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SCIENCE : Sur la religiosité des immigrés et de leurs descendants

mercredi 27 décembre 2017, par Amitié entre les peuples

SERIE D’EXTRAITS d’une ETUDE SCIENTIFIQUE sur la religiosité des immigrés et de leurs descendants

cf « Sécularisation ou regain religieux : la religiosité des immigrés et de leurs descendants » (lien en-bas des extraits pour lecture de l’étude complète : recommandé)

« 19% seulement des immigrés se déclarent sans religion, à comparer aux 49% dans la population majoritaire. »

« On relèvera que les descendants d’au moins un parent immigré musulman ne sont ainsi que 12% à se dire sans religion, bien en-dessous des 22% des descendants de parent(s) immigré(s) catholique(s). »

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« La plupart des immigrés viennent de pays où la religion structure la vie quotidienne et occupe une place sinon centrale, du moins plus importante qu’en France, dans l’organisation de la société. L’imprégnation religieuse y est relativement élevée, au sens où elle constitue une référence morale et une pratique active pour les personnes. En situation de migration, les pratiques tendent à se modifier en fonction du contexte d’installation qui ne facilite pas la poursuite à l’identique des rites quotidiens. »

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« Le mouvement de désaffection religieuse s’observe pour les descendants de couple mixte quelle que soit l’origine du parent immigré : les proportions de sans religion passent ainsi de 21% pour les immigrés portugais à 49% pour les descendants de couples Franco-Portugais ou de 14% pour les immigrés algériens à 50% pour les descendants de couples Franco-Algériens. La faible variation de religiosité entre les immigrés et les descendants de 2 parents immigrés constitue une première indication du faible impact du contexte sociétal séculier et d’une plus grande influence du milieu familial sur le rapport à la religion. »

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L’étude évoque "quatre positions résumant l’information sur l’intensité de la religiosité : « sans religion », « détachés », « religiosité modérée » et « religiosité forte » de la religion »

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« Parmi les immigrés, les hauts niveaux de religiosité concernent surtout les originaires du Maghreb, d’Afrique sub-saharienne et de Turquie (voir tableau annexe). Contrastant avec cette relative proximité de religiosité entre immigrés et descendants, la baisse de religiosité est patente pour les descendants d’immigrés d’Europe du Sud et d’Asie du Sud Est. »

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« La composition sexuée du cercle relationnel fait apparaître une plus forte différenciation parmi les Musulmans que pour les Catholiques ou les Athées. (p12) Les deux tiers des femmes musulmanes ont principalement des amies féminines, comme les deux tiers des hommes musulmans ont des amis masculins. »

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« Le choix du conjoint est l’un des domaines privilégiés où les préférences ou barrières religieuses se donnent à voir. La plupart des doctrines religieuses réprouvent, sinon interdisent, les unions entre conjoints de religions différentes ou sans religion. Les restrictions aux mariages mixtes religieux peuvent être asymétriques, donnant plus de latitude aux hommes qu’aux femmes à choisir un conjoint en dehors de la communauté. Les prescriptions de la doctrine sont par ailleurs secondées par des normes sociales qui tendent à valoriser l’endogamie, plus encore pour les femmes que pour les hommes. »

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« Les immigrés et descendants d’immigrés de religion musulmane connaissent de très faibles taux de mixité et lorsqu’ils sont en couple avec un conjoint de la population majoritaire, ils se définissent alors comme athées. » (bas p15)

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« L’attitude face à la religion est fortement conditionnée par la position sociale. Les cadres et professions intermédiaires sont significativement moins religieux, et plus représentés toutes choses égales par ailleurs parmi les agnostiques et athées. »

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« L’expérience de l’exclusion de la francité et des discriminations et la résidence dans un quartier à forte concentration d’immigrés ou en ZUS sont associées à une religiosité élevée, sans que l’on puisse décider du sens de la causalité. »

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« Un peu plus de la moitié des 18-50 ans vivant en France métropolitaine se considèrent moins religieux que leurs parents ne l’ont été, 40% se situent dans la continuité avec le sentiment religieux familial et autour de 7% se voient plus investis dans la religion que la génération précédente. Une religiosité plus marquée n’est observée que pour 10% environ des différents groupes d’origine. Si la sécularisation est un peu moins prononcée pour les immigrés et leurs descendants, elle atteint malgré tout des proportions bien supérieures à celles du renforcement religieux. Ce constat vaut pour les origines spécifiques : les descendants d’Algériens présentent avec 17% les taux de renforcement religieux les plus élevés de tous les descendants d’immigrés, alors que leur proportion de sécularisation est de 38%. »

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"Le renforcement religieux culmine à 15% pour les Musulmans, soit deux fois plus que pour les Catholiques ou les Juifs, mais la sécularisation concerne encore deux fois plus de « musulmans d’origine ». La sécularisation des Catholiques et des Protestants se lit clairement dans la typologie. Non seulement les personnes venant d’une famille catholique se disent plus souvent sans religion que dans les autres dénominations, mais même lorsqu’ils se déclarent catholiques, leur religiosité est moins importante que celle qu’ils attribuent à leurs parents. Ce processus de sécularisation s’observe dans tous les groupes d’âge quelle que soit la dénomination. Au final, le regain religieux ne concerne qu’une petite minorité des jeunes musulmans, qui ne présentent pas un profil social très défini. » (p 26)

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La place de la religion comme trait identitaire atteint 28% pour les immigrés du Maghreb et 26% pour ceux de Turquie. /// Les Catholiques ne la mentionnent que pour 7% d’entre eux, alors que les Musulmans et les Juifs en font un trait identitaire dans respectivement 33% et 45% des cas. /// L’identité religieuse est très masculine pour les Chrétiens orthodoxes et les Bouddhistes, alors qu’elle est plus féminine pour les Musulmans.

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FIN DE ces quelques citations de l’étude de 37 pages

Sécularisation ou regain religieux :
la religiosité des immigrés et de leurs descendants

par Patrick Simon et Vincent Tiberj

sur ined doc 196

https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/19585/document_.travail_2013_196_religion.fr.pdf