber et ceux qui violent. Pour les premiers, la prostitution est impossible dans cette configuration spirituelle. Nombres d’hommes ne pratiquent donc pas la prostitution en cas de manque sexuel car la réciprocité du désir (à peine masquée par des subterfuges) fait défaut. L’excitation n’est pas là. Les autres considérations viennent ensuite, notamment en fonction des lectures sur les violences dans la prostitution. Chez une petite minorité d’hommes c’est sans doute différent.

Dans l’absolu, tout est permis entre personnes consentantes, sauf le sado-masochisme. Cette violence est d’ailleurs interdite même si consenties. En général, les femmes aiment d’ailleurs les « hommes gentils ». C’est une constante. A défaut de « grand amour », il est requis de la gentillesse, de l’ouverture d’esprit, de la considération. Elles ne sont pas, en général, masochistes (préjugé issu d’un mauvais freudisme).

Quid alors du regard intense porté par l’amant ? Le regard concupiscent ne concerne pas que les amants. Un tel regard se transmue chez eux en admiration réciproque. En effet, on se souvient du discours réprobateur de Tariq RAMADAN à propos des piscines mixtes ou les hommes pouvaient regarder certes les pieds et les visages mais aussi, hélas, les seins et les fesses des femmes. Interdiction totale selon lui. C’est comme si les hommes étaient à se point des obsédés sexuels qu’ils ne pouvaient maîtriser la moindre montée de désir. Comme si le « scrupulum » - ce petit cailloux dans la chaussure qui empêche de marcher - ne pouvait indiquer souplement la zone d’abus et passer à un autre registre. Veiller à ne pas porter atteinte à l’autre représente l’action du « scrupulum ».

Au-delà c’est comme si les hommes ne pouvaient faire deux choses d’une part voir la femme comme « être sexué » et d’autre part la même femme comme « être générique », non sexuée. C’est ce que j’appelle savoir passer à un autre registre. C’est essentiel pour le respect de l’autre dans le cadre d’une sexualité assumée. Par exemple, un œil mis fortuitement dans un décolleté gêne s’il tend à y rester eh bien point de coups de fouet ou de main coupée ; il suffit de l’enlever sans tarder et d’assurer à l’autre de toute manière et en toute occasion son respect, d’une façon ou d’une autre. Il ne s’agit pas de devenir des intégristes sexo-séparatistes mais de veiller à la dimension d’humanité du à tous et toutes. Combiner désir et respect, c’est possible. C’est le chemin difficile entre répression et liberté oppressive.

Le nu n’est pas interdit. Il n’y a guère que les intégrismes religieux qui s’en offusquent. Mais qu’en est-il des femmes « sexy » ? La vue d’une femme « sexy » n’est pas en soi immorale, ni en privé, ni en public, ni pour elle ni pour lui, que ce soit une femme réelle ou une femme dessinée ou photographiée. Il faut le dire aux intégristes religieux et à d’autres. Cela participe de la domination des femmes que lorsque le « sexy » sert à la publicité marchande (une femme nue devant un produit quelconque) ou lorsque cela sert à la prostitution. La prostitution est, comme le viol, une violence et un gros obstacle à de bonnes relations hommes-femmes libres. Par contre, on ne saurait stigmatiser les femmes « sexy ». Ce qui arrive aussi bien chez les hommes que chez les femmes.

Christian DELARUE

ZEROMACHO / Masturbation & politique : Se masturber devant quel objet ? C Delarue -

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1381